- VIII -

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Hayleen

Je n'ai pas l'occasion de m'attarder plus longtemps sur les documents qui recouvrent les murs de la chambre de Nikolaï, que ce dernier me tire jusqu'à la salle de bains. Il allume la lumière après avoir fermé la porte derrière nous, m'obstruant toute vue sur la pièce et les secrets qu'elle renferme.

— Assieds-toi, dit-il d'un ton sec.

J'obtempère et pose mes fesses sur le rebord froid de la baignoire, tandis qu'il s'affaire dans les tiroirs sous la double vasque. L'effet de l'alcool versé plus tôt sur ma plaie commence à s'estomper, et ma paume devient lancinante. Comme si ce n'était pas suffisant, il a fallu que je serre trop le sopalin autour de cette dernière, et mon pouls vibre au bout de mes doigts. Je grimace en desserrant mon bandage de fortune avec douceur, découvrant la plaie encore sanguinolente.

Nikolaï se tourne enfin vers moi, avec une paire de compresses et une bouteille de désinfectant dans les mains, puis il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur.

— Montre-moi ça, ordonne-t-il sans m'adresser un regard.

Je lève les yeux au ciel et soupire, exaspérée.

— Je suis capable de me désinfecter toute seule, tu sais...

— Oui, j'ai vu ça, rétorque-t-il en me toisant d'un œil noir. Mais je n'ai pas envie que tu vides la moitié de la bouteille de désinfectant comme tu l'as fait avec mon rhum à deux mille dollars.

J'écarquille les yeux, je me doutais que cette bouteille valait un bon billet, mais je ne pensais pas autant ! Mon air surpris est vite remplacé par un sourire mesquin.

— Oups, murmuré-je sur un ton joueur.

Sans prévenir, Nikolaï se met à poncer ma plaie, au sens littéral. Il frotte ma paume avec une compresse imbibée de produit, ce qui m'arrache une plainte bruyante.

— Putain, Reed ! m'exclamé-je en grimaçant sous la douleur. Mais ça fait mal !

Ses lèvres s'étirent alors en ce même rictus qui ornait les miennes quelques secondes auparavant.

— Oups...

Je me fais violence pour ne pas enfoncer mon poing libre dans son nez, et je crispe mes doigts sur le rebord de la baignoire tandis que Nikolaï reporte son attention sur mon entaille. Il passe le coton avec plus de délicatesse, maintenant que la zone est anesthésiée à force de frotter.

Une fois la blessure propre, il sort une compresse neuve et l'appuie contre celle-ci, tout en déroulant un rouleau de bande de sa main libre. Je le regarde faire, presque hypnotisée par ses mouvements, qui sont d'une précision chirurgicale.

On dirait presque qu'il a l'habitude de faire ça...

Et c'est ce moment que choisit mon regard pour se perdre sur son torse nu, afin de détailler chacune des courbes de ses muscles, ainsi que les dessins noirs qui encrent sa peau. Un petit lézard accompagné d'une constellation sur son cœur attire mon œil, et je ne peux m'empêcher de me demander s'il a une signification. J'oublie bien vite cette question quand je note la présence de nombreuses cicatrices.

Je tique en reposant mes prunelles sur ses doigts, qui s'affairent sur ma plaie. Puis j'écarte ma main d'un geste brusque, ce qui me vaut un sourcil arqué et un regard interrogateur de la part de Nikolaï.

— Je suis au moins capable de faire un bandage toute seule, je ne suis plus une enfant, me justifié-je.

Joignant le geste à la parole, je commence à serrer le morceau de tissu autour de ma paume en tirant dessus pour le maintenir en place.

Red Light - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant