Hayleen
Les images défilent devant mes yeux, et les sentiments refont surface dans mon cœur. Ma gorge se noue, et un tremblement de rage me secoue les tripes tandis que je jette un regard assassin à Nikolaï. Il m'observe toujours d'un air blasé, ses iris parcourent mon corps sans scrupule, comme s'il regardait une tenue sur un mannequin dans un magasin de vêtements.
— Bien sûr que tu ne l'as jamais vue ! La seule fois où tu aurais pu, tu n'as pas porté la moindre attention à mon corps et à ce qu'il renferme ! Tu t'es contenté de tirer ton coup, et c'est tout !
Je crache ces mots, semblables à du venin qui étale son goût mortel dans ma bouche. Ou du moins c'est l'effet que j'essaie de leur donner. Je me tourne dos à lui pour lui cacher ma cicatrice, qui me semble plus douloureuse encore que le jour où on me l'a infligée. Je ferme les paupières pour refouler les larmes qui s'y faufilent en même temps que mes souvenirs.
Je sais qu'il ne vaut pas mes larmes. Il ne vaut même pas ma haine, ou tout autre sentiment qui me traverse à sa simple vue.
Ignore-le simplement.
Écoutant ma conscience, je finis de me déshabiller avant de rentrer dans le bain sous ses yeux. Je m'efforce d'ignorer sa présence, d'oublier l'effet qu'a son regard brûlant sur ma peau. Je m'enfonce dans l'eau jusqu'aux oreilles, en attendant qu'il daigne dégager de mon espace personnel. Au bout de quelques secondes qui me paraissent durer des heures, il me laisse enfin seule. Il m'adresse une œillade contrariée avant de fermer la porte. Je lâche alors un soupir aussi profond que mon aversion pour lui. Sa façon de remuer le couteau dans la plaie à la moindre occasion a le mérite de mettre mes nerfs à rude épreuve. Je commence à croire que ce n'est pas innocent, comme s'il cherchait à me tester.
Je me baigne si longtemps que mes doigts sont semblables à des raisins secs quand je sors enfin de la baignoire. Je me sèche avant d'enfiler mon pyjama de fortune, puis j'ouvre en grand la baie vitrée pour aérer la pièce envahie par la buée. Quand je sors de ma chambre pour rejoindre la cuisine, je constate que le salon est vide. Je hausse les épaules et poursuis mon chemin jusqu'au frigo, tandis que mon estomac me fait part de son impatience.
— Oui, bah attends deux minutes, tu veux ? râlé-je contre mon propre ventre. Je ne sais même pas ce qu'il y a dans ce frigo...
La réponse me vient dès que j'ouvre la porte, et je constate l'absence de nourriture, à l'exception d'une grappe de raisin et d'une paire de bières.
— Sérieusement ? grincé-je, les dents serrées.
Je referme le frigidaire dans un geste brusque en pestant contre Nikolaï. Commence donc une recherche fastidieuse, dans le seul but de trouver quelque chose de comestible. Une vibration dans ma poche m'interrompt, et je sors mon téléphone pour consulter mes messages.
[Le Bouffon :
Bon, tu n'as pas bientôt fini ton bordel ? J'aimerais bien dormir.]
Non mais je n'y crois pas, le culot.
Je tique, et mon sang se met à battre à mes tempes. S'ensuit alors une réaction puérile de ma part, mais satisfaisante.
— Va bien te faire foutre ! m'emporté-je, en espérant justement l'empêcher de dormir. Si t'as un truc à dire, tu n'as qu'à sortir de ta chambre ! ESPÈCE DE GROS BOUFFON !
Je prends une profonde inspiration pour reprendre mon souffle, un peu plus détendue.
— Sale con, rajouté-je pour moi-même.
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Red Light - Tome 1
RomanceQuand on tombe sur notre ancien tortionnaire du lycée, plusieurs années après, est-ce une bonne idée d'accepter son aide ? Hayleen aura rapidement la réponse à cette question, quand Nikolaï lui tendra une main destinée à la trahir. Mais lui aura-t-i...