Hayleen
— Tout va bien se passer, mon ange, murmure maman.
Elle me regarde depuis son lit d'hôpital, avec son crâne tout rasé. Elle est toujours aussi belle que quand elle avait ses cheveux. Mais ses yeux sont tristes, et ça me rend triste moi aussi. Elle n'a jamais perdu son sourire, d'aussi loin que je me souvienne. Pourtant, il ne reflète plus rien, c'est vide. Son âme est fatiguée.
— Je ne veux pas que tu t'en ailles, maman... reniflé-je. Papa n'est jamais là, je vais faire comment moi, sans toi ?
Je fais ce que je peux pour retenir mes larmes tandis que je monte sur son matelas pour me blottir contre elle. Son corps n'est plus aussi chaud qu'avant, elle est tiède contre moi. Mais ça me suffit, je profite du peu de chaleur qui lui reste. Maman enroule son bras autour de moi, et d'un coup je me sens mieux.
Parce que c'est ma maman. C'est ma maison.
— Ton père n'est pas le meilleur, mais il fait de son mieux, Leen, affirme-t-elle. Il t'aime très fort, tu sais ?
— C'est faux, je ne le vois jamais, et quand il est là, il ne fait que me crier dessus. Je ne veux pas être toute seule avec lui, maman. Tu n'as pas le droit de partir.
Je finis par me laisser pleurer sur sa blouse couleur pistache. Sa douce main vient caresser mes longs cheveux avant de me faire relever la tête vers elle. Ses yeux sont brillants de larmes, mais elle sourit. Elle sourit toujours. Sauf que ça ne suffit pas à me consoler. Rien ne soulagera la perte imminente de ma maman.
— C'est comme ça, on ne peut pas changer le destin, mon ange. Alors tu dois être forte, et vivre pour nous deux.
Je renifle en essuyant mon nez sur ma manche.
— Oui, maman...
— Allez dors un peu, tu as de petits yeux.
Je hoche la tête avant de m'endormir dans ses bras, bercée par ses câlins.
Mais quand je me réveille, je ne sens plus sa poitrine qui se soulève en respirant. Mon palpitant commence à battre très fort, et je me mets à pleurer sans pouvoir m'arrêter. Mon cœur refuse d'y croire, mais mon âme sent l'absence de la sienne. Je reste imperméable à ce qu'elle me hurle, je sais que maman est toujours là.
— Maman ?
Je descends de son lit pour lui laisser de la place, c'est peut-être moi qui l'empêche de bien respirer. Sauf qu'elle ne bouge plus. Ses yeux sont grand ouverts, sauf qu'ils ne brillent plus comme avant. Je secoue ses doigts avec douceur pour la réveiller. Je ne m'inquiète pas pour sa température, maman a toujours eu les mains froides. Elle s'amusait souvent à les mettre sur mon ventre pour m'embêter. Je pleure un peu plus fort en réalisant que peut-être, elle ne le fera plus jamais.
La porte de la chambre s'ouvre, et une dame à la peau noire rentre dans la pièce en poussant un chariot.
— Madame ? appelé-je d'une voix tremblante. Maman elle dort les yeux ouverts, c'est normal ?
La dame fronce les sourcils en s'approchant de moi. Ensuite, elle frotte mon dos avec douceur, sans rien dire.
— C'est normal ? répété-je tandis que les larmes remontent encore dans ma gorge.
— Oh, trésor... murmure-t-elle. C'est fini... Ta maman est montée au ciel, parmi les étoiles.
Ma lèvre commence à trembler, comme tout le reste de mon corps. Elle passe ses doigts sur les yeux de maman pour les fermer, puis elle débranche les tuyaux qui lui rentrent dans la peau.
VOUS LISEZ
Red Light - Tome 1
RomanceQuand on tombe sur notre ancien tortionnaire du lycée, plusieurs années après, est-ce une bonne idée d'accepter son aide ? Hayleen aura rapidement la réponse à cette question, quand Nikolaï lui tendra une main destinée à la trahir. Mais lui aura-t-i...