Chapitre 22 - Kristen

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Voir ces deux bikers évoluer dans mon appartement est aussi étrange que réconfortant. Je ne suis plus seule. J'ai longtemps évité de me confier à Cooper, de peur qu'il me voit comme une petite chose fragile et sans défense, mais son regard sur moi n'a pas changé. Je suis rassurée et confiante pour l'avenir. Toute cette histoire sera bientôt derrière moi, derrière nous. 

Ce qui me chagrine pour l'instant, c'est Tac. Il est assez distant depuis l'atterrissage. Cooper est installé derrière un ordinateur dans le salon, il tente de localiser Cameron, d'après ce qu'il m'a dit. 

— Tu viens m'aider? je demande à Tac en désignant la cuisine.

Il hoche la tête et me suit sans rechigner. Mon frigo est vide, évidemment, je n'ai donc que des conserves et je n'ai pas vraiment besoin d'aide pour faire bouillir de l'eau mais j'ai l'impression que quelque chose ne va pas. Quand je lui pose la question, il tente de s'en sortir avec une pirouette mais je ne suis pas dupe. 

— On a passé les dix derniers jours ensemble, Tac, je lui fais remarquer. Je commence à te connaître, tu sais?

— Laisse tomber Kris, tu ne peux rien pour moi de toute façon. Je vais appeler mon frère.

 Je regarde mon ami partir, désemparée. J'aimerais l'aider mais je vois bien qu'il se ferme comme une huitre dès que je tente d'en savoir plus. Peut être que si je lui laisse un peu de temps, il s'ouvrira à nouveau. 

Nous dînons en silence, Tac est perdu dans ses pensées et Cooper ne quitte pas son écran des yeux. Tac m'aide à débarrasser et va se coucher sans un mot. Je rejoints Cooper qui est au téléphone, il semble échanger avec des membres des Devil's Fire. Lorsqu'il a fini, il relève les yeux vers moi et m'offre un sourire sincère.

— Il est toujours aux Etats Unis pour le moment, m'informe t il.

— C'est ... une bonne chose?

— On sait où il est, c'est déjà ça. Après, ici ou là bas, ses jours sont compter de toute façon. 

— Coop' ... Laisse la Police faire ...

— Tu n'iras pas porter plainte Kris.

Cette phrase sonne comme un ordre et cela ne me plaît pas du tout.

— Pardon?! Mais ...

— Si tu portes plainte, tu vas attirer tous les regards vers nous et lorsqu'il aura disparu de la circulation, ils auront leur suspect parfait.

— Mais c'est normal, c'est toi qui veut le tuer, je m'emporte. Je n'aurai jamais dû t'en parler.

Je commence à piétiner le sol en faisant les cents pas. Cela prend des proportions ridiculement énorme.

 — Tu veux que je règle ton problème, je vais le régler, comment peu importe, hurle t il à son tour.

Ses traits sont tirés, des cernes apparaissent sous ses yeux. Je ne sais pas depuis quand il n'a pas dormi mais cela semble être depuis une éternité.

— Je ne t'ai rien demander Cooper. Comme toujours, TU décides pour moi, je l'accuse en le pointant du doigt. 

Ses poings se serrent le long de son corps et Tac apparaît dans le couloir, torse nu.

— Un problème? demande t il tranquillement.

— Non, hurlons nous de concert.

— Super. Pas trop de bruit quand vous vous réconcilierez sur l'oreiller. Bonne nuit, raille t il avant de faire demi tour.

 Cooper frotte son visage, complétement lessivé. Moi, je soupire à plusieurs reprises. Cette discussion n'a aucun intérêt ce soir, après une gueule de bois pour moi, une nuit blanche pour lui et 14 heures de vol. Je le plante là et décide d'aller me coucher. J'enfile un pyjama Tigrou molletonné et me glisse sous la couette. Les yeux fixés sur le plafond, je ne cesse de ressasser notre dispute. 

Pourquoi tient il tellement à le tuer? On peut régler nos problèmes sans ôter la vie à autrui, non? Si Cat était là elle se moquerait de moi et mon cœur de licorne en barbe à papa. Elle connaît ce monde de violence depuis toujours, elle a grandit en son sein et l'admire plus que de raison. Moi, je ne comprends pas le but de tout ça. Je sais qu'ils font des trafics en tous genres, cela ne me pose pas vraiment de problèmes mais tuer ... pourquoi? Ok, Cameron est complétement tordu et me fait souffrir depuis des mois, mais de là à mériter la mort ... On parle tout de même d'un être humain. 

Un coup léger à la porte me sort de mes réflexions. La tête de Cooper apparaît dans l'entrebâillement. Il me détaille une seconde et se retient de sourire alors que je lève les yeux au ciel.

— Je peux entrer ou je risque de me faire bouffer par Tigrou? pouffe t il.

— A tes risques et périls, je grogne en lui tournant le dos. 

Un soupire las s'échappe de ses lèvres. La porte se referme et mon cœur se serre, jusqu'à ce que je sente le matelas s'affaisser dans mon dos. Je ne peux retenir un sourire quand il vient poser sa main sur mon ventre pour m'attirer contre lui. Mes yeux plongent dans l'océan tourmenté qui me fait face et je ne résiste plus. Blottie contre son torse, nos jambes entremêlées, je m'endors paisiblement.

Des éclats de voix me réveille. Je mets quelques secondes à me souvenir que je suis chez moi avec deux bikers. Ce sont d'ailleurs eux que j'entends se disputer dans le salon. C'est pas vrai, ça n'en finira jamais. Je me lève en grognant et le spectacle que je découvre est à deux doigts de me faire éclater. Tac tient une demi douzaine de flyers dans les mains et Cooper face à lui, le menace de toute sa hauteur.

— Je te dis que Buckingham est plus intéressant. 

— N'importe quoi, c'est un truc à touristes, tout le monde s'en fou. Big ben, ça c'est intéressant. 

— Non mais une horloge, tu es sérieux là? Je t'achète une montre si ça te démange de voir des aiguilles bouger.

— Ah parce que ton palace à la noix ça sert à quelque chose? Qu'est ce qu'on en a à foutre de voir où vit la reine ou encore ses gardes aux chapeaux poilus.

— La reine est morte abruti! 

— Peu importe, ça ne sert à rien.

— Parce que voir une horloge géante sonner l'heure ça sert à quelque chose?

Je ne peux plus me retenir et éclate de rire. Ils se tournent de concert vers moi et me jette un regard noir.

— Quoi??!! hurlent ils.  

Devil's Fire - Tome 2 - COOPEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant