Devil's Fire - Tome 2 - COOPER

Chapitre 28 - Kristen

Son cercueil est devant nous. Un homme parle, je n'écoute pas. A quoi bon? Mes yeux ne lâchent pas la petite plaque portant son nom, il est vraiment là dedans? Impossible. Il était contre moi il y a quelques jours, il a dit qu'il m'aimait, que j'étais son âme sœur. Il ne peut pas être dans une boîte aujourd'hui. Une femme blonde que je n'ai jamais vu hurle et gémis de douleur. Tic la soutient par le bras pour lui éviter de s'effondrer. Pourquoi elle pleure? Il va arriver. Je suis sûre qu'il va revenir avec son sourire insolent et ses blagues douteuses. 

Je regarde le cimetière tout autour de moi, les arbres, les bancs, ridicule. Qui peut bien s'asseoir là dessus? Ce n'est pas un parc de jeux, les gens sont stupides. Pourquoi il y a autant de monde? La plupart porte un cuir, les autres sont des femmes accrochées aux bras des bikers. Je ne comprends plus rien. Il dormait à côté de moi et il a dit qu'il m'aimait. Je ne l'ai pas inventé, si?

Et puis, tout me revient en mémoire quand je croise ses billes bleues. Cooper approche du cercueil et dépose un cuir des Devils'Fire au nom de Tac. Il dit quelques mots que je n'entends pas. Et là, j'ai envie de hurler, comme cette femme. Elle ne s'en prive pas, elle. J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort, mes yeux me brûlent, mais plus aucune larme n'en coule. 

Et cette musique ... Aucun son ne me parvient depuis des jours. Rien, le néant, le silence total qu'il a laissé dans mon cœur et dans ma tête. Un silence profond mais cette musique. Elle pénètre chacun de mes pores, s'infiltre sous ma peau, dans mes veines, dans mon cœur et je saigne et je pleure et je hurle. 

In the stars - Benson Boone

Je m'accroche toujours à tout ce qui est mort et parti (ooh)
I'm still holdin' on to everything that's dead and gone (ooh)

Je ne veux pas dire au revoir, parce que celui-ci signifie pour toujours (ooh)
I don't wanna say goodbye, 'cause this one means forever (ooh)

Maintenant tu es dans les étoiles et six pieds ne se sont jamais sentis aussi loin
Now you're in the stars and six-feet's never felt so far

Me voilà seul entre le ciel et les braises
Here I am alone between the heavens and the embers
Oh, ça fait si mal
Oh, it hurts so hard

Pour un million de raisons différentes
For a million different reasons

Tu as pris le meilleur de mon cœur
You took the best of my heart

J'ai laissé le reste en morceaux

Left the rest in pieces 

Cat et Emily me soutiennent, pourtant je sais qu'elles sont aussi tristes que nous tous, mais revoir ses yeux remplis d'amour s'éteindre, sentir à nouveau sa main chaude refroidir entre mes doigts, entendre à nouveaux ses mots d'adieu, je ne le supporte pas. J'ai envie de mourir moi aussi, j'ai envie que ce cauchemar s'arrête, je veux dormir et ne plus jamais me réveiller. 

Le cimetière se vide peu à peu. Bientôt, il ne reste plus que Tic et moi, devant lui. Je ne lui ai toujours pas présenté mes condoléances, tout simplement parce que dire ses mots à voix hautes rend les choses beaucoup trop réelles. Depuis que nous sommes revenus de Londres, j'oscille entre déni et réalité et à chaque fois je revis ce moment où je l'ai perdu, encore et encore. Je n'en peux plus de souffrir, je n'en peux plus de pleurer. Il me manque. 

Je décide de m'approcher de Tic, lorsque je pose ma main sur son épaule il me rejette violemment. Surprise, je recule et trébuche sur une pierre avant de me retrouver sur les fesses. Ses yeux sont noirs de haine, je ne le reconnais plus et il me fait peur. 

— C'est à cause de toi, crache t il en me désignant du doigt. C'est pour ton putain de cul qu'il a pris cette avion. C'est pour ta sale gueule de garce qu'il a pris cette balle. Tu aurais dû crever à sa place.

— Tic, hurle Cooper dans mon dos. 

Le prospect vrille et fonce sur Cooper. Il arme son poing et l'écrase dans un craquement sourd sur le visage du biker qui encaisse sans broncher.

— Ne m'appelle pas comme ça, hurle Tic. C'est de votre faute. Tout est votre faute, geint il en s'effondrant à genoux devant Cooper. 

Ses sanglots me percent les tympans, j'ai tellement de peine pour lui. Si j'étais l'héroïne d'un roman fantastique, je prendrais ma baguette magique et je ferais disparaître toute la douleur de Louis, quitte à la subir pour lui. Au lieu de ça, je décuple la mienne en espérant qu'elle apaise au moins sa colère. Il a raison, tout est ma faute. Je suis secouée de tremblements incontrôlable et je regarde ces deux hommes pleurer dans les bras l'un de l'autre. Cooper tente de rester fort et de soutenir Louis, mais il s'en veut surement autant que moi. 

Je me relève et cours. Je traverse le cimetière, la route, une forêt, des arbres partout. Ma tête tourne, mes poumons me brûlent, mon cœur me tiraille et mes jambes manquent de céder à chaque nouvelle impulsion. Mais je continue. Je cours, jusqu'à m'effondrer entre un sapin et un autre. Quelque part au milieu de nul part. Mes yeux se ferment et je me sens enfin apaisée. Après des jours à pleurer, des jours à survivre, je peux enfin me laisser aller. Que la faucheuse face son travail ingrat, je l'attends. J'écarte les bras dans l'espoir de l'accueillir plus vite sur ce tapis de mousse.