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7. Méfiance

- Qui êtes-vous ? demanda-t-il.

Je posai mon regard sur sa main toujours posé sur mon bras, troublé par le son de sa voix.

Sa peau sur la mienne me tira un frisson. Je me dégageai doucement alors que ses yeux continuaient de me dévisager comme s'il cherchait une réponse.

Brusquement intimidé, je me levai pour échapper à son regard et remis de l'ordre dans sa literie.

- Je suis Taehyung de Beriya et vous êtes ici dans mon logis.

Je le vis tourner la tête pour observer son environnement. Je devançai la question qu'il avait sur les lèvres.

- Vos amis dorment à côté. Namjoon soufre d'une fracture, mais il s'en sortira. Quant à Hoseok, il n'a aucune blessure physique, cependant il n'a pas prononcé un mot depuis son arrivée.

Je sentis son regard à nouveau sur moi.

- Hoseok ne parle pas.

Je relevai la tête brusquement.

- Il est muet ?

Je le vis se redresser difficilement. L'effort que cela lui demanda fit couler une goutte de sueur sur sa tempe qui glissa le long de son cou pour se perdre dans le col de sa chemise.

Je me retins de l'aider, encore troublé par le contact de sa main sur moi.

- Non, il n'est pas muet. C'est juste qu'il ne parle pas, répondit-il d'un ton froid.

Je hochai la tête, compatissant. J'avais ressenti chez Hoseok cette volonté profonde de fuir la réalité pour trouver refuge dans un ailleurs dépourvu d'horreurs.

- Namjoon nous a raconté votre naufrage.

Le regard de Jungkook se voila. Il secoua la tête pour chasser les souvenirs qui affluaient à sa mémoire.

- Où sommes-nous ? demanda-t-il.

- Vous devriez reposer, nous parlerons demain, éludai-je.

Ses paupières se plissèrent, méfiant.

- Dois-je craindre pour nos vies ?

La brutalité de la question me laissa sans voix. Je sentis la colère prendre possession de moi.

- Sous-entendez-vous que nous pourrions vous porter préjudice alors que nous vous avons sauvé la vie ?

Un rictus mauvais se dessina sur ses lèvres.

- Je ne vous connais pas. Qui me dit que vous n'êtes pas des fidèles du roi Georges prêts à nous occire ?

Je laissai tomber le plaid de laine que je tenais dans mes mains et plantai mon regard dans le sien.

- Nous n'avons rien à voir avec toutes ces histoires. Beriya est une ile pacifique qui ne se mêle pas de politique.

- Je ne connais aucune ile de ce nom.

Je passai une main dans mes boucles et les rejetai en arrière.

- Ce dont vous ignorez l'existence ne signifie pas son inexistence. L'univers ne se cantonne pas à vos connaissances.

- Pourquoi ai-je l'impression de vous avoir froissé ?

- Je ne le suis pas.

Jungkook eut un sourire que je trouvai charmant. Je me détestai de le penser.

- Reposez-vous, nous parlerons demain, dis-je avant de quitter la pièce pour regagner mes quartiers.

Je me sentis bêtement à cran. J'en voulais à Jungkook d'avoir pensé que je puisse lui vouloir du mal. Pourquoi l'impression que je lui faisais m'importait tant ?