26. Dans l'aube naissante

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La maison était silencieuse et je la traversai sur la pointe des pieds pour ne réveiller personne. C'était sans compter sur la curiosité de Llyr et d'Alba qui se précipitèrent à ma suite, manquant de me faire tomber dans la pénombre.

J'arrivai dans la cour, les deux petits animaux derrière moi. Je renonçai à leur demander de retourner à l'intérieur, sachant pertinemment qu'ils ne feraient que ce qu'ils avaient décidé.

La nuit était seulement éclairée par la pleine lune qui était si grosse que j'avais l'impression que si je tendais la main, je pourrais caresser son relief granuleux.

Je traversai la forêt jusqu'à arriver dans un champ de bruyère d'été, ses fleurs blanches et rouges m'apparaissaient argentées dans la lumière de la nuit. Mes pieds s'enfonçaient dans leurs feuillages doux et faisaient voler jusqu'à moi leur parfum sucré.

J'eus envie de m'arrêter et de m'allonger aux milieux de ses minuscules clochettes, pourtant je continuai à avancer.

Le sol devint sable petit à petit. Il possédait dans ses profondeurs la chaleur du soleil qu'il avait capturé pendant le jour pour la restituer à l'obscurité.

Le bruit du ressac se fit de plus en plus important. L'odeur saline de la mer vint à moi, se mélangeant à celle des fleurs. Cela créait une fragrance unique qui avait le pouvoir de m'apaiser.

Je m'approchai des énormes rochers près duquel j'avais coutume de venir chercher des coquillages.

La mer était d'encre, d'elle, je ne distinguais de fins éclats argentés quand les vagues venaient s'échouer à mes pieds.

Je me déshabillai et laissai l'air chaud de cette nuit d'été caresser ma peau.

J'avançai doucement dans l'eau. Elle était froide et le contraste avec la température déjà élevée de l'air me fit frissonner.

Je m'enfonçai dans ses remous et laissai l'eau apaiser le feu qui s'était réveillé en moi et que rien ne semblait apaiser.

Mon corps se laissait balloter au gré du courant et je me laissai porter, allongé sur le dos, les yeux plongés dans l'immensité étoilé au-dessus de moi.

Je restai ainsi l'âme rêveuse.

Mon esprit n'était rempli que de lui, j'imaginai que c'étaient ses mains qui me maintenaient en équilibre entre la mer et le ciel.

Je ne me redressai qu'au moment où les étoiles s'éteignirent les unes après les autres pour laisser la place à la lueur du soleil. Il annonçait son arrivée en jetant de la poussière de couleurs sur l'ombre de la nuit.

Je regagnai le bord lentement, comme si je me refusais à sortir de cet état d'hébétude dans laquelle ma baignade m'avait plongé.

Le rivage m'apparut troublé par ce mélange de couleurs qui se fondait en un blond lumineux.

Je distinguai les rochers sur lesquels j'avais laissé mes affaires et au fur et à mesure que je m'avançai, je discernai une silhouette.

Il était là, assis sur la pierre, ne portant comme moi qu'un fin sous-vêtement qui cachait sa nudité. Sa peau était humide de la baignade qu'il avait faite. Les gouttelettes qui se perdaient sur son corps, prenaient un éclat doré dans le levant.

Il aurait pu être une divinité marine, avec ses cheveux dégoulinants et ses yeux brillants, ou un selkie* qui aurait quitté sa peau de phoque pendant la nuit pour venir me séduire et me perdre à jamais.

Il n'était que Jungkook, l'homme qui avait volé mon cœur au moment où j'avais posé mes yeux sur lui quelques semaines auparavant, exactement à l'endroit où nous nous trouvions.

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