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42. Le guerrier

Un an plus tard, sur le continent.

La taverne était plongée dans la pénombre. Un mince filet de lumière pénétrait dans la pièce par les rares fenêtres qui perçaient les murs, il se perdait dans l'épais nuage de fumée qui stagnait au plafond.

L'odeur rance des corps qui n'avaient pas connu le bain depuis des semaines, mélangée à celle du gras de cuisine, me donnait la nausée.

J'avais trouvé une place à l'écart dans une alcôve et sirotais une pinte de bière tiède en n'aspirant qu'à ce que cette journée finisse enfin.

Nombre d'hommes avaient trouvé refuge dans cette auberge après l'échauffourée qui avaient vu s'affronter les troupes du roi Georges et ceux qui avaient décidé de lutter contre l'oppression.

C'étaient des incidents fréquents, mais qui avait un gout de prémisse à une véritable guerre civile à venir.

Le pays était en ébullition et chacun dorénavant se rebellait contre le joug royal.

L'incident d'aujourd'hui avait commencé de façon banale pour se finir dans un bain de sang.

Les hommes du roi avaient voulu prendre de force un village pour en piller les ressources. Les hommes s'étaient rebellés, j'avais rejoint leur cause.

Je n'avais pas vraiment de but et combattais là où les sabots de mon cheval me menaient. Jusqu'à ces derniers temps...

Cela faisait quelques mois maintenant que je suivais le même groupe d'hommes, à moins que ce soient eux qui me suivent. Je les avais aidés lors d'une embuscade dans laquelle ils étaient tombés.

Ils m'avaient proclamé chef alors que je refusais cette responsabilité. Je ne vivais que pour la vengeance, peu importe la bannière.

Je ne me mélangeais pas à eux, ils étaient néanmoins présents à mes côtés en gardant une distance certaine.

Peu d'entre eux osaient m'approcher, à part Efflam.

Nous étions une dizaine, il était le plus jeune.

Comme la signification de son nom qui voulait dire celui qui brille, il était un rayon de soleil dans une vie teintée de rouge sang.

Son sourire me rappelait celui de Hoseok quand les horreurs de la vie ne l'avaient pas encore éteint.

Je le vis approcher et retins un soupir.

Le bruit ambiant amplifiait mon mal de tête et je n'étais pas enclin à entendre ses babillages.

Il prit place devant moi en tirant bruyamment une chaise sur le sol de terre battue.

Sa tignasse rousse attira la lumière. Ses compagnons avaient coutume de dire qu'il était aussi reconnaissable au milieu d'une bataille qu'une lumière au fin fond des ténèbres de la nuit.

Son visage constellé de taches de rousseur se pencha vers moi au-dessus de la table, ses yeux vert clair brillaient comme s'il avait découvert un trésor quelconque.

Je me reculai et pris appui contre le dossier de mon siège, je détestais la proximité, je ne la supportais plus.

Un éclair de contrariété brilla dans son regard, pourtant il ne se départit pas de son sourire.

- Ceannar *...

- Cesse de m'appeler comme ça, Efflam, je ne suis pas votre chef.

Le jeune homme balaya l'argument de la main et fit le geste de prendre ma chope.

Je l'éloignai de lui avant qu'il ne puisse l'attraper.

- Que veux-tu ?

Il eut une moue contrariée.