21. Différence

93 21 99
                                    

Je renvoyais chacun en leur expliquant qu'il ne servait à rien de rester dans l'infirmerie.

Jimin ramena Yoongi qu'il fut difficile de convaincre. Quant à Namjoon, Beathan se proposa de l'accueillir pour la nuit. Malgré l'inquiétude qui marquait ses traits, je vis une lueur de gratitude passer dans son regard.

Jungkook n'avait pas décroché un mot depuis qu'il était revenu de la forge, le visage complétement fermé et Namjoon savait qu'il ne trouverait pas de réconfort auprès de lui.

Le forgeron s'était assis près du lit de Hoseok et lui tenait la main.

Je lui avais demandé de partir à son tour, cependant il avait refusé violemment.

Je l'avais laissé faire et n'avais pas insisté en essayant de me convaincre que c'était sa colère de se sentir impuissant qui parlait.

Hoseok avait ouvert les yeux juste assez pour boire un peu de tisane d'écorce de saule, mais cela avait déclenché une toux qui ne le quittait plus.

Ses poumons se déchiraient à chaque inspiration et je voyais la douleur que cela lui infligeait.

Je lui fis boire du sirop que j'avais laissé refroidir, cela lui donna un peu de répit avant une nouvelle quinte.

Je jetai du thym et des feuilles d'eucalyptus dans de l'eau bouillante pour diffuser ses vapeurs dans la pièce.

La toux se calma légèrement.

Jungkook s'éloignait du lit pour me laisser le soigner à chaque fois que je m'approchai, mais il reprenait rapidement sa place.

Quand le malade finit par s'endormir d'épuisement, je retournai à mes préparations.

Je devais libérer ses voies respiratoires pour permettre à son organisme de s'oxygéner correctement. Il pourrait ainsi lutter contre la fièvre qui le dévorait.

- Tu crois qu'il va guérir ? demanda Jungkook.

J'étais en train de confectionner un baume à base de camphre. Sa voix me surprit, il n'avait pas prononcé un mot depuis des heures. Je me retournai vers lui. Il était assis sur le lit, la main toujours dans celle de Hoseok comme si ce contact le rassurait.

De temps en temps, il changeait le linge humide qui était posé sur son front.

- Oui, répondis-je sans hésitation. Je ne savais pas d'où me venait cette certitude, cependant je savais que je ne le laisserais jamais succomber.

- Comment peux-tu en être certain ?

- Je ne le suis pas, mais je veux y croire.

- Crois-tu qu'il suffit de vouloir pour réussir ? demanda-t-il, une trace de sarcasme dans la voix.

- Je pense que la volonté peut déplacer des montagnes.

- Tu vis dans un monde utopique, Taehyung. Vouloir ne suffit pas, n'a jamais suffi. Si c'était le cas, les prières seraient entendues et la misère n'existerait pas, les gens ne mourraient pas sous la lame de l'ennemi. Ils vivraient en paix et heureux. Si la volonté suffisait, Hoseok parlerait et je l'entendrai à nouveau chanter.

Il n'avait jamais autant parlé.

- La volonté fait face aux désirs de chacun. Je veux la paix, d'autres veulent la guerre et le sang et c'est en ça que l'espèce humaine est complexe. Les désirs des uns se heurtent avec ceux des autres et cela engendre le chaos. Il faut parfois faire preuve de patience, répondis-je.

- Doit-on pour autant subir les désidératas de ceux qu'ils veulent détruire ?

Je soupirai.

- Je n'ai jamais dit cela. J'œuvre pour la paix à mon échelle, même si je ne la défends à la pointe d'une épée. Certaines choses prennent du temps.

฿ɆⱤłɎ₳ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant