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33. Le choix du coeur

Ma tête me faisait souffrir. Un trop-plein d'émotions m'habitait, j'avais l'impression que l'air dans mes poumons diminuait à mesure qu'elles se répandaient en moi.

- Jungkook ? Ça va ? me demanda Namjoon.

L'inquiétude marquait ses traits tandis qu'il me dévisageait.

Nous avions parlé un long moment et Hoseok était parti rejoindre ceux qui deviendraient les siens dorénavant. Nous étions restés à l'intérieur après son départ, l'esprit en déroute, le cœur en sang.

Une ère se terminait, nous l'avions accepté, mais la souffrance n'en était pas pour autant moins vive.

- Je vais aller prendre l'air un moment. Je te rejoindrai au logis. Ne t'inquiète pas, dis-je en voyant son expression. Je vais bien, j'ai juste besoin d'être seul un moment.

Namjoon hocha la tête, compréhensif. Je lui posai la main sur l'épaule avant de sortir de la pièce.

Je passai par l'arrière de la maison. J'entendis les voix des habitants dans la cour, je ne voulais pas leur faire face, surtout lui, pas maintenant.

Je m'enfonçai dans la forêt et marchai sans but.

Mes pas soulevaient la poussière de la terre qui n'avait pas connu la pluie depuis des semaines, les feuilles craquaient sous mes semelles, pourtant je ne voyais rien.

L'air était saturé d'odeurs de sous-bois.

J'inspirai pour essayer de dénouer la boule qui s'était formée dans ma gorge.

Je ne devais pas pleurer, je ne voulais pas pleurer, cependant mon âme versait des sanglots.

Je savais ce qu'il adviendrait, j'oublierai ces moments, j'oublierai la joie d'avoir entendu à nouveau le rire de mon frère, je porterai son deuil sans savoir qu'il vivait ailleurs, heureux. J'oublierai le sourire de Taehyung.

J'acceptai sa décision, je refusai la mienne.

Je pensais à eux, je pensais à lui.

Mon esprit était en désaccord avec mon cœur, ils se livraient une querelle sanglante, terrible.

Je finis par m'arrêter à bout de souffle devant le cromlech.

Il se dressait en face de moi, fier de sa magnificence ancestrale. Ses pierres luisaient doucement dans le couchant et j'entendis sa mélodie.

La colère me submergea, la rage m'étouffa.

Je m'approchai et donnai un coup de poing dans le granit, puis un autre et encore un autre, jusqu'à ce que je tombe à genoux devant lui, les mains en sang.

- Je te hais, maudite pierre. Je méprise ce que tu es et ce que tu représentes. Je te déteste de me faire douter. J'excrète cette ile dont tu es le gardien. Pourquoi m'avoir ouvert les portes d'un monde qui n'est pas le mien ? Pourquoi me prendre les gens que j'aime ? Pourquoi l'avoir mis lui sur mon chemin ? Est-ce ma punition pour ne pas avoir pu sauver les miens ?

Seul le silence me répondit.

Je restai là, tête baissée, mon sang perlant sur le sol, l'esprit ailleurs, l'esprit fou.

Je savais au fond de moi que ma colère contre l'ile n'était pas légitime.

Beriya ne nous avait comblés que de bienfaits depuis notre arrivée. Ce n'était pas contre elle qu'était dirigé mon ire, c'était contre moi.

Moi, incapable de mettre de côté l'esprit de vengeance qui coulait dans mes veines, moi qui n'arrivais pas à museler cet égo qui me criait que je faisais fausse route.