38. À l'encre de mon cœur

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- Tu m'étonneras toujours, Jungkook d'Earwen. Je n'aurais jamais pensé que tu trouverais refuge ici.

Je levai la tête et croisai le regard rieur de Jimin. Nous n'avions jamais vraiment échangé et j'étais surpris de voir qu'il m'avait suivi.

Mes pas m'avaient guidé vers le cromlech et je m'étais assis le dos contre la pierre la plus haute sans entrer dans le cercle.

La colère que j'éprouvais s'était estompée au son de sa mélodie lénifiante.

Je comprenais pourquoi Taehyung aimait tant cet endroit. Penser à lui réveilla ma douleur et je portai instinctivement la main à ma poitrine.

Jimin intercepta mon geste du regard, mais ne dit rien. Il prit place à mes côtés et s'appuya contre une autre pierre.

- N'as-tu jamais envisagé de rester ? demanda-t-il doucement.

La douleur enfla et je froissai le tissu de ma chemise entre mes doigts comme si cela pouvait l'atténuer.

J'aurais pu me mettre en colère pourtant ce n'était que sérénité que je ressentis en répondant.

- J'y ai pensé à chaque minute, à chaque seconde, dès le moment où j'ai posé les yeux sur lui, mais il m'a guidé dans mon choix, dis-je en désignant le cromlech, et je partirai.

Les lèvres de Jimin s'étirèrent en un sourire.

- Crois-tu dorénavant à la magie des pierres ?

Mes yeux se perdirent au loin.

- Je ne sais pas vraiment, je ne sais plus. Je n'ai jamais été porté à croire en l'invisible. J'aimerais cependant penser que vous détenez la vérité. Qu'un jour, vous mettrez fin à cette vie de misère auquelle en est réduit la populace en élevant un roi qui deviendra le sauveur de ce monde. Mais le sang qui coule dans mes veines et qui a été nourri de mes malheurs se refuse à cela. Il demande vengeance, il crie à la guerre, c'est en moi et je sais que je n'aurais pas de repos tant que je n'aurais pas suivi cette voie.

L'empathe acquiesça alors que je m'attendais à ce qu'il me traite de sauvage, de fou peut-être. Il écoutait sans juger, je lui en sus gré. Je ne voulais plus de ce débat, le choix était fait, je l'avais accepté.

- Cette ile est probablement aussi une chimère et je me réveillerai bientôt d'un long sommeil et tout cela n'aura pas existé. Quoi qu'il arrive de toute façon, je ne me souviendrai de rien.

- Et c'est ça qui te ronge...

Je cueillis un brin d'herbe et le fis tourner entre mes doigts.

Comment lui expliquer ce mal qui me dévorait chaque jour ? J'avais conscience de ne pas avoir à être jaloux de ce qu'il adviendrait dans le futur, je n'aurai aucune prise sur cela, je n'en aurai même pas le souvenir.

Le sort de l'oubli était une bénédiction, il m'empêcherait de souffrir de son absence et pourtant, c'était aussi la pire des malédictions.

On m'enlèverait tous mes souvenirs, on m'enlèverait son odeur que je ne retrouverai jamais, son sourire, la chaleur de ses bras et cet amour incommensurable que je lui portais.

Mais au-delà de tout, on m'enlèverait la douleur de l'avoir perdu.

- Je ne veux pas qu'il soit le seul à porter le fardeau de notre séparation. Je veux partager sa peine et moi aussi me languir de son absence.

- Il en a fait le choix, depuis le début, dit Jimin.

- Ce n'est par pour cela que c'était la chose à faire !

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