HUNT : Rédemption (Tome 2)

36- Quand les souris dansent, le chat entre dans la valse

-----------------------------

- Jungkook, il faut que je te dise quelque chose.

Ses yeux disaient tout. Taehyung était sur le point de soulager sa conscience, une partie de lui qui voulait extérioriser, mais qui se faisait à chaque fois rattraper par la peur du jugement et des autres.

L'air paraissait plus lourd que d'habitude.

Comme il tardait à poursuivre sa déclaration, Jungkook se redressa à son tour, gigotant maladroitement sur le matelas pour s'asseoir sans pour autant lâcher le petit doigt de Taehyung.

Il se sentait lié par ce geste, lié par un engagement, celui de ne jamais l'abandonner, de tout faire pour qu'il se sente soutenu, entendu, comme lui l'avait été auprès de Taehyung.

- Merde. Je... c'est à propos de mon frère, tu dois t'en douter. C'était tellement chaotique à l'époque que parfois, j'ai l'impression d'avoir traversé une illusion, que ce n'était qu'un cauchemar. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée que j'en parle. J'ai honte, finit par ajouter l'inspecteur.

A défaut de pouvoir l'attirer à lui pour l'étouffer d'amour, Jungkook referma sa main sur la sienne, la pressant gentiment pour lui faire comprendre que sa peur était infondée.

Qui était-il pour juger Taehyung après tout ce qu'il avait fait ?

- Je-

L'inspecteur était sur le point de parler quand quelqu'un frappa à la porte. Agacé, Jungkook insista pour ignorer cette manifestation, mais de nouveaux coups furent assenés, cette fois plus forts. Il se leva en râlant dans sa barbe, mécontent d'avoir été interrompu dans un moment pareil.

Après avoir jeté un dernier coup d'œil à l'inspecteur par-dessus son épaule, il ouvrit la porte et un homme munit d'un chariot se présenta comme un employé, s'occupant du room service. Une erreur. Taehyung s'était fait interrompre par un type qui s'était trompé de numéro de chambre. Jungkook le renvoya sans faire de manière, mais lorsque la porte claqua de nouveau, l'inspecteur n'était plus assis sur le lit, mais debout face à leur petit bureau, en train d'ouvrir la boîte contenant des photos d'enfance du tueur.

Ses mains tremblaient légèrement.

- Ce n'est pas le moment de se remettre au travail, l'interrompit Jungkook en s'approchant, la mâchoire serrée.

- On en reparlera plus tard.

- Tae.

- Non, laisse tomber. En plus, on doit parler à l'amie d'enfance de Kim Dojoon en fin de journée, alors mes états d'âmes attendront.

Il avait beau comprendre la difficulté à se confier, Jungkook s'impatientait. Taehyung ne concédait rien, il prenait : son temps, son attention, son cœur. Le même qui jadis, lui reprochait de se renfermer, de ne pas laisser les autres l'atteindre, reproduisait avec une exactitude affolante la même spirale qui l'avait mené à souffrir en silence.

Comme s'ils étaient le reflet de l'autre dans leur essence la plus toxique, à différents moments de leurs vies.

Malgré la déception, il prit sur lui, résolu à trouver une manière d'aider l'inspecteur.

- Je te laisse tranquille avec ça, mais à une seule condition. (Taehyung détacha son regard des boîtes, mais ne dit rien.) Aller, demande-moi laquelle.