The harmony of our hearts

Chapitre seize

Chapitre seize - Éléonore

Décembre

Je suis exténuée. Il est cinq heures du matin et tout le monde commence à s'endormir n'importe où. Anaïs et Damien sont enlacés sur le canapé, Fanny s'est fait jetée sur le tapis, Clément est dans la chambre d'amis avec Corentin, Roxanne et Fabrice. Emilia et Oliver sont les seuls à être rentrés chez eux il y a bientôt une heure. Côme et mon frère sont toujours éveillés et essaient de ranger un peu le bordel sans grande réussite.

- Je vais aller me coucher. Je suis trop fatiguée.

Enfin en pyjama, je décide de souhaiter bonne nuit aux garçons mais Ezra me retiens au dernier moment.

- On va aller se coucher aussi. On a qu'à dormir dans ma chambre et je vais sortir le matelas pour Côme, comme ça on pourrait laisser ta chambre à Fanny si elle se réveille et qu'elle a trop mal au dos pour rester par terre.

Il sourit et j'accepte sans vraiment avoir l'envie de débattre.

Nous éteignons les lumières et quand chacun est prêt à dormir, je me couche à côté de mon frère, Côme déjà installé sur un petit matelas à ma droite.

- Bonne nuit les gars, à tout à l'heure.

- Bonne nuit à toi aussi Côme. On va être complètement déphasés aujourd'hui...

- C'est sûr frérot, mais c'était une bonne soirée.

Je valide les propos de Côme avant de fermer mes yeux pour essayer de m'endormir. Je me sens bien quand Ezra attrape ma main pour me rassurer et j'ai l'impression de retourner quelques années plus tôt, quand mon frère m'aidais à m'endormir.

- Je t'aime Lenny.

- Je t'aime aussi Ezra. Merci pour ce soir.

Des étoiles pleins les yeux, je me remémore ce Noël qui restera l'un des meilleurs de ma vie, j'en suis persuadée. Nous avons ris, joué, j'ai raconté ma vie à Roxanne et j'ai l'impression de m'être fait de vrais amis.

- Il faudra que je te parle de quelque chose... mais plus tard. Essaie de bien dormir, ok ?

- Je vais essayer.

Je me demande ce qu'il a mais je ne lui pose pas de question. J'ai trop peur de briser ce que nous avons retrouvé et c'est hors de question que ça arrive.

Je m'endors enfin mais je ne peux pas empêcher les mêmes cauchemars que d'habitude de venir perturber mon sommeil. Quand j'ouvre les yeux, mes joues sont baignées de larmes et je serrais si fort la main de mon frère que j'en ai mal aux doigts. Transpirante, je me lève rapidement en veillant à ne pas faire de bruit pour aller me rafraîchir.

- Il est quelle heure putain ?

Je sursaute et renverse le contenu de mon verre par terre en entendant Roxanne débarquer.

- Oups, désolée meuf.

Elle m'embrasse sur la joue et fouille dans le frigo pour trouver du jus de fruit.

- Il est neuf heures.

- Mais qu'est-ce que je fais déjà debout putain ?

Elle essaie d'arranger ses cheveux sans grand résultat. Des mèches roses rebelles se promènent devant ses yeux et elle a l'air de manquer de dix heures de sommeil. Je me demande si j'ai la même tête.

- Et toi, pourquoi t'es levée ?

- Cauchemar.

Je m'assieds autour de la table de la cuisine et essaie de faire le moins de bruit possible pour ne pas déranger ceux qui dorment encore sur le canapé. Roxanne me rejoint et attrape ma main.

- Oh, désolée. Tu veux me raconter ?

Je ne sais pas pourquoi est-ce que je l'aime autant, mais j'ai envie de tout lui dire alors que je ne la connais même pas.

- C'est compliqué. C'est une histoire d'ex...

Elle soupire et lève les yeux au ciel comme si déjà, elle avait l'air de comprendre.

- Tous des cons, hein ? Tu veux m'en dire plus ?

Je vérifie autour de moi si personne ne nous entend et ne suis pas rassurée à l'idée que mon frère débarque.

- Viens, on va dans ta chambre.

Fanny est toujours par terre, un oreiller serré contre son corps. Ça doit être si peu confortable...

Nous nous asseyons sur mon lit et je referme la porte derrière moi à clé.

- Je suis sortie avec un mec pendant presque deux ans. J'étais jeune et un peu bête, j'y ai tout de suite cru. Mais tout a vite changé et j'ai mis longtemps à comprendre qu'il ne m'aimais pas. Bref, ça été compliqué à la fin et mon frère a été impliqué... du coup c'est difficile pour moi d'être ici. Et la nuit, c'est le pire. Je ressasse mes souvenirs avec ce mec et je n'arrive pas à penser à autre chose.

Je me gratte la peau autour des ongles pour essayer d'occuper mes mains mais Rosalie s'en empare pour me consoler.

- Je sais que les ruptures amoureuses sont difficiles, crois moi. Mais il ne faut pas te laisser abattre et quoi que ton frère aie à voir là-dedans, il t'aime par dessus tout et tu devrais te confier à lui. Je ne le connais pas depuis longtemps mais c'est un mec compréhensif.

Je sais que mon frère est quelqu'un de bien mais s'il écoute ce que j'ai à lui dire, il va vriller et je ne suis pas prête à soulager cette tempête là alors que déjà l'orage gronde dans mon propre corps depuis plusieurs mois.

- Tu as sans doute raison.

- Tu es encore jeune, tu as du temps devant toi. Tu vas apprendre à cerner les mecs et tu ne te feras plus avoir, crois-moi. D'ailleurs.... Il ne se passerait pas un truc entre toi et Côme ?

Elle hausse exagérément les sourcils pour m'embêter et je rougis.

- Il n'y a rien entre nous !

- Ne me mens pas ma jolie ! J'ai vu la façon dont il te regarde et la manière qu'il a de parler de toi. Il n'arrêtait pas de te glisser dans ses conversations hier soir ! Il est trop mignon.

- Argh. Arrête !

Je n'ai vraiment pas la tête à penser à ça, mais je dois bien avouer que les seuls moments que nous passons ensemble me plaisent bien.

- Ok, comme tu voudras ! Mais je parie que je finirais par avoir raison.

Elle se lève pour se recoiffer et retire le drap que j'ai mis sur mon miroir. Elle ne pose aucune question et je l'en remercie silencieusement.

- On devrait s'organiser une journée shopping. Je pourrais passer te prendre après-demain et je t'emmènerai découvrir mes boutiques préférées ?

- Avec plaisir, ça me fera du bien de sortir.

Je pense qu'il est temps que j'essaie de changer mon comportement et que je devrais me forcer à reprendre une vie normale. Je dois passer à autre chose, je le sais très bien.

Mais c'est si difficile quand mes démons grondent sans arrêt dans ma tête.