Chapitre vingt-neuf

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Chapitre vingt-neuf - Éléonore

Janvier

Je crie à m'en briser les cordes vocales. Une douleur atroce se répand dans ma gorge, des larmes me brûlent le visage et mon cœur bat si vite qu'il me fait mal.

Je suis en plein cauchemar. Obligée de me redresser pour retrouver un semblant de calme, je suis perdue. Je ne sais plus comment et quand est-ce que je me suis retrouvée dans mon lit. Mon réveil indique qu'il est cinq heures du matin. La place à mes côtés est vide. Je me remémore doucement la soirée, des flashs m'arrivant par intermittence.

J'ai passé un excellent moment hier soir. Je suis tellement triste qu'il n'ait pas été suffisant pour stopper mes cauchemars. Le visage d'un homme que je préférai oublier a troublé mon sommeil et semble s'être encré sur mes rétines.

Maël ne disparaîtra jamais de ma mémoire.

- Éléonore ?

Essoufflé, le visage rouge et les yeux écarquillés, mon ange gardien débarque dans ma chambre.

- Désolée.. je suis désolée d'avoir crié. Côme, pardonne-moi d'être si...

Incapable de terminer ma phrase, les sanglots bloquant mes mots, je fonds en larmes.

- Hé, ne t'excuse pas. Jamais.

Ce garçon si spécial à mes yeux s'approche doucement de moi et s'assied à mes côtés. Mon cœur cogne fort dans ma poitrine, si fort qu'il me fait mal. J'ai envie de me l'arracher.

- Tu veux m'en parler ?

Pourquoi a-t-il fallu que Côme soit si unique ? Délicat, doux, patient ? Est-ce que je mérite vraiment cette attention ?

Avant de répondre, je décolle des mèches de cheveux de mon visage et sèche le reste de mes larmes. Côme s'empare de ma main et j'accepte son contact en liant mes doigts aux siens.

- Je le revois chaque nuit, en boucle. Il revient me hanter et ne semble pas décidé à quitter mes pensées. Je ne sais plus quoi faire pour qu'il disparaisse.

La faible lumière de la lune qui passe à travers les rideaux m'aide à analyser les traits du visage de Côme. Il a l'air terriblement fatigué et inquiet. Pour moi.

- Je sais que je ne devrais pas te le dire, mais je crois qu'on devrait être honnête l'un envers l'autre. Quand Ezra est parti avec Corentin régler un problème... j'ai fini par savoir de quoi il s'agissait. Tu n'as pas besoin de m'en parler, je voulais juste que tu le saches.

Et il est toujours là. Il sait tout, mais il ne m'a pas abandonné. Il ne m'a même pas regardé différemment. Il ne m'a pas jugée et je ne semble pas lui faire pitié.

- Et donc, je suppose que tes nuits sont hantées par ce... ce mec.

C'était furtif, mais j'ai eu le temps de remarquer ses poings se serrer. Il a l'air en colère maintenant.

- Je ne vais pas te raconter de jolies choses pour te faire plaisir. Je ne pense pas que tu effaceras un jour ce souvenir de ta mémoire et putain, ça me fait chier. Il n'existe sans doute aucune potion magique pour faire disparaître ce connard de tes pensées. Mais ce que je sais, c'est que si tu m'en laisse l'opportunité, je peux t'aider.

Agacée qu'il dise juste ce qu'il faut, sans aucun détour, je me redresse un peu plus pour m'éloigner de lui. Je déteste qu'il arrive si bien à me cerner et qu'il soit si honnête. Parce que tout ce qu'il dit est vrai. Il ne rend pas la réalité plus douce, il me la raconte tel quel. Et j'aime ce côté si franc autant qu'il m'horripile.

The harmony of our heartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant