Chapitre trente-trois - Côme
Janvier
Une bulle. C'est comme ça que nous vivons depuis trois jours. Juste Éléonore et moi, rien d'autre. Elle m'accompagne au lycée le matin, viens manger avec moi le midi, m'attends le soir. Nous n'avons donné aucun mot à la relation qui se construit entre nous, mais ça ne nous empêche pas de nous embrasser dès que possible.
Devant nos frères, nous ne faisons rien. Nous agissons comme avant. Je ne crois pas qu'ils diraient quelque chose, mais c'est comme si nous avions passé un accord silencieux pour garder notre rapprochement pour nous au moins quelques temps. Comme si nous voulions préserver ce trésor au maximum.
- Hé connard ! Tu crois que tu vas nous éviter encore longtemps ?
Malheureusement, ce bonheur ne suffit pas à faire disparaître mes problèmes. La bande à Sylvain me cherche toujours autant mais je ne leur donne plus autant d'importance qu'avant. Je fais comme s'ils n'existaient pas.
- Je n'ai pas vraiment le temps, là. Tu peux me laisser passer ?
De l'autre côté de la grille, je sais que Lenny m'attends. Je suis enfin en week-end et nous avons prévu de passer la soirée ensemble. Ezra et Corentin sortent avec des amis, nous laissant le champ libre.
- Pas si vite. Qu'est-ce qu'il y a ? C'est cette meuf, c'est ça ? Elle t'attends ? Putain, j'en reviens pas ! Tu la force ou quoi ?
- Mais ça ne va pas ? Jamais de la vie je ne forcerai une fille.
J'essaie de passer, en vain. Alors que je crains qu'il en vienne à me taper, les poings serrés, ma lueur d'espoir arrive juste derrière Sylvain. Je ne retiens pas mon sourire et attire l'attention de mes camarades derrière eux. Comme un seul homme, mes bourreaux se retournent et dévisagent Éléonore.
Je trouvais qu'elle irradiait de plus en plus ces derniers jours, mais là, je dois avouer qu'elle est encore plus solaire. Ses longues boucles sont relevées en chignon, avec quelques mèches libres, mon sweat à l'effigie d'un groupe de rock et un pantalon beige l'habillent et ses traits sont légèrement maquillés. Elle est magnifique. L'angoisse que je ressentais il y a quelques minutes se dissipe pour laisser place à de la tranquillité. Son sourire atténue mes craintes et vient se loger directement sur mon propre visage.
- Côme, tu viens ?
Comme s'ils n'existaient pas, Lenny passe près d'eux sans même leur accorder un pauvre regard. Putain, j'adore cette fille. Et je crois que j'apprécie encore plus la nouvelle facette d'elle que je découvre jour après jour.
- Bonjour ?
Comme une question, Sylvain rappelle à Lenny qu'elle ne les a pas salué. Mais une fois de plus, elle les ignore et attrape ma main.
- Au revoir, plutôt.
Et nous nous en allons sans même un regard en arrière, nos mains entremêlées. Dès que nous atteignons ma voiture, Lenny pousse un long soupire et je la soupçonne de se montrer si forte devant ces abrutis uniquement pour me soutenir et pas parce que c'est dans sa nature d'être comme ça. Elle semble reprendre contenance, comme si elle avait arrêté de respirer pour les affronter.
- Ça va ?
- Maintenant, oui. Merci d'être venue me chercher, mais tu sais que tu n'es pas obligée ?- Je sais, Côme.
J'embrasse le dos de sa main avant de me glisser derrière le volant, Lenny côté passager. Sur ça aussi, elle m'impressionne. Je sais qu'elle déteste conduire et pourtant, elle le fait juste pour moi. Alors nous nous sommes mis d'accord pour que ça soit moi le conducteur pour les trajets du retour.
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The harmony of our hearts
RomansaÉléonore a un seul regret dans la vie : être détestée par son grand frère Ezra. Durant presque deux ans, Éléonore sortait avec Maël, le meilleur ami de son frère. Puis ce garçon a fini par lui briser le cœur. Ezra avait pourtant prévenu sa sœur : n...