Chapitre trente-sept

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Chapitre trente-sept - Éléonore

Février

Quelques semaines sont passées depuis l'appel de Maël. Je n'ai rien fait pour le moment, préférant réfléchir à ce que je voulais. Suis-je vraiment prête à me lancer là-dedans ? Parce qu'il ne suffit pas de porter plainte, il y a aussi tout le après à prendre en compte.

Donc, depuis, chacun est au petit soin pour moi. Ils en deviennent presque trop chiants. Corentin me taquine, Ezra me colle - allant jusqu'à sécher ses cours à la fac régulièrement - et Côme s'assure que tout va bien, un peu trop souvent. Bref, j'étouffe.

- Tu es sûre que ça va ? Tu as une petite voix.

- Bon, écoute Côme, je suis À LA DOUCHE ! Putain, vous pourriez me laisser respirer ? Juste un peu ? MERCI !

Je crie et balance mon téléphone dans le lavabo avant de retourner sous le jet d'eau brûlante. Ils me gonflent, c'est définitif. Je suis prête à parier que mon frère m'attends non loin de la porte de la salle de bains. Côme m'a appelé pendant sa pause, comme si nous ne nous étions pas vu ce matin avant qu'il parte au lycée.

Je sais qu'ils se sont mis en tête de m'écouter et de s'assurer que je vais bien, que je ne vais pas sombrer ou je ne sais quoi après avoir eu des nouvelles de mon ex, mais quand même, ils abusent. Je ne sais peut-être pas ce que je vais faire de cet enregistrement ni comment je me sens réellement avec tout ça, mais ça ne change pas qui je suis. Je reste la même.

Et j'aimerais que les garçon me fasse juste assez confiance pour me laisser gérer tout ça par moi-même. Je n'ai pas besoin qu'on me bouscule ou que me force à aller de l'avant, je veux y aller à mon rythme.

Lorsque je sors de ma douche, je m'habille en vitesse et sors de la pièce.

Et voilà, j'en étais sûre.

- Ezra, qu'est-ce qu'il y a encore ? Tu n'as pas un cours, un truc à faire ?

Je lève les yeux au ciel en lui passant devant.

- Je t'attendais. Je voulais savoir comment...

- Je vais bien ! Pitié, les garçons, sortez, faites des trucs loin de moi. Je ne vais pas disparaître ni fondre en larmes. Oui, Maël a essayé de me menacer. Mais j'ai géré, je vais bien, je vais pouvoir passer à autre chose. Ok, je ne réagi peut-être pas aussi vite que tu le voudrais, mais j'irais porter plainte quand JE l'aurais décidé. Ok ?

Les mains devant lui comme s'il avait peur que je finisse par exploser, il m'offre un léger sourire.

- Ok, Lenny. Pas la peine de crier. T'es rigolote quand tu t'énerves.

- Tu me saoule !

Et je lui claque la porte de ma chambre au nez, un sourire aux lèvres malgré moi.

Lorsque mon téléphone sonne à nouveau, je retiens un hurlement de frustration et réponds sans même regarder qui m'appelle.

- Ma puce, c'est maman. Ça va ?

Je soupire de soulagement en constatant que ce n'est pas encore Côme pour me surveiller.

- Salut maman, ça va et toi ?

- Ça va. Je voulais savoir si tout se passait bien pour toi. Je n'ai pas eu beaucoup de nouvelles de toi, tu me manques. Est-ce que tu penses revenir un peu ici ?

Il est vrai que je n'ai pas souvent donné de nouvelles à mes parents. J'avais besoin de cette distance, je crois. Malgré tout, l'entendre me fais du bien.

The harmony of our heartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant