Chapitre 3

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Le lendemain matin, je me réveille en meilleure forme. L'évènement de la vieille est totalement oublié, j'essaye d'aller de l'avant.
Je prends mon petit-déjeuner quand mon téléphone sonne, c'est mon père. Il me parle en dialecte de mon pays natal : la Palestine.

— Ta mère veut savoir si tu manges bien ?

— Oui.
Je ris.

— Fais attention à toi ! Tu nous manques.

— Moi aussi, vous me manquez. À bientôt.

Je ne fais aucun effort vestimentaire, pour aller encaisser les articles de ce prince. J'enfile mes sneakers et j'attache mes cheveux en affreux chignon. Heureusement que j'ai beaucoup d'autodérision. J'y suis pour 14h mais il faut passer tout un système de sécurité, les bureaux sont grandioses. On me fait attendre dans une salle d'attente, où un buffet est à disposition. Je ne me gêne pas pour me servir tel une pique assiette. Certains me regardent avec désapprobation, mais je continue sur ma lancée.

— Melle Inès Makhoul.

Je me retourne sur une hôtesse tirée à quatre épingles. Je repose ma boisson chaude et je la suis jusqu'à l'ascenseur. L'ambiance est lourde, ma présence la rebute. Heureusement, les portes finissent par s'ouvrir, elle me conduit devant une porte gigantesque et me fait attendre.
Au bout d'une dizaine de minutes, elle en ressort et me conduit dans ce bureau. La porte s'ouvre sur le prince, assis derrière son bureau, la cravate légèrement défaite est une des choses plus sexy que je n'ai jamais vu. Ses cheveux bruns légèrement décoiffés par le surmenage sont magnifiques. L'hôtesse nous laisse, mais il ne semble pas décidé à me regarder, je me racle la gorge. Mais il ne lève pas les yeux vers moi.

— Asseyez-vous !

— Donne-moi ton chèque, qu'on en finisse.
Je le vois sourire.

— Vous me tutoyez, c'est nouveau ?

— Nouveau ? On se connait depuis hier.

— J'ai pourtant l'impression de vous... de te connaître depuis plus longtemps.

Il se dégage de son bureau, se relève, se saisit de sa veste sur le porte-manteau et rejoint la porte.

— Vous venez ? Enfin, tu viens ?

— Où ça ? Le deal était que je récupère mon encaissement !

— Je n'ai pas pensé à prendre mon chéquier !

— Vous avez une horde d'assistants qui servent à ça !

— Non, il me seconde !

Il ouvre la porte et franchit le seuil du couloir. Je me relève avec nonchalance et le suis jusqu'à l'ascenseur. J'entends des bruits de conversation, je pose mes yeux sur un de mes anciens poissons. Je me cache derrière Amir, il s'en amuse. Dans l'état où je suis, je ne veux pas être reconnu.

— Une connaissance ?

— Non ! Euh oui, ancienne connaissance !

— Un peu trop vieux non ?

— Je ne t'ai pas demandé ton avis.

Les portes s'ouvrent et je m'engouffre à la hâte dans les ascenseurs. Lui prend son temps, avec un rire amusé, ce qui a le don de m'agacer. On est dans les sous-sols, une voiture est devant la porte. Le chauffeur nous ouvre la porte, je m'assois juste à côté de lui. Son parfum envahit mes narines. Un mélange d'orient et de virilité. J'essaye de me concentrer sur ceux pourquoi Catherine a gâché mon jour de repos. J'aurais pu revoir la dernière saison de Gossip girl.

On roule une dizaine de minutes dans cette ambiance pesante, aucun de nous ne parle, il pianote sur son téléphone. La voiture s'arrête devant une devanture, le chauffeur nous ouvre la porte.
On s'introduit dans cet établissement, un restaurant. Je m'arrête ; je ne comprends pas ma présence ici. Pourtant, les choses devaient se passer simplement: récupérer le chèque de Catherine et lui déposer.

— Un soucis « Inès ». D'ailleurs, c'est de quelle origine ?

— Aucune importance ! Que faisons-nous ici ?

— C'est l'heure du déjeuner et j'ai faim.

— J'ai déjà déjeuné!

— L'hôtesse m'a raconté vous avoir trouvé la bouche pleine.
Je rougis.

— J'avais juste une petite soif.

Il continue d'avancer, je le rattrape. On nous installe près de la devanture. Des paparazzis sont déjà là. Je me décompose, être photographié dans cet état, je me maudis intérieurement. Je cache mon visage avec une décoration florale, ce qui fait sourire Amir. J'ouvre la carte des menus, il n'y a pas les prix comme je m'en doutais. Je choisis une salade, je n'ai pas d'appétit, avec tous ces rebondissements. On nous pose les plats, Amir est au téléphone. Je plante ma fourchette dans un de ses légumes, il retient ma main. Je frissonne, sa main est ferme, chaude.

— Pas touche !

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant