Chapitre 38

1K 243 4
                                    

Je suis dans l'avion, douloureux souvenirs : il y a presque un an, j'étais en classe économique en direction de son pays. Aujourd'hui, j'ai un gout amer de ce retour. Je fais le voyage, plongée dans cette histoire. J'essaye de reprendre contenance, ces images ne doivent pas influer sur mon travail. Je me reconcentre sur ma mission qui, je l'espère, sera un tremplin pour ma carrière débutante.
L'avion atterrit, un soleil nous accueille à la descente de l'avion, l'aéroport est parfaitement climatisé. Je récupère ma valise et je me dirige vers la sortie. Un homme tient une pancarte avec mon nom inscrit dessus. Qu'est-ce que je pensais ? Qu'il allait faire le déplacement. Je me sens ridicule. On se dirige vers la voiture du chauffeur, il m'ouvre la porte, je m'installe et je me fige.

— Bonjour.

— Bonjour.

Je regarde par la fenêtre, il l'a fait, il est venu, je ne suis pas complètement folle.

— Il faudrait apaiser les tensions.

— Je vais être professionnel, si c'est ça qui t'inquiète, Amir.

Je le fixe. Je vois dans ses yeux, que son prénom dans ma bouche allume en lui un brasier. Il se contient, il resserre la jointure de ses mains. Si je ne le détestais pas, j'aurais ri de la situation.

— Bien.

La voiture démarre en direction de la villa familiale. Je l'ignore tandis que lui ne me quitte pas des yeux. Sa façon de m'observer me met mal à l'aise, je me force à penser à autre chose. La voiture finit par s'arrêter à la villa, je suis soulagée, une minute de plus et j'aurais fini à pied sous cette chaleur étouffante. Il descend et me tend sa main, que j'ignore. Cette fois, personne n'est là pour nous accueillir. Je fixe Amir avec suspicion, ce qui a le don de le faire rire. Or, ce n'était pas le but recherché.

— Un problème, Inès?

— Non, Amir.
Avec une prononciation arabe.

Je sais l'effet que cela produit sur Amir, il se tient à la porte de la voiture ; j'éclate de rire, il est dans un état second.

— Ce n'est pas bien de jouer avec le feu.

— Je me suis déjà brûlée, Amir.

Il s'en va à toute vitesse, soit prendre une bonne douche froide, soit se servir de sa fiancée pour soulager cette envie irrépressible.
Finalement, ce séjour s'annonce très intéressant. Les domestiques me montrent ma chambre. Je m'installe et défais mes affaires. J'observe par la fenêtre, il profite de la piscine. Il a trouvé un autre moyen. Il sort de l'eau et tout mon corps est en léthargie, l'eau goutte sur son corps bronzé et parfaitement sculpté. L'image parle d'elle-même, il aurait pu en émoustiller plus d'une.
Je commence à penser à un plan machiavélique, je déteste déjà ce que je vais advenir. Mais une petite vengeance ne me fera pas de mal. Je fouille dans mes affaires, je me change et je rejoins la piscine. Il me voit arriver, je fais tomber mon paréo et j'avance vers l'escalier de la piscine. Ses yeux sont sur mon corps et je crois que toute l'eau de la piscine ne lui suffirait pas à calmer ses ardeurs. Je me penche pour qu'il ait une prise de vue sur ma poitrine et on vient de le perdre définitivement. Ses yeux se ferment, je suis à deux doigts de rire, c'est si facile. Je plonge dans l'eau, je sors la tête de l'eau et l'observe. Il s'avance vers moi. Je n'avais pas prévu cette partie de l'histoire.

— Ne joue pas trop avec moi.

— Qui a joué ?

— Tu ne sais pas de quoi je suis capable.

— J'ai eu un aperçu, Amir.

Il me saisit et se jette sur mes lèvres. Il me faut bien quelques secondes pour réagir à ce qui est en train de se passer. Je le repousse, tandis qu'il affiche un sourire moqueur.

— Tu peux faire semblant de me haïr, mais ton corps te trahit.

Il se dirige vers les marches de la piscine et sort de l'eau. J'entends les gouttes d'eau qui tombent au sol s'éloigner. Il m'a eu à mon propre jeu. Et je sens que ce jeu ne vient que de commencer. Je sors à mon tour de l'eau et je rejoins ma chambre. Je me douche et m'habille pour rejoindre le dîner.

Quand, je suis dans la salle à manger, il n'y a que deux couverts, personne d'autre n'est là. Je commence à suspecter qu'il l'a fait exprès. Il me rejoint et s'assoit en face de moi. Les domestiques déplacent les couverts de la table et les positionnent devant lui.

— Où est le reste des convives ?

— Nous serons deux ce soir.

— J'espère que tu ne manigances rien.

— Tu as voulu jouer... On va jouer.
Je frissonne.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant