Chapitre 17

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Nous y sommes depuis deux semaines, on s'évite avec Amir. Je l'accompagne aux évènements et le reste, je le fuis. Mais la chance semble tourner ce soir, je suis conviée à le suivre dans un endroit mystère. Une voiture tout terrain nous attend devant le parvis de la maison. Je suis quelque peu intriguée, habituellement je l'accompagne dans une voiture avec chauffeur. Mais ce soir, il prend le volant. Je m'assois avec suspicion, je le vois me regarder et hocher la tête. Je m'attends à tout avec lui.

En deux semaines, j'ai été ballonné de réception en réception, comme s'il souhaitait m'user physiquement. Et je le suis fatiguée, je n'ai jamais entretenu un rythme aussi soutenu, j'en regrette presque Antonio et ses sorties hebdomadaires. Encore sa musique qui parle d'amour et de trahison, j'en connais presque les paroles, je marmonne le refrain. Il pose les yeux sur moi, je m'arrête, je n'étais pas censée comprendre sa langue.

— Tu n'as aucune notion ?

— Quelques bases.
Il hoche la tête, en signe de désapprobation.

— Je parle couramment l'arabe !

— C'est mieux.

La voiture s'arrête enfin dans un endroit désert. Le mot employé correspond totalement à l'endroit où nous sommes, en plein désert. Des hommes avec une torche à la main nous guident, il fait nuit noire. On marche quelques minutes, on s'arrête devant un campement traditionnel, c'est fabuleux. L'endroit est mystique et apporte une ambiance surnaturelle. On rejoint une tente semi-ouverte, où des coussins sont disposés pour nous y asseoir. Je le suis, les hommes nous laissent, je m'affale.
Je n'ai pas le temps d'observer la tente, des hommes allument un feu au milieu du campement, le feu qui crépite m'apporte une sensation de bien-être. Je me mets à l'aise.

— Tu aimes ?

— C'est magnifique.

Ils appellent les hommes du campement, leur demandent de commencer à poser le repas. Une énorme assiette composée de riz, de légumes et d'un énorme morceau de viande sont disposés au sol sur une nappe. Il me tend une cuillère, l'odeur est alléchante. Je ne me suis pas trompée, c'est une explosion de saveur dans la bouche. Lui ne semble pas avoir faim, il mange quelques bouchers et s'arrête.

— Avec du vin, ça aurait été meilleur.

— Tu fais honte à tes ancêtres.
Il rigole.

Les hommes débarrassent le repas et nous disposent du thé. Je nous serre à boire et lui tends.

— Je rectifie, un thé, c'est bien meilleur.
Cette fois, je souris.

Les premières minutes, on boit notre boisson sans échanger un mot. Puis j'entends un bruit, je regarde dans tous les sens, mais je ne vois rien à l'œil nu. Ce bruit se renouvelle à nouveau.

— Amir, nous ne sommes pas seuls !
Il sourit.

— Le monde des esprits, des djinns.

— Quoi ? Des esprits ici ?

— Ils sont chez eux. Nous les dérangeons.

Je me redresse et observe de plus belle tout autour. J'entends quelques rires, j'ai l'impression de plonger dans une autre dimension.

— Je parie que vous seriez capable de leur soutirer des sacs et des chaussures de luxe.

Je tourne ma tête vers lui, énervée par sa blague dans cette circonstance.

Je lui mets une tape, il fait semblant de tomber en arrière sur les coussins. Il m'attire à lui et je me retrouve allongée à ses côtés. L'ambiance bascule dans une autre atmosphère, mon cœur tambourine, sa proximité me déstabilise. Ma respiration n'est pas naturelle. On observe le ciel étoilé, quand il tourne sa tête vers moi et pose ses yeux sur mes lèvres, mes joues s'échauffent. J'ai l'impression de redevenir cette adolescente peu sûre d'elle.

— Pourquoi avoir choisi ce métier ?

— Je ne l'ai pas choisi, je suis vendeuse et l'escorting s'est présenté à moi.

— Un client ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Pour l'argent et les avantages.

— Tu arrêteras après ?

— C'est tout ce que je souhaite.
Il hoche la tête et semble réfléchir.

Il se rallonge à mes côtés, ses bras nus frôlent les miens, et de nouveau cette tension mystique refait surface. Nos mains se touchent et s'enlacent, comme deux aimants soumis à une forte attraction magnétique. Je ne pense à rien, je profite de cette trêve. Car il me reste encore presque deux mois à tenir avant de me libérer de ces chaînes.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant