Chapitre 54

1.1K 229 4
                                    

De nos jours.

Je sors du taxi et je lui paye la course. Je me dirige vers le comptoir, quand j'entends la voix d'Amir. Il ne me laissera pas, c'est la pire des choses, le voir à chaque étape de ce voyage.

— Amir !

— J'adore te voir en colère, en fait, j'aime tout de toi.
Je souris.

Mais je me ressaisis, je ne dois pas me laisser amadouer par ses mots.
Je donne ma carte de réservation, Amir me pousse et s'adresse à l'agent d'escale.

— Surclasser là !

— Mais vous êtes qui, monsieur ?
J'explose de rire.

Il commence à élever la voix avec le représentant de la compagnie, mon rire s'amplifie, les deux me fixent sans comprendre mon fou rire.

— Je suis désolée, mais la situation est cocasse.

Amir se reconcentre sur sa conversation, il finit par obtenir ce qu'il veut, je le laisse faire, je ne m'oppose plus à lui. Ça ne servirait à rien. Il se saisit de ma valise et m'accompagne jusqu'aux enregistrements.

— Merci Amir, je crois que nos chemins se séparent là.

— Jamais.

— Du moins pour aujourd'hui.

— Alors tu souhaites me revoir?

— Je n'ai pas dit ça.

Je donne mon billet au douanier, il me laisse passer. Amir tente de passer, mais n'ayant pas de billet, il se fait arrêter. Je continue d'avance, j'entends ses cris de mécontentement. Je n'ose pas me retourner. En salle d'embarquement, je n'entends plus sa voix.
L'heure qui suit, je doute, je ne devrais pas défaire mes choix. Les agents d'escales préparent notre embarquement, je me relève et me dirige vers la file. Je tends mon billet et me dirige en classe première.

— Accorde-moi une autre chance.

J'ai l'impression de rêver, il réalise un de mes fantasmes de mon précédent départ. Je l'ai tant espéré à Oman, dans cet avion qui m'éloignait de lui.

— Comment es-tu entré ?

— J'ai acheté un billet.

— Mais tu es aussi cinglé que ton père, ma parole.

— Je prends ça pour un oui.

— Non !

Tous les regards se tournent vers nous, je ne sais plus où me mettre, je déteste me donner en spectacle. Il m'aura tout fait, ce prince. Sa tête se décompose et puis une lueur dans ses yeux. Il ne me laissera pas aussi facilement, je le vois dans son regard.

— Bien.

Il se dirige vers la sortie. Une des hôtesses me regarde de travers, comme un monstre qui venait de briser le cœur d'un homme. Je n'en prends pas en compte, j'aurais eu de telles pensées si je n'avais pas connaissance de cette histoire singulière. L'avion démarre et je me déteste. Le vol est un vrai supplice, je regrette chaque mot prononcé, mon comportement. Mais c'est trop tard, mon ego a été plus fort que mon amour. J'ai peur de l'avoir perdu définitivement, en le faisant trop attendre. Ally a peut-être raison.

J'atterris en Floride, je reprends des couleurs, après un voyage aussi éprouvant. Je me saisis de ma valise et je me dirige vers la sortie, quand je vois mon père attendre les arrivées. Il m'a vu et il me regarde, il ne détourne plus les yeux. Mes lèvres tremblent, mon cœur bat à toute vitesse, j'ai du mal à le croire. Je m'approche d'un pas peu assuré, en même temps que mes larmes se déversent sur mes joues.

— Papa.

— Je suis contente de te revoir.
Je me jette dans ses bras.

Il prend ma valise, mais je lui enlève des mains, il ne peut pas porter de lourdes charges. On se tient par la main, comme quand j'étais enfant, et je crois que mon cœur explose cette fois. Mon bonheur est immense, j'ai tant prié pour que ce moment arrive.
Il me reconduit chez nous, on s'arrête devant l'arbre centenaire qui a été coupé après ma chute. Il me tient la main, il n'a pas besoin de parler, tout se fait dans le regard. Et ce depuis ma tendre enfance. On exprime peu nos sentiments par pudeur, mais on l'exprime à notre manière. En arrivant à la maison, ma mère attendait impatiemment mon arrivée. Elle a convié les amis proches et de la famille pour l'occasion.
Cette fois, je sens leur fierté et elle n'est plus biaisée par mes mensonges.

— Tu as encore maigri, ma chérie.
Je souris.

— J'ai beaucoup souffert loin de vous.

— Tout ira bien maintenant.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant