Chapitre 5

1.2K 260 7
                                    

— Vous vous débrouillez !
Je me tourne pour m'en aller.

— Bien, mais « tu » peux courir pour la facture.

Et là, j'en rage, ce chantage commence à me mettre dans tous mes états. J'essaye d'apaiser mon cœur, je repense à ce qui aurait été ma vie, s'il n'y avait pas eu cette chute.
Je me tourne vers lui, ma colère ne redescend pas, mais je ne laisse rien paraître.

— Donnez-moi cette addition !

Il me tend le carnet, je l'ouvre, mon cœur a failli s'arrêter. Sa facture représente une semaine de salaire.

— Vous ne pouvez pas boire de l'alcool bas de gamme comme tout le monde.
Il explose de rire !

— Ou même de l'eau ! L'eau a de meilleures vertus.

Je sors ma carte bleue, demain le banquier risque de m'appeler pour vérification. Je n'ai jamais fait ce genre de folie depuis que je suis chez eux. Je règle avec difficulté cette addition. Il se relève et se dirige vers le hall de l'hôtel. Il s'adresse à l'homme du comptoir, il lui tend une carte.
Mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps. Le prix d'une suite dans cet hôtel représente une année de salaire. Mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine, je ne pourrais pas en supporter davantage. Il me fait signe de le suivre, mais impossible de bouger. Je suis comme une statue.

— Relaxe, Inès. Cet hôtel appartient à ma famille.

— Alors pourquoi m'avoir fait payer ?

— J'aime quand les femmes m'invitent.

— Sauf que je ne suis pas votre potiche.

— Tu préfères les vieux pleins aux as?

Je l'ignore, sa remarque ne me touche pas.

Les gouttes de sueurs qui menaçaient de couler sur ma peau laiteuse disparaissent. Je le suis jusqu'à l'ascenseur, un des porteurs nous accompagne, mais il n'a aucun bagage. Il souhaite profiter d'un généreux pourboire. On sort des ascenseurs, le porteur ouvre la suite et j'en prends plein les yeux, rien avoir avec ce que j'ai déjà vu.

Le porteur nous regarde, je me tourne vers Amir mais il se délègue de cette tâche. J'ouvre mon sac à contrecœur et je lui tends un billet. Il garde sa main ouverte, je prends un autre billet et le lui pose. Il referme la porte. Je déambule dans l'appartement, quand je le vois déboutonner sa chemise. Je détourne ma tête, mais ma curiosité est trop forte. Et voilà, c'est comme je l'imaginais, un corps à vous damner. Beau et riche, le jackpot pour les michtonneuses. Il enfile un t-shirt, il enlève son pantalon de costume. Cette fois, je ne regarde pas. Pourquoi fait-il tout ça devant moi? Quand je m'autorise à poser les yeux sur lui, il revêt son jeans. Je suis presque soulagée.

— Je vais avoir besoin de tes services.

— Mes services ? Je ne comprends pas.

— De tes extras.

— Je ne comprends toujours pas.

Il s'avance vers moi.

— Je veux acheter tes services.

J'avais très bien compris ses insinuations, je voulais connaître sa détermination.

— Je ne mange pas de ce pain-là.

— C'est là que je dois être confus ? Parce que je m'en fous royalement.

— Ce mot vous va comme un gant.

— Combien ?

— Je ne suis pas à vendre.

— Tout le monde à un prix.

— Pas moi.

— Vraiment ?

Il me jette un dossier, je l'ouvre. Je m'assois par le choc. Comment est-ce possible ? Je feuillette le dossier et je suis dévastée. Je suis rarement dans cet état, le choc est rude.

— Combien ?

— Vous savez combien.
Une haine s'insinue en moi.

— C'est réglé alors. Je vous offre un supplément de 10%, pour vous acheter des chaussures.
En fixant mes pieds.

— Vous pouvez les foutre où je pense.

Je me dirige en colère vers la porte de cette suite.

— Demain soir, soyez prête à 19 h !

Je sens, à cet instant, que je viens de vendre mon âme au diable.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant