Chapitre 31

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Il se détourne de moi et continue sa conversation. Il me brise une fois de plus. Où ai-je donc laissé mon amour-propre ? Je me sens si pathétique.
Je me dirige vers la sortie, pour quitter ce cauchemar éveillé. La réalité a repris ses droits, je ne suis pas irremplaçable. Tout n'était qu'une douce illusion.
J'enlève la robe en plein milieu du salon de la suite, j'entends la porte s'ouvrir, je l'ignore. Plus rien n'a d'importance.

— Je suis désolé.

J'ignore ses excuses, je continue ma progression vers la chambre. J'enlève ses bijoux couteux et je les jette au sol. Je défais ma coiffure, mes cheveux retombent sur mes épaules, je masse mon cuir chevelu. Je me regarde dans le miroir, ma beauté est mon ennemi. La porte s'ouvre sur lui, il défait sa chemise et je connais déjà la suite. On s'observe à travers le miroir, comme pour se protéger de ce qui adviendra de nous dans les minutes qui suivront. Je m'agenouille devant son corps et défais sa braguette. Je suis comme soumise à nos désirs. C'est déconcertant, comment la haine peut conduire à l'amour.
J'abaisse son boxer, son membre est dur et prêt pour moi. Il amène ma tête près de son anatomie...

Il se retire, et s'allonge à mes côtés, dans un silence qui ne laisse entendre que nos respirations effrénées.

— Pourquoi tu me fais ça, Amir ?

— Je suis désolé.

— C'est tout ce que tu as en bouche.

— Je n'ai pas mieux.

Je lui donne mon dos et je ferme les yeux pour tenter d'oublier, car demain sera un autre jour.

Au réveil, je suis encore seule, il m'évite, ne voulant pas se réveiller à mes côtés. J'ai accompli ce pourquoi je suis payée et ça lui suffit. Je récupère cette enveloppe, il profite de moi, je ferai de même jusqu'au dernier jour.
Je me prépare, pour retrouver ma vraie vie, celle que je crois être. Je fais appeler un taxi chargé de paquets pour eux, ma raison de vivre.
Le taxi s'arrête devant ma maison, je souris. Je sors et paye le taxi. Je me dirige vers leur porte. J'ai un moment de doute. Comment réagiront-ils ? Seront-ils heureux de me revoir ?
Je prends mon courage à deux mains et je frappe. Je patiente quelques secondes avant que la porte s'ouvre sur ma mère. Sa bouche reste grande ouverte. Puis, elle saute dans mes bras et s'effondre en larmes de joies. Je fais de même, cinq ans à attendre ce moment, c'est long.

— Oh, ma chérie, je n'arrive pas à le croire.

— Pourtant, je suis là.

— Entre, voyons, ne reste pas sur le seuil de la porte.

J'entre dans ce qui était mon chez-moi, il y a quelques années. Ma mère se lance dans une discussion sans fin. Elle veut tout savoir, mais si elle savait...

— Tu manges mal ! Regarde-toi, tu n'as que la peau sur les os.

— Mais non, je mange bien, mais je fais attention, la vente dans le luxe est très codée.

— D'accord. Ton père ne va pas en revenir.

Une heure plus tard, j'entends la porte se déverrouiller, je me relève, je m'avance vers l'entrée. Il pose les yeux sur moi et se fige. On s'observe de longues secondes en silence. Aucun mot ne peut définir le sentiment de joie qui m'anime. Il est là, mon père, mon roi, mon tout. Je cours et je saute dans ses bras, il s'écroule en larmes, c'est si douloureux et fabuleux à la fois que j'oscille du rire aux larmes.

— Tu es revenu ?

— Je suis de passage en ville, mais je reviendrai bientôt.

— Vraiment ?

— Oui, complètement.

Il me prend à nouveau dans ses bras, je recharge mes batteries. Des années à imaginer nos retrouvailles, mais j'étais bien loin du compte. On s'assoit dans le canapé, la douleur au dos le relance. Je lui arrange les coussins pour lui apporter du confort.

— Tu as toujours aussi mal.

— Oui, mais je m'y suis fait, ne te tracasse pas.

Je passe les heures suivantes à les convaincre d'une vie que je n'ai pas. Un moyen de les protéger de toutes mes péripéties, car c'est pour eux que je fais tout ça.
Mon téléphone sonne, un numéro masqué, je m'éloigne d'eux pour ne pas éveiller leur soupçon.

— Où es-tu ? J'ai besoin de toi maintenant.

— Maintenant ? Je ne suis pas à côté.

— Je viens te chercher.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine.

— Non, je vais prendre la route.

J'écourte nos retrouvailles, mais en leur faisant la promesse de revenir. Ils sont tout aussi bouleversés de me voir les quitter si tôt, mais je ne pouvais pas prendre le risque de voir Amir débarquer chez mes parents. Ils ne doivent rien savoir. Je souhaite les préserver et, en quelque sorte, ne pas perdre leur estime, c'est ce qui m'a fait tenir toutes ces années.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant