Chapitre 4

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— Je ne savais pas que les milliardaires étaient de redoutables radins !
Il explose de rire.

— Contente-toi de ta salade. Ça ne te fera pas de mal d'ailleurs.

Je me regarde et affiche un regard offusqué. Je me concentre sur mon assiette, pendant qu'il semble savourer son plat. On nous pose l'addition, il me la pose devant moi, je crois rêver, je fais les grands yeux.

— Je n'ai pas de moyen de paiement, réglez-la et je vous rembourserai ma partie.

— Il y a deux choses qui ne vont pas ! Que je paye pour vous et que vous ne me remboursiez qu'une partie ! Je n'ai pas demandé à venir manger une salade hors de prix avec toi !

— À partir du moment où tu t'es assise sur cette chaise, tu as consenti à manger !

— Je crois rêver ! Je suis en plein cauchemar.

— Une antithèse ?

— Donne-moi cette satanée addition !

C'est bien la première fois que je paye pour un homme. Habituellement, les hommes font la queue pour avoir le plaisir de m'inviter. Je suis avec un tout autre spécimen. Je règle l'addition faramineuse et on rejoint la sortie, le chauffeur nous y attend.
On rentre dans la voiture, je suis encore sous le coup de l'émotion. Il indique au chauffeur l'adresse de ses bureaux, je me sens désabusée.

— Les bureaux ?

— Oui, j'ai perdu beaucoup de temps à te convaincre de payer.

— Et la facture ?

— On verra ce soir.

— Ce soir ? De mieux en mieux.

Il se saisit de son téléphone et demande mon numéro. Je suis hésitante, mais la voix de Catherine me rappelle à l'ordre. Je pianote mon numéro. On arrive au bureau, il descend et demande au chauffeur de me déposer.

— À ce soir, Inès !
Avec un sourire plein d'arrogance.

Plus je le vois et plus la facture s'alourdit, le chauffeur me dépose devant la boutique. Catherine m'attend de pied ferme. Je lui explique mon périple, mais elle ne semble pas touchée par mon incapacité à récupérer sa trésorerie. Elle menace de me virer et de me réclamer la facture dans son intégralité. Pourtant, 5 ans que je lui suis loyale, je tombe de haut face à ses menaces. Elle finit par me demander de quitter la boutique, ma tenue faisant tache auprès des clients fortunés.

Je sors devant la devanture, je suis abasourdie. En quelques heures, j'ai l'impression que les muses de la malchance se sont acharnées sur moi. Je me reprends, j'ai la possibilité de récupérer mon argent le soir même.
Je file en direction de l'appartement et j'attends qu'Amir m'appelle. Les minutes défilent en heures. Il est 22 heures, je décide d'enfiler mon pyjama Victoria's Secret et d'aller au lit. Comme je l'imaginais, mon téléphone sonne, un numéro masqué.

— Oui ?
J'entends un rire au bout du fil.

— Quel accueil !

— J'étais sur le point de dormir !

— Nous avons un rendez-vous de prévu.

— Pas à cette heure-ci sur mon agenda.

— Je vous attends au Plaza palace.
Ça raccroche.

Je me redresse en catastrophe. Seul récupérer ce chèque compte. J'enfile à la va vite une tenue et je file au lieu de rendez-vous.
Le hall est bien animé à cette heure de la soirée. Je rejoins le comptoir, où un maître d'hotel me fusille du regard, je ne suis pas le genre de la maison. Mais je m'en moque pas, j'ai appris à ne pas faire attention à ces moqueries.

— Je cherche Amir Al Ajlan.

— « Sa Majesté » vous attend au salon Louis 14.

— D'accord, où est ce salon ?

Il claque des doigts, un jeune homme déboule vers moi et me guide vers ce fameux salon royal. C'est somptueux, je comprends le nom de cette pièce. Il est au bar, un verre à la main. Je m'avance jusqu'à lui, il semble pensif. Je fais signe de ma présence.

— La vendeuse est là !

— Je ne suis pas que ça, surtout qu'à cause de vous, je ne vais plus le rester très longtemps. L'alcool n'est pas interdit, par vos croyances ?

— Personne n'est parfait ! Et toi, tu es quoi ? Une sorte de Gigi Hadid mais en plus fauché ?

Je crois rêver, c'est le comble. C'est un milliardaire qui se balade sans moyens de paiement qui va me faire la morale.

— Vous savez quoi ! Payez-moi et je ne veux plus jamais entendre parler de vous !

— Vouvoiement ? Malheureusement pour vous, j'ai encore oublié mon « moyen de paiement ».
En imitant des guillemets.

— Alors là, non ! Non ! Vous m'avez assez plumé ! Je suis certaine que le verre en question coûte une fortune.

— À vrai dire,  c'est le troisième.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant