Chapitre 37

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Deux jours plus tard, ma nuit a été courte.
C'est le jour J, je m'habille et je m'apprête au minimum. Je ne souhaite pas susciter de désir ou une quelconque envie dans ses yeux. J'accompagne Roberto dans son hôtel, il n'arrête pas de regarder derrière lui, pour vérifier que je le suis toujours. Et malheureusement, je le suis toujours. On nous fait attendre dans le hall, le temps que le prince se prépare.

C'est le moment, mon cœur bat à tout rompre, j'aimerais me cacher derrière Roberto, s'il n'était pas aussi antipathique.
Dans l'ascenseur, mon cœur tambourine, au gré des arrêts des ascenseurs, on se dirige vers sa porte. Roberto frappe et jette un dernier regard sur moi. La porte s'ouvre sur une jeune femme, elle me reluque et nous laisse entrer. Nous sommes dans son salon privé. On s'assoit, mon cœur menace de sortir de ma poitrine.

— Bonjour.

Je n'ose pas le regarder. Je fixe un point imaginaire. Roberto répond par courtoisie, j'en suis incapable. Je vois ses jambes se déplacer et s'asseoir en face de moi.

— Vous avez réussi à la convaincre ?

— Elle a pris la bonne décision.

Ils parlent de moi, comme si j'étais transparente. Le téléphone de Roberto sonne, il demande à sortir quelques minutes. Je m'approche de Roberto, je ne veux pas rester seule avec lui. Mais Roberto, m'adjoint de continuer l'entretien. Je sors mon carnet, toujours tête baissée.

— Inès.

— Nous allons discuter des attentes de votre fiancée.

— Inès putain !

— Quel est le thème de la soirée ?

— Regarde-moi !

Je gribouille des mots sur ma feuille, pour tenter de ne pas flancher. Je souffle lourdement, j'ai cette impression d'être prisonnière et qu'on m'impose les choses, qu'on accapare ma liberté au détriment de la leur.

— Quand pourrions-nous rencontrer votre fiancée ?

— Pourquoi tu n'encaisses pas le chèque ?

— A-t-elle déjà une idée de ce qu'elle souhaite ?

— Je suis désolé.

— Non, ça, je ne peux pas l'entendre.

Je pose mes yeux sur lui et, Seigneur, que c'est douloureux. Je ne pensais pas ressentir des choses aussi contradictoires. J'ai l'esprit qui divague.

— Tu as brisé ma famille, ma vie ! Tu ne peux pas interférer dans ma vie !

— Je suis désolé.

— Je crois que nous en avons fini. Si tu souhaites avoir des informations, contacte Roberto.

Je me lève en direction de la porte, déterminée à laisser ce fossé entre nous, car mon cœur est traître et je ne lui fais pas confiance.
Je sors de la suite, haletante, j'ai parcouru cette distance qui m'éloigne de lui avec une telle rapidité, que mon corps me lâche. Mes pieds sont flageolants, mon cœur est en tachycardie et mes larmes menacent de couler. J'y ai survécu cette fois, mais qu'adviendra-t-il les autres fois ? Cette tension sexuelle est toujours aussi forte, mais je ne céderai pas, pas cette fois.
Je retrouve Roberto, qui souhaite avoir un compte rendu de l'entretien. J'invente quelques réponses pour donner une impression de contrôle sur la situation.

— C'est parfait, tu t'envoles demain à Oman.

— Quoi ? Non, mais ce n'est pas possible !

— Il ne te l'a pas dit. Tu y seras mes yeux et mes oreilles.

— Et toi ? C'est toi le styliste.

— C'est toi qu'il veut, Inès.

— Mais j'ai encore tout à apprendre.

— Fais-le vite, car c'est la maison tout entière que tu représentes.

Il m'abandonne dans le couloir avec toutes ces informations. Et moi qui pensais ne plus le revoir, je suis bouleversée. Je rentre déboussolée à la maison. J'ai à peine quelques heures pour digérer l'information et préparer mes affaires. Je m'insurge de tous les noms, de ne pas avoir gardé ma ligne directrice.

Je sors une valise, j'y mets quelques affaires. Je ne connais pas la durée du séjour. Je contacte l'assistante de Roberto, qui me donne un complément d'information ainsi que l'horaire de vol. Je raccroche et je m'assois sur le lit, je revois sans cesse son visage. Et cette flamme est intacte. Moi qui pensais l'avoir éteinte, je me déteste de ressentir tant de choses.
Je referme ma valise, je rejoins Ally qui m'interroge sur la valise qu'elle aperçoit.

— Ça ne sent pas bon ton histoire.

— Je sais.

— Surtout, tu remets à sa place ce connard.

— J'y compte bien.

Je rejoins ma chambre, pour tenter de me reposer avant le départ.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant