Chapitre 32

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Je rejoins l'hôtel, il n'est pas là. Me faire revenir dans un tel moment et ne pas être présent est encore une façon de me soumettre à ses volontés, mais cette fois, je n'aime pas ça. Je l'attends une heure à tourner en rond, quand il franchit le seuil, j'ai cette envie irrépressible de le haïr, de l'insulter de tous les noms d'oiseaux qui me viennent en tête. Mais je me contiens.

— Qu'as-tu fait de ta journée ?

— J'ai une clause d'exclusivité et non une obligation de te rendre des comptes.

— La Floride te fait pousser les ailes, Inès.

— Prends-le comme tu veux, « Amir ».
Avec une prononciation arabe.

Ce qui a pour effet de rallumer cette flamme, qui le rend fou dans nos ébats. Il défait sa ceinture, c'est tellement facile de lui faire perdre toute contenance. Un mot par-ci, un regard par là, il ne se rend pas compte que je sais déjà tellement de choses sur lui.

— C'est pour ça que tu as fait appel à moi ?

— Non, ce n'était pas pour ça. Mais je vois que tu joues de mon attirance pour toi.

— C'est bien la première fois que tu avoues cette faiblesse.

— Qui a parlé de faiblesse ?
Je le fixe, troublée.

Il s'approche en continuant de défaire sa ceinture.

Deux heures plus tard, on roule en direction d'un important casino. J'ai tellement peur de croiser des personnes qui peuvent me reconnaitre. Je peux être démasquée à tout moment. J'observe les environs, mais je ne reconnais aucune tête. On rejoint le casino, il est reçu à sa juste valeur. Une équipe est autour de lui pour veiller à son confort. Il va jouer de grosses sommes. Je le suis dans une salle privée, loin des petits joueurs qui repartiront les poches vides. On s'assoit à une table de poker. Je ne me sens pas à ma place, où l'argent n'est pas un problème pour les gens autour de cette table.

— Ça va ?

— Oui. Tu vas jouer longtemps ?

— Tu veux partir ?

— Je suis un peu fatiguée.

Je repère assez vite des vautours prêts à prendre ma place. Encore cette jalousie qui refait surface. Je reste en place, malgré ma lassitude.

Deux heures plus tard, il a perdu beaucoup d'argent, mais qu'est-ce qu'un fleuve dans l'océan ?
On se dirige vers l'hôtel, je m'assoupis dans la voiture. J'entends sa voix murmurer, dans un état semi-comateux, que nous sommes arrivés. J'ouvre les yeux, dans le brouillard. J'ouvre la porte, je sors de la voiture. Il me bascule dans ses bras, je l'observe, perturbée. Il traverse le hall de l'hôtel avec moi dans ses bras. Aucun ne fait de commentaire, privilège de personne fortunée.
Je me cramponne à lui, je sens ses lèvres se poser sur mon front, cette fois, je ne l'ai pas imaginé. Il me pose sur le lit, il m'enlève les chaussures, je m'allonge. Il m'aide à l'enlever la robe. Il se dirige dans la salle de bain, j'entends l'eau couler. Il revient à moi et je devine ce qu'il compte faire. Il me porte et me ramène dans la salle de bain. L'eau coule en abondance. Il me dégrafe le soutien-gorge et se déshabille, je pourrais me damner à cet instant. Ces non-dits sont une façon bien à nous de communiquer. On se glisse sous l'eau chaude, que c'est agréable d'être dans ses bras, inondé de ses baisers.

— Tu me manqueras, Amir.
Il hoche la tête en guise de réponse.

Puis de nouveau cette flamme brille dans ses yeux, il me saisit par la taille et me soulève une jambe et l'enroule autour de sa taille. Sa respiration s'accélère, elle devient haletante au gré de ses va-et-vient. Sa bouche ne quitte pas mon cou et remonte jusqu'à mes lèvres. Il me dit des mots en arabe, mais dont j'ignore la signification. Il les répète sans cesse, que je finis par haleter son nom. Il me pose la jambe et me plaque contre la paroi de la douche. Il me fait cambrer et ses assauts sont de plus en plus brusques, les gémissements s'amplifient jusqu'à perdre toute contenance.

Le lendemain matin, je sens une masse collée à moi, ce qui me surprend, j'ouvre brusquement les yeux, il dort à point fermé. Cette fois, il n'a pas fui, son bras entoure mon corps. Je l'observe et des dizaines de pensées m'assaillent l'esprit. Le voir dans cet état de vulnérabilité me touche profondément. Je me colle à lui, je profite de ce corps qui m'est offert. Nous sommes de deux mondes, de deux vies différentes. On ne pourra jamais créer quelque chose d'autre que contractuel, mais je sais qu'on vit quelque chose de fort émotionnellement et physiquement.

Je veux qu'il soit mon connard, peu importe qu'il me fasse souffrir ou pleurer, ou même la finalité de cette histoire. Parce que je veux qu'il fasse vibrer mon cœur, car mon seul objectif sera de faire vibrer le sien. Et qu'il se dise dans quelques semaines, quelques années : « putain, cette femme... ».

Il bouge, ses yeux s'ouvrent sur moi avec tendresse.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant