Chapitre 10

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On finit par atterrir, Amir n'a plus fait honneur de sa présence pendant le vol. Je récupère mon passeport, je le trouve devant le sas de douane. Dès qu'il me repère, il avance vers la sortie. La chaleur est étouffante. Le chemisier me colle à la peau. Un chauffeur s'occupe des bagages, je pénètre dans la voiture, la clim me rafraîchit. On roule une dizaine de minutes, quand la voiture s'arrête dans une galerie marchande. Je le regarde, ne comprenant pas bien notre présence ici.

— J'ai pensé que tu aimerais acheter quelques affaires pour le séjour.

— Quoi ? Non, mais je rêve !
Il me pince.

— Aïe !

— Tu vois, tu ne rêves pas.

— Toutes ces valises sont à toi ?

— Oui, j'aime avoir le choix.

Je sors de la voiture avant de mettre un terme d'une façon ou d'une autre à sa vie. Je l'entends m'appeler, mais je ne me retourne pas. Mais s'il me faisait une mauvaise blague, je ralentis le pas. Il me tend une carte.

— L'adresse de l'hôtel où nous allons loger.

— Quoi ? Tu ne m'attends pas ?

— J'ai du travail.

— Et le chauffeur ?

— C'est le mien. Il y a un bus qui te descendra juste devant.

Je n'ai pas pris de bus depuis cinq ans, mon Dieu cette fois, c'est la fin. Une si jeune et belle fille, c'est la déchéance.
Je me remets en marche et range la carte, la chaleur est étouffante. La galerie est climatisée, je ne rentre que dans les chaînes de magasin, à des prix intéressants. Mon compte en banque fond comme neige au soleil. Je n'ai malheureusement pas le temps d'obtenir les faveurs de qui que ce soit. Je m'achète deux ou trois tenues et le nécessaire pour le cosmétique. Je n'achète pas de chaussures, j'enfilerai mes nouveaux bébés.
Je demande l'arrêt du bus, je m'installe dans l'abri bus, je meurs de chaud. Une voiture de sport s'arrête devant moi.

— Hey, ma jolie, besoin d'un peu de compagnie.

— Non, ça ira.

— Allez, je te dépose où tu veux.

Je l'analyse, il semble être majeur, il porte une montre d'une marque de luxe suisse, des vêtements couteux. C'est un gosse de riche, ils sont lourds, mais inoffensifs. Je me dirige vers la voiture, il affiche un sourire victorieux. Je lui indique l'adresse de mon hôtel.

— C'est pour le travail ou le plaisir?

— Le travail.

— Tu fais quoi dans la vie ?

Il grille un feu rouge, ma confiance semble s'évaporer.

— Je tiens compagnie.

— Une pute, quoi ?
J'affiche un regard offusqué.

— Non, une escorte.

— C'est juste plus joli à entendre.

— Tu t'y connais, dit donc, pour ton jeune âge.
Il ricane.

On finit par arriver entier devant l'hôtel, et je dois dire que je suis éblouie. L'endroit est paradisiaque. Je remercie le jeune homme et rejoins le hall de l'hôtel. Je m'avance vers l'hôtesse d'accueil et je décline mon identité, mais elle affiche un sourire narquois.

— Vous dites que le prince Amir vous attend ?

— C'est bien ça.

Elle prend son téléphone, deux gorilles se dirigent vers moi, encore une péripétie. Je crois avoir mis un pied en enfer depuis que j'ai posé les yeux sur lui. Elle donne comme consigne de me jeter dehors. Plus j'avance et plus je touche le fond dans les humiliations.

— Je vous assure que le prince m'attend !

Les deux vigiles m'attrapent de chaque côté devant les clients, scandalisés non par mon éviction, mais par ma personne dans ce genre d'endroit. Pourtant, j'ai toujours à la main ma boite de chaussures de luxe, mais ça ne semble pas les émouvoir.

— Elle est avec moi.

Le miracle vient d'avoir lieu, il est intervenu en ma faveur. Je me dégage des gros bras et les nargues avec un sourire. On se dirige vers le comptoir.

— Donnez-lui la moins chère des chambres.   
Deuxième choc.

— Elle coûte 300 dollars la nuit, monsieur.
Le prince se tourne vers moi.

— Ça te convient ?

— Non, c'est grotesque !

— Il y a un hôtel bon marché pas très loin.

— Poussez-vous !

Je sors ma carte et je paye pour deux nuits. Il va me ruiner avant même d'avoir dit ouf. Finalement, je vais accepter ses 10 %.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant