Michto malgré moi

Chapitre 30

C'est le jour du départ pour la Floride. Comme ce qui était convenu, on ne s'est pas revu dans la semaine. J'emballe les paquets pour mes parents, le sourire aux lèvres. Je suis excitée et impatiente. Le premier jour, je dois l'accompagner à un gala de bienfaisance. Le lendemain, j'ai demandé à être libre, il ne s'y est pas opposé. À l'aéroport, les minutes défilent à une vitesse folle. Comme si le seigneur m'avait béni pour ce jour tant espéré. On embarque en première classe cette fois, je vis un rêve éveillé.

— Tu sembles épanouie.
Je hoche positivement la tête en souriant.

Il me regarde avec curiosité, nous sommes interrompus par les instructions des hôtesses de l'air. Le vol se passe aux petits oignons, je suis traitée comme quelqu'un d'important. C'est comme ça que j'ai tant imaginé ma vie. Être dans l'insouciance, me focaliser sur moi. Les hôtesses nous servent différents apéritifs avant le dîner.

— Alors la classe première a moins de valeur ?
Je pouffe de rire.

— Tout dépend avec qui on voyage.

— Et c'est comment ?

— Fabuleux, Amir.
On se fixe avec complexité.

On atterrit en Floride, je hume l'air de cet oxygène qui m'avait tant manqué. J'ai l'impression de ne jamais l'avoir quitté. Cette douce chaleur me réchauffe le cœur. Je suis près de ma vraie vie. On se dirige vers l'hôtel pour déposer nos affaires avant la réception. En arrivant, une coiffeuse et maquilleuse me prend en charge. Une dizaine de robes et de chaussures sont accrochées sur un portant. C'est juste un rêve qui se poursuit. Je me laisse bichonner, pendant qu'il est au téléphone. Mais il ne cesse de poser les yeux sur moi.

— Sortez !

La maquilleuse et la coiffeuse sortent à la hâte. Il ne reste plus que nous deux : je reconnais ce regard, celui qui fera de moi sa possession et j'aime ça.
Je suis arrachée à ce doux rêve par un tourbillon de passion, mon chignon parfait n'est plus qu'un lointain souvenir. Il me place au-dessus de lui et je vois ma vie basculer vers une appétence que seul lui peut assouvir.
Mes gestes sont précis, j'ai appris en quelques semaines, ce qu'il le rend fou. Un regard de moi, se mordant la lèvre, allume en lui une avidité sans limites. Il me bascule pour reprendre possession de ma lucidité. On jouit à bout de souffle.

Nous arrivons au gala avec du retard, les maquilleuses et la coiffeuse ont dû tout reprendre à zéro, ma gêne était perceptible. On passe de groupe en groupe, il parle de ses projets, la main posée sur mon dos nu. Ses caresses sont une sortie de secours dans cet Hamas de phrases incompréhensibles.
Je m'éclipse prendre l'air, je suis chez moi, ma détermination a redoublé d'effort. Plus que quelque heures et je serais avec les miens.

— Un souci ?

— Non, Amir, il faisait trop chaud.

— Tu sais, pour ce qui s'est passé dans la chambre, je ne veux pas que tu croies que tu es un objet.

— Je sais, Amir.

— Est-ce que tu te forces à le faire ?

Sa question est déconcertante, ce n'est pas l'image que je véhicule dans ses bras.

— Tu connais la réponse, Amir.

— J'ai besoin de l'entendre.

— Pourquoi ? Pour flatter ton égo.
Il ricane.

— Oui, je te désire autant que toi.

Il retourne à l'intérieur, sa réaction est encore plus surprenante. Il prend ce qu'il faut prendre et se désintéresse la seconde suivante. Je retourne à la réception, je tente de faire passer le temps. Quand mes yeux se posent sur une opportuniste, j'ai un détecteur à escorte. On se reconnaît avec l'expérience, elle tente de charmer Amir. Une jalousie insoupçonnée me secoue de l'intérieur. Je marche en direction d'Amir, quand je suis à quelques mètres, je l'entends lui faire des compliments. Elle utilise le BA BA des escortes : paraître inculte et innocente.

— Désolée, chérie ! J'ai l'exclusivité.

Les deux se retournent sur moi. Amir affiche un sourire qui en dit long. Mais pas elle, je viens de saboter sa chasse. Elle me dévisage avec mépris.

— L'exclusivité ne va que dans un sens, pétasse.

Et voilà les insultes.

— Amir ?
Il passe d'une à l'autre.