Chapitre 12

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On finit par rejoindre une pompe à essence qui semble déserte. Mais à mon plus grand soulagement, elle est encore en activité. Je franchis le seuil de la boutique et elle est climatisée. Je fonce vers le vieil homme qui dort. Il ne doit pas y avoir beaucoup de passages. Le prince se sert une bière fraîche.

— Bonjour, monsieur.
Il commence à bouger et ouvre les yeux.

— Madame.
En faisant basculer sa tête en signe de respect.

— Nous sommes tombés en panne à un kilomètre d'ici. Nous n'avons pas de réseau pour contacter une dépanneuse.

— Une dépanneuse dans le coin ? Non, M'dame, seul le petit Jimmy pourrait vous remorquer, mais il ne revient que demain matin.

— On ne peut pas attendre. On doit rejoindre notre hôtel, j'ai payé une chambre hors de prix.

J'entends le prince rire.

— Voilà ce que je vous propose, il y a une maison d'hôte, la vieille Becky pourrait vous loger et je demanderai à Jimmy de vous récupérer chez elle.

— Bien. Merci pour votre aide.

Je rejoins le prince qui affiche un sourire. Je lui explique la situation, mais ça ne semble pas le perturber, contrairement à moi et mes 600 dollars de dépenses pour me loger. Il accepte volontiers de dormir chez Becky. On se retourne vers le vieil homme qui affiche un sourire chaleureux, un peu de chaleur dans ce monde de brute. Avant de nous diriger vers la maison d'hôte, le prince m'interpelle.

— Je n'ai pas de liquide, payez pour moi.

— Habituellement, je suis celle à qui on paye tout. Vous planquez votre argent par peur de manquer ?

Il explose de rire.

Je règle les quelques dollars de sa boisson, le vieil homme nous montre la route de terre à emprunter. Au bout d'une dizaine de minutes, on voit enfin la maison de cette logeuse. C'est charmant. Je frappe, une vieille dame m'ouvre avec une canne. Je lui expose notre problème, elle accepte de nous loger pour la nuit. Elle nous fait entrer, c'est très chaleureux. Le prince demande à emprunter son téléphone, mais il est hors service.

— Pas de bol, votre hélicoptère ne viendra pas vous chercher.

— Ce n'est qu'une nuit.

Pourquoi je suis convaincue du contraire.

Elle nous prépare des biscuits et du lait en collation. Je me sens retourner en enfance. Mes parents me manquent, des années à essayer de redresser ma situation pour pouvoir les retrouver.

Elle nous montre les deux chambres, je ne dormirai pas avec lui. Néanmoins, je ressens une déception insoupçonnée. J'en profite pour prendre une douche avec de l'eau froide. Ma température corporelle chute, c'est agréable. Je renfile mes vêtements, n'ayant pas de vêtements de rechange. La nuit est déjà tombée, je rejoins la vieille dame à la cuisine, une vraie pipelette. Elle doit se sentir seule ici au milieu de nulle part.

— Depuis que des engins ont pris d'assaut notre brigade, c'est devenu infernal.
Je fixe le prince, qui me fait les grands yeux.

— Que pensez-vous de ce complexe ?

— Ces pauvres Indiens ont tant souffert, qu'on les laisse en paix.

— C'est bien vrai, hein, Amir ?
Il me fixe avec un regard noir.

Après manger, on boit un thé sur le porche. C'est si paisible, les étoiles brillent de mille feux. Nous sommes interrompus dans cette nuit silencieuse par un bruit de tambour et un feu qui s'allume.

— Ce sont les Indiens. J'aime écouter leurs chants religieux.

— Vraiment ? On peut s'approcher ?

— Oui, allez-y. Attendez !

Elle entre dans la maison et nous donne une lampe à huile, je n'en avais pas vu depuis des années. Le prince me suit, on se dirige en se guidant au bruit. Nous arrivons à proximité, les regards se tournent vers nous. Une femme nous invite à nous asseoir autour du feu. On s'assoit et on observe leurs danses et leurs chants. Je me laisse vite emporter par ce bien-être, ma tête se pose sur l'épaule d'Amir. Je jurerai avoir senti ses lèvres sur ma tête. Mais je ne fais pas attention.

On reprend la direction de la maison de la vieille dame, quand le prince crie. Je ne pensais pas vivre pire, mais je me suis trompée. Il vient de se faire piquer par un scorpion.

— Ça va ?

— J'ai l'air d'aller bien ! Fais chier !

On accélère le pas et j'éclaire la zone pour éloigner les prédateurs. En arrivant, Becky semble nerveuse.

— Il faut freiner le venin !

— Comment ?

— Aspirer le sang. Dépêchez-vous !

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant