Chapitre 49

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Omeïr s'en va, je suis toujours dans un état second. Ally me prend dans ses bras, mais je ne réagis pas. Elle me conduit dans le salon et m'installe sur le canapé. Elle s'assit en se jetant à mes côtés.

— Alors là, je suis sur le cul.

— Je peux en dire autant.

— Tu vas faire quoi ?

— Je n'en sais rien, j'ai besoin de réfléchir et là, j'en suis incapable.

— Je comprends, repose-toi.

Je m'allonge, elle allume la télévision en bruit de fond, mais le choc est rude. Sa phrase me revient sans cesse en tête.

Alors pourquoi tu couches avec mon fils?

Cette phrase résonne dans mon esprit, je me lève et je cours aux toilettes. J'en suis malade, et après le choc, la chute. Mes larmes coulent, je crie de douleur et de frustration. Le père et le fils se sont bien moqués de moi. Je me dégoûte d'avoir aimé ses caresses, ses mots doux, nos ébats. Ally ouvre la porte et me prend dans ses bras. Je sanglote en tremblant. Dès que je me relève, je suis envoyée à terre. Elle m'aide à me redresser, elle me raccompagne dans ma chambre, me couche et rabat la couverture. Elle caresse ma tête, pendant que j'évacue mon dégoût et ma haine.

Le lendemain, mon téléphone sonne à plusieurs reprises, c'est un numéro masqué, c'est lui, mais je ne veux pas entendre parler de lui. Je suis vaccinée de lui, de toute cette manipulation pour me détruire.
Je me prépare, je dois revoir Catherine, je tente de me convaincre que je penserai à autre chose, au lieu de me morfondre sur mon sort.
Je suis devant la boutique, je m'arrête et observe cette devanture. J'ai tant aimé y travailler et c'est le début de mon cauchemar. Je pensais avoir fait un travail sur moi-même, si seulement c'était vrai. J'ouvre la porte de la boutique, je retrouve mes deux collègues qui se jettent sur moi pour me prendre dans les bras. Ça me touche énormément qu'elles m'apprécient vraiment.
Je me dirige vers son bureau, elle m'autorise à entrer, elle sourit avec tendresse, je reconnais la Catherine. Celle qui m'a pris sous son aile, qui a appelé un de ses amis proches pour me loger à titre gracieux.

— Assieds-toi, Inès.
Je m'assois.

— Tu te demandes pourquoi t'avoir rappelé ?

— Oui.

— Je voudrais m'excuser d'avoir été aussi stupide, d'avoir été influencé par des personnes sans importance.

— Je ne comprends pas.

— On m'a parlé de tes activités et j'ai été tellement déçu de l'apprendre, je te considérais
plus que mon employé.

— Moi aussi, Catherine, mais je ne le faisais pas par gaieté de cœur.

— J'imagine bien. Et tes parents ?

— Ils l'ont aussi appris, je pense, par les mêmes personnes. Et mon père m'ignore depuis.

— Il finira par te pardonner.
Je baisse mon regard, encore affecté par son ignorance.

Elle me pose des questions sur mon quotidien depuis ces derniers mois. Je vois en elle un soupçon de fierté. Je ne l'ai pas pour autant déçue, elle me dit être fière du chemin parcouru seule et endettée.

— Je vais ouvrir une boutique en Floride.

— C'est génial, Catherine.

— Attends, avant de t'extasier, j'aimerais que tu la diriges pour moi.

— Quoi ?

— J'ai pensé qu'en te rapprochant de ta famille, tu pourras œuvrer pour regagner leur confiance.

— Et mon école de stylisme.

— Tu finis tes trois mois, et tu t'envoles pour la Floride.

— Je ne sais pas quoi dire.

— Je t'autorise à y exposer quelques pièces de tes créations.

Je suis sans voix, quand je crois tout perdre, le seigneur m'envoie des signes. Je ne peux pas lui en vouloir, elle a tant fait pour moi. Je suis bouleversée, je craque, elle se lève et me prend dans ses bras. Ses bras chaleureux sont une bénédiction, j'ai tellement besoin de ses bras réconfortants, comme ceux de mes parents. Elle me libère et me laisse quelques jours pour réfléchir. J'observe la boutique, l'espoir renaît en moi.

En rentrant, Ally est entourée de fleurs et de cadeaux, elle ne sait plus où donner de la tête. Elle me tend plusieurs cartes, certaines sont d'Amir et d'autres de son père. Rien que cette pensée me dégoûte. Je déchire les cartes et les jette à la poubelle. Ally essaye les articles de luxe, je hoche la tête.

— Bah quoi ? C'est du Gucci !

— Mon Dieu, tu me fais peur.

— L'ancienne Inès, aurait crié, j'en suis certaine.

— Non, j'aurais sauté sur place.
Elle rit.

On discute en mangeant de la proposition de Catherine, elle est tellement fière de moi. Je suis touchée que certaines personnes croient encore en moi.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant