Chapitre 20

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Je me fige, je ne sais pas si je dois rire ou prendre au sérieux sa phrase. Le serveur interrompt cette situation délicate en nous déposant le menu. Je le saisis et me cache derrière le menu. Il a dû remarquer ma gêne, je l'entends rire, je pose brusquement le menu.

— Espèce de prince à la noix.

— Choisis ton plat.

— Serait-ce un dîner aux chandelles ?

— Tu vois des chandelles. Et puis tu vas payer ta part.

— Pourquoi ça ne m'étonne plus.
Il sourit.

Je fais attention au plat que je choisis, je connais les additions de ce genre de restaurant. On mange en discutant du planning de la semaine. Ce dîner se transforme en dîner d'affaires, quelle désillusion, j'explose de rire. Il ne comprend pas ma réaction.

— Quoi ?
Je continue de rire, impossible de m'arrêter.

— Rien, c'est juste la situation qui est drôle.

— Quelle situation ?

— Moi, apprêtée pour une réception à discuter du travail.

S'il avait compris que je m'attendais à être courtisée depuis cet échange de baiser, il fait marche-arrière.On finit de dîner, comme convenu, je paye ma part. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer de notre situation. On marche en direction de sa voiture.

— Bien, merci pour cette sortie intéressante.

— Où vas-tu comme ça ?

— Chercher un taxi.

— Monte.

— Non, ne t'oblige pas à le faire. Tu as posé des règles.

— Inès monte.

Mais je ne l'écoute pas, je compte bien aller au bout de ce jeu qu'il a lancé. La route est déserte, mais j'en ai vu d'autres. Au bout de cinq minutes de marche, ma blessure me lance. Des années que ça n'avait pas été le cas. Je sens une voiture s'arrêter à mon niveau.

— Il n'y a pas de taxi.
Je souffle fort.

— Amir, je ne veux pas de ta pitié. Je préfère quand tu ne me ménages pas.

— Ce n'est pas de la pitié. Mais tu vois bien que c'est désert.

— Tu t'inquiètes?

Je lui fais face, il pose ses mains sur le volant et les sert aussi fort qu'il le peut.

— Inès monte !

Ma blessure me lance de plus en plus, je rejoins sa voiture en boitant. Dans la voiture, l'ambiance est pesante. Je me focalise sur ma douleur, des gouttes de sueur perlent mon front.

— Tu devrais consulter.

— Une simple entorse.

S'il savait que j'avais consulté les meilleurs chirurgiens, et je suis allée de déception en déception. La voiture s'arrête devant mon immeuble. Je descends, il me retint le bras, je fixe sa main.

— Dans quelques semaines, on s'envole pour la Floride.

Mes yeux s'illuminent, j'ai envie de sauter de joie, cinq ans que je n'y avais pas mis les pieds. Finalement, ce prince est une bénédiction. Je hoche la tête en guise de réponse et je rejoins mon immeuble le sourire aux lèvres. Je vais revoir mes parents, mais je souhaite garder le secret et leur faire une surprise. J'ouvre la porte et m'appuie sur la porte, la douleur est toujours là. On frappe à ma porte, j'ouvre sur Amir.

— Un problème.

— Non, mais j'ai pensé qu'on devrait parler de ce qui s'est passé.

— Ah.

Je me décale pour le laisser entrer, je rejoins le canapé en boitant. Je retarde la prise de médicaments, mais je souhaite entendre ce qu'il souhaite me dire. Il s'assoit à mes côtés et
joue avec ses mains. Je le devance et romps le silence.

— Je sais ce que vous, enfin ce que tu vas me dire.

— Ah bon ?

— Oui, une erreur.

— Je n'en suis pas si sûr.

Non, je ne m'attendais pas à ça, je suis troublée. J'avais beau espérer ce discours, mais ma rationalité prenait le dessus au détriment de mes envies. Je souris, c'est presque inattendu.

— Et ?

— Je ne sais pas, Inès.

— Je comprends que sortir avec une escorte, c'est enfreindre le code d'honneur des milliardaires.

— Tu n'y es pas. On devrait se laisser du temps.

— On devrait.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant