Chapitre 19

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Une semaine qu'il n'a pas donné signe de vie. Je tourne en rond chez moi, sans travailler. Je n'ai aucun moyen de le joindre. Il m'appelle en masqué, je ne sais pas quoi faire d'autre qu'attendre.

Dans l'après-midi, quelqu'un sonne chez moi, je reprends espoir. Mais mon espoir est de courte durée, il s'agit d'un livreur. Il me tend une lettre, ce qui me trouble davantage. J'ouvre la lettre, c'est un message d'Amir. Il souhaite faire de moi son assistante pour les quelques semaines restantes. La proposition ne me dérange pas, mais pourquoi ne pas m'avoir contacté directement. Il regrette fermement ce baiser, je ne lui en veux pas. Je vais l'effacer de ma tête et reprendre ma stature habituelle.

Le lendemain, je me prépare pour ma journée de travail. Un travail classique, qui ne porte pas à confusion. Je me rends à l'adresse indiquée sur le mot, un quartier d'affaires, je n'y avais jamais mis les pieds. En cinq ans, je n'ai pas vu grand-chose de cette ville. Je ne faisais que travailler à la boutique et à mes sorties pour mes escorting.

À l'accueil, on m'a adjoint de rejoindre le bureau d'Amir. Il possède visiblement plusieurs bureaux. Je monte à l'étage indiqué et je me trouve devant sa porte. Je souffle avant de frapper, la situation risque d'être gênante. Il m'évite et je connais la raison. J'ouvre la porte, il ne me regarde pas.

— Un café.

— Quoi ?

— J'ai besoin d'un café.

J'observe le bureau, il y a un enfoncement au fond du bureau, il s'agit d'une pièce de repos où une machine à café sophistiquée est disposée. Je me saisis d'une tasse, je commence à regarder sur internet son fonctionnement. J'applique à la lettre le tuto et j'ajoute une touche personnelle dans le café, de la cannelle. Je me dirige avec son café fièrement, il le goûte, il semble apprécier.

— J'ai besoin du dernier bilan.

— Où est-il ?

— À la comptabilité.

Je fais le tour de cette structure pour trouver la comptabilité, je remonte avec le bilan. Quand j'entre dans la pièce, il m'observe avec colère.

— J'ai déjà le bilan ! Quarante minutes que tu es censée aller le chercher !
— On se calme ! C'est mon premier jour.

Il ne me répond pas et me redemande un café. Toute la matinée, j'ai été baladé de service en service, je suis épuisée. Une fois dans son bureau, je m'affale sur le sofa. Il continue de travailler, je ne prête pas attention à lui.

— Allez déjeuner !

—  Bien.

Je rejoins la restauration d'entreprise, personne ne souhaite s'installer avec la nouvelle. Ça m'est égal, je ne suis là que pour quelques semaines, ensuite je retournais auprès des miens en Floride.

Le reste de l'après-midi, il me fait vivre un enfer, je n'ai jamais travaillé dans ce genre de structure, mais je m'adapte. Mon père disait que c'était une de mes qualités. Ce qui a le don d'agacer Amir, il ne s'attendait pas à mon aisance dans ce genre d'emploi.

En fin de journée, il m'annonce avoir besoin de moi pour la soirée. Je ne comprends pas son comportement.

— Je ne suis pas payée pour travailler avec vous la journée et vous accompagner le soir.

— Je double votre contrat.

Je le fixe,  choquée par sa proposition.

— Bien.

Il s'assoit abattu. J'ai du mal à le suivre. Qu'est-ce qu'il attend de moi ? Que je craque, je ne le ferai pas, j'ai trop besoin de cet argent. Mon bien-être passe au second plan.

— Rentre te préparer.

Je fais ce qu'il me dit. Cette fois, il ne m'a pas envoyé de robe à payer. Je choisis dans ma garde-robe. Je me prépare, il m'appelle pour me donner l'adresse, je dois m'y rendre à mes frais. Étrangement, je ne suis même plus surprise. Je me contente d'appeler un de mes contacts, qui accepte de me déposer.

En voiture, je repense à cette soirée dans le désert. C'était mystique, je dois admettre qu'il me fait éprouver de multiples émotions. Je peux passer de la haine à l'ambiguïté en quelques secondes.

Je descends et remercie mon chauffeur de la soirée. Je suis devant un restaurant. Je fais un tour sur moi-même, mais aucun doute, c'est dans ce restaurant qu'il m'attend. Quand je franchis le seuil, un vent balaye mes cheveux. Mes yeux se posent sur lui, assis à une table. Je  vie cette scène comme dans un film à l'eau de rose.
Je le rejoins à la table, il défait sa cravate. Ce geste ne trompe pas, je lui fais de l'effet, ce qui semble le déranger. Je m'assois lentement pour observer ses réactions, il s'affale sur sa chaise. On ne se lâche pas du regard.

— Si tu continues à me regarder comme ça, on va passer directement au dessert.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant