Chapitre 45

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Je finis mon petit déjeuner, les sœurs d'Amir ont heureusement quitté la table bien plutôt. Leurs regards me coupent l'appétit. Une fois sorti, j'ai nourri ma faim. Je me dirige vers le bureau d'Amir, je frappe à la porte. Et j'attends qu'il m'ouvre, je ne souhaite pas voir quelque chose qui pourrait me bouleverser. Il ouvre la porte.

— Pourquoi n'es-tu pas entré ?

— La dernière fois, tu faisais des choses.

— Ah. Non, rassure-toi.

Il sourit gêné, je le trouve tellement touchant. Il m'invite à m'installer sur une des chaises.

— Tu pourras rentrer dès que tu le souhaiteras.

— C'est que je n'ai pas fini, il me faudrait d'autres informations.

— Je t'enverrai ce que tu veux.

— Bien.

Je suis accablée, il tente de me débarrasser de moi. Mettre confiée à lui était une mauvaise idée, je le regarde, attristée. Je me relève et me
dirige vers la sortie.

— Hey Inès, où est-ce que tu vas comme ça ?

— Préparer ma valise.

— Je ne me débarrasse pas de toi, d'accord ? Je te libère simplement.

— Bien.

Je ne peux pas m'empêcher d'être blessée, je souris faussement et me dirige vers la porte de son bureau. Je me vois courir dans les couloirs et rejoindre ma chambre. Je ferme la porte à toute vitesse.

— Inès.
Il frappe à plusieurs reprises.

— Ouvre-moi.

— Non.

— Ouvre ou je force l'ouverture.

— Tu n'as pas une fiancée à contenter.

— Putain, ouvre !

J'ignore, il finit par repartir, à mon plus grand soulagement. Je déteste me laisser aller à nouveau avec lui. Il a commis un acte odieux et je devrais continuer à le haïr : mais la vérité, c'est que je ne peux pas. Il réussit à me toucher, avec ses caresses, ses mots, ses gestes, ses attentions.

Je commence à préparer ma valise, je me convaincs que c'est la meilleure chose à faire pour s'éloigner le plus loin possible de lui. Reprendre le cours de ma vie. Roberto va lui dessiner la plus belle des robes pour sa fiancée.
Je déjeune dans la chambre au calme, je ne sors quasiment pas de la chambre. J'entends des petits cailloux tomber sur les vitres des fenêtres. Je me relève, je vois Amir en bas, qui me fait signe de venir. Je décline, il se saisit du téléphone et me mime le numéro de téléphone de Roberto. C'est un gamin, je cours vers la porte et je rejoins à toute allure les jardins. Quand je suis à l'endroit où il se tenait, il n'est plus là. Mais je sens ses mains se poser sur mes yeux, je pose mes mains sur les siennes. Je sens ses lèvres se rapprocher de mon oreille. Il me murmure :

— Es-tu prête ? Moi, je le suis.

Il retire ses mains de mes yeux, il me fixe intensément, ma poitrine se soulève par l'émotion que cette phrase a suscité en moi.
Il me prend la main et nous dirige vers le porche, sa voiture nous y attend. Où veut-il encore m'emmener ?
Je ne lutte pas, ce serait inutile, il semble avoir une idée derrière la tête. On roule depuis de longues minutes, la nuit commence à tomber. Toujours la même musique qu'on marmonne à l'unisson. On sourit quand nos regards se croisent.
Il arrête la voiture devant des hommes qui tiennent une torche. Je me souviens de notre précédent voyage. C'est l'un de nos premiers rapprochements, c'est très symbolique. On nous dirige vers la tente où nous avions séjourné. Le ciel étoilé est fabuleux. On nous installe, on s'observe intensément. Les souvenirs nous viennent à l'esprit. Je pourrais lire en lui à cet instant. Le repas est vite expédié, nous n'avions pas tellement faim.

— Je n'ai rien dit à ton père.
Je le fixe, troublée.

— Quoi ? Ça ne peut être que toi ! Tu m'as abandonné à l'hôtel.

— Ce n'est pourtant pas moi, je n'ai pas pu le faire.

— Pourquoi ?

— Tu me faisais ressentir des choses que je ne comprenais pas.

— Alors qui ?

— Je ne sais pas.

Je ramène mes jambes à ma poitrine. Des mois à le détester, tout ça s'envole comme par magie.

— Mais tu n'as pas essayé de me convaincre.

— C'était trop tard. Et je suis partie à cause d'une affaire urgente.

— J'avais envie de t'arracher le cœur.

— C'est compréhensible, mais je n'y suis pour rien.

Michto malgré moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant