La Faucheuse

Chapitre 42 - Une pilule dure à avaler.

Gwen

Je continue à faire défiler les pages sous mes yeux, cherchant une information, n'importe quoi, qui contredirait la conclusion au dossier. Mais les minutes passent, et rien. Alors je clique sur la croix rouge en haut à droite et éteins l'ordinateur.

Mon cœur tape si fort contre ma poitrine que cela en devient douloureux. J'ai les yeux remplis de larmes contenues et malgré la présence silencieuse de Dax dans mon dos, je n'ai pas la force de parler la première.

Pas après avoir appris qu'un antidote à la faucheuse a été découvert il y a sept ans.

Dax était-il au courant depuis tout ce temps ? Je me crispe inconsciemment à cette idée, que je refuse de croire.

— Je te jure que je ne le savais pas, Gwen me dit-il en croisant les bras.

Sa manie de lire dans mes pensées devient réellement angoissante. Néanmoins, je le crois. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est une certitude. Il m'a prouvé plus d'une fois qu'il était contre les sessions et cette société qui met sur un piédestal les hommes quitte à nuire aux femmes. Il ne participe pas aux sessions, c'est toujours le premier à me donner une cigarette ou un verre, il est celui qui m'a poussé à regarder au-dessus de mes œillères pour trouver plus de personnes pour la résistance. Il a toujours été poli et courtois avec les femmes qui l'entourent, même celles qui se jettent dans ses bras.

Non, Dax n'est pas de ceux à qui cela profiterait de garder notre gouvernement et nos lois en place.

Quant au Gouverneur...

— C'est une véritable bombe qui se trouve sur cette clef Dax, je souffle.

Je me tourne enfin vers lui, dont les sourcils sont froncés, le regard grave.

— Que comptes-tu faire de cette information ?

Impossible de savoir à quoi il pense. Son visage est fermé. Mes poils s'irisent. Un mauvais pressentiment me noue la gorge.

— Dax... je ne peux pas garder ça pour moi...

— Tu te rends compte que si tu divulgues ça, ce n'est pas seulement le Gouverneur, mais tous le Nouveau Monde et sur quoi il est fondé que tu mets en péril ?

Son ton est dur, inflexible.

Je me lève doucement de ma chaise et lui fais face. Une douleur sourde me plombe l'estomac. J'ai l'impression de recevoir un coup de couteau en plein cœur.

— Dax... ne fait pas ça...

Je recule instinctivement, arrachant la clef USB de son emplacement et la serre fort dans ma main que je glisse derrière mon dos, comme un rempart. Ses yeux si particuliers suivent mes mouvements, comme un chasseur devant sa proie. Il hausse un sourcil, piqué.

— Gwen... que crois-tu exactement ?

Sa voix se fait prudente. Il dénoue ses bras qui tombent le long de son corps raidi. Je continue de reculer prudemment vers la porte du bureau qui me parait si loin désormais.

— Tu es l'un des gardes du Gouverneur, mais aussi son espion. J'en tire les conclusions qui s'imposent.

La vive douleur qui traverse ses iris me prend au dépourvu.

— Tu ne me fais toujours pas confiance.

Ce n'est pas une question, mais une affirmation. Une grimace teintée de déception tire ses traits.

Puis-je réellement le croire quand tout m'indique qu'il se sent affecté par ma méfiance ?

— Que puis-je faire pour que tu puisses enfin croire en ma sincérité, Gwen ?

Je secoue la tête, les larmes aux yeux. Larmes que je me refuse de laisser couler une nouvelle fois.

— Je ne sais pas.

Je ne peux pas être plus honnête. Je suis perdue. Je ne peux pas prendre le risque de recevoir un coup de poignard dans le dos. Beaucoup de vie sont en jeu.

Il se rapproche de moi comme devant un animal blessé. Ce que j'ai l'impression d'être à l'heure actuelle.

Il tend les mains en signe de déférence.

— Gwen... je suis de ton côté. Peu importe ce que tu décides de faire, je suis avec toi, mon ange.

— Je dois le dire... comprends-moi.

Je secoue la tête. Une larme solitaire coule le long de ma joue que j'essuie avec hargne face à ma faiblesse.

Il opine du chef.

— D'accord. OK. Quel est le plan ? J'ai des contacts si tu as besoin.

Mon cerveau carbure à mille à l'heure depuis cette découverte. Mais une chose est sûre. Plus de monde est au courant, mieux c'est.

— J'ai une idée, mais...

Tout d'un coup, l'adrénaline qui court dans mes veines me donne le coup de fouet dont j'avais besoin. Je souffle un bon coup, ma décision prise. Je mets ma vie en jeu en lui accordant ma confiance. Confiance que je n'ai jamais offerte à un homme. Néanmoins, Dax est l'exception depuis le premier jour où mon regard a croisé le sien.

— Tu risques de ne pas apprécier, je le préviens.

Il s'avance jusqu'à ce que son corps se colle au mien. Ses mains sur mes joues, qu'elles caressent avec une affection particulière au fond de ses yeux.

— Je suis avec toi, quoi qu'il arrive, mon ange.