La Faucheuse

Chapitre 38 - Retour des barrières.

Gwen

C'est normal d'être excitée après la démonstration de force de Dax ? De l'avoir vu en quelques secondes maîtriser un individu et l'avoir mis KO sans même être essoufflé ?

Putain ! non, ce n'est pas normal !

Mon cœur tape frénétiquement contre ma cage thoracique, mon souffle est court et le début d'humidité entre mes jambes me chauffe les joues.

J'attrape le bras de ma mère et fuis à toute jambe dans la seule autre pièce de cette maison. Heureusement, c'est sa chambre.

— Tu m'expliques pourquoi le gardien personnel du Gouverneur est venu avec toi me chercher ? attaque ma mère, à peine passée la porte. Ah ! et j'aimerais aussi savoir pourquoi il se dit être ton petit copain ! bon sang, Gwen ! tu veux te faire tuer ?! Je pars trois mois et voilà ce qui se passe !

Cela ne m'avait jamais effleuré l'esprit qu'elle puisse connaitre Dax et Gabriel. Au moins de vue. Le fait qu'elle soit la femme de ménage au Capitole y est sans aucun doute pour quelque chose. Heureusement, elle a tenu sa langue devant le révérend quand nous nous sommes présentés à sa porte.

Sa voix frise l'hystérie. Je lui prends ses mains et les presse gentiment, mais fermement.

— Ce n'est ni le lieu ni le moment. Tu es partie depuis trois mois et il s'est passé pas mal de choses depuis. Je vais te mettre au courant sur la route du retour, mais pour l'instant, j'ai besoin que tu prennes le strict minimum et que l'on déguerpisse d'ici tout de suite.

***

Il nous faut moins d'une minute pour boucler son sac et deux de plus pour sortir du village sans croiser personne.

Quand nous avons émergé de la chambre, nous sommes directement tombés sur Dax, un énorme sourire aux lèvres et je n'ai pas osé lui demander ce qu'il avait fait du révérend. Mais il a dû deviner mes pensées, car sa réponse à ma question muette a été « là où est sa place ». Je n'ai pas cherché plus loin. Certaines choses doivent demeurer secrètes, je pense.

Il a demandé à ma mère de lui montrer la clef et de lui donner. Elle a évidemment refusé en avançant l'argument « assurance vie » tant qu'elle est en possession, elle reste en vie.

Je n'ai pas pris le temps de lui dire qu'elle n'allait pas mourir de toute façon.

Pas des mains de Dax en tous cas.

Depuis quand on lui fait confiance au juste ?

Je pousse un soupir de soulagement quand nous arrivons à une bonne centaine de mètres de distance entre nous et le village.

— Madame, chuchote une petite voix.

Je hurle de peur quand une main sort d'un buisson collé contre une maison en ruine et attrape l'arrière de mon sweat.

Entrainé comme il est, Dax dégaine son arme, prêt à tirer, quand il reconnait la chevelure rousse et emmêlée de Nina.

— Putain, gamine ! J'ai failli te descendre !

Sa voix gronde de reproche, mais aussi de soulagement de ne pas avoir tiré.

— Emmenez-moi ! s'il vous plait ! je serais discrète, je ne mange pas beaucoup et je peux même me débrouiller pour trouver de la nourriture toute seule ! vous ne m'entendrez pas et je pourrais faire votre ménage et même votre lit à vous et monsieur ! je me ferais vraiment très discrète ! s'il vous plait...

Ses yeux sont larmoyants, son plaidoyer la laisse essoufflée. Le dos courbé et les mains jointes, elle est à deux doigts de se mettre à genoux.

Mais que lui est-il arrivé ?