Chapitre 47 - Et si c'était la fin ?

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Gwen

J'ai toujours mis un point d'honneur à ne jamais faire confiance à qui que ce soit. Dès mon plus jeune âge, j'ai appris que la confiance était quelque chose de précieux qu'il ne fallait pas donner à l'importe qui. Donner sa confiance, c'est donner un libre accès à ton cœur et la possibilité de te le briser.

Mais surtout, tu ne sais jamais si tu l'as aussi en retour. Et quand ce n'est pas le cas, en plus de finir avec le cœur anéanti, tu te rends compte d'avoir été une imbécile aveugle.

Quand tu grandis dans une crèche, tu deviens méfiant envers tout le monde. C'est un peu comme faire du surf au milieu de requins déguisés en dauphins. Toi, tu ne te fais pas berner. Non. Tu continues à glisser sur les vagues en gardant le gang du coin de l'œil pour être sûr qu'ils ne viennent pas te mettre un coup d'aileron pour te faire tomber et te bouffer. Tu sais que ça viendra, c'est dans leur nature après tout. Mais tu continues à faire ta vie comme bon te semble.

Puis j'ai baissé ma garde.

Je me suis laissé approcher, j'ai oublié que derrière le masque se cachait un prédateur de la pire espèce.

L'être humain.

On ne m'y reprendra plus.

C'est terminé.

Je fixe le dos de Dax d'un œil mauvais. Je me sens salie d'avoir cru à ses belles paroles. J'ai vraiment, pendant un court moment, pensé qu'il était différent des autres. Que je comptais réellement pour lui. Ses gestes, sa prévenance, ses attentions... Il a tout fait pour que je m'enlise dans la toile qu'il a tissé tout autour de moi. Je n'ai rien vu venir, trop éblouie par lui et ce qu'il s'est acharné à me faire ressentir.

Et une fois que les sentiments sont là. Que le mot commençant par un A m'effleure l'esprit... je suis écœurée. Je n'ai pas d'autre mot à poser sur ce que je viens d'entendre.

— Mon ange, je t'expliquerai tout ça après. Tu auras même la possibilité de m'en coller une, d'accord ? Mais j'ai besoin que tu restes concentrée.

Sa voix rauque et basse me ramène à l'instant présent. Lui qui a l'air si calme alors qu'à l'intérieur de moi, c'est un maelstrom d'émotions plus contradictoire les unes que les autres.

Comment pourrais-je passer au-dessus du fait qu'il soit le petit fils de celui qui a instauré le viol sous couverture de devoir repeupler le monde ? Le fils de celui qui n'a pas eu une once de remords à me faire du chantage sexuel afin de garder ma grand-mère auprès de moi ?

J'ai envie de hurler.

— Elle n'a pas l'air au courant vu la tête qu'elle tire. T'aurais-je cassé ton coup, fils ?

— Ne fais pas celui qui s'intéresse un minimum à ma vie, Gouverneur. Un père n'aurait pas envoyé son fils se faire tabasser chaque jour par ses soldats avec comme excuse de lui forger le caractère et savoir résister à la torture de l'ennemi. Il n'aurait pas non plus approuvé de le laisser vivre dans les plaines désertes pendant un mois sans le moindre vivre et de quoi se défendre contre les animaux sauvages alors qu'il n'est âgé que de quinze ans, single-t-il, son arme, toujours pointée sur le Gouverneur. Un vrai père ne laisserait pas des enfants faire des sessions, ne laisserait pas sa fille, sa sœur ou la mère de ses enfants, dans une situation pareille.

La FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant