Chapitre 37 - Un homme de plus.

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Dax

Pendant ma formation, l'une des choses que l'on m'a enseigné sont les micro-expressions. C'est un outil de travail très apprécié quand nous sommes face à des personnes qui cachent des choses. Par exemple, pour Némésis, cela m'a été fort utile...

J'ai mis des mois avant d'arriver, ne serait-ce qu'à comprendre le mécanisme. Mes premières réussites n'ont été constaté qu'au bout d'un an.

Et aujourd'hui, je remercie ma persévérance et l'acharnement de mes tuteurs. Car le révérend Mathews m'a l'air d'être une belle ordure.

Sa première erreur a été la lueur furtive de lubricité qui a traversé son regard quand il s'est posé sur Gwen la première fois. Ensuite, le rapide plissement de supériorité de ses yeux quand Nina s'est adressée à lui. Mais le plus visible aura été le pincement de contrariété de ses lèvres quand Gwen a demandé à voir sa mère.

Dans un duo, je suis celui qui ne dit rien, mais qui voit tout. Notre dynamique avec Gwen est vraiment bonne. Elle sait que c'est à elle de mener les questions, je suis simplement là pour dénicher les menteurs.

Et le révérend en est un.

Néanmoins, je l'ai laissé croire que nous étions ignorants, je voulais le pousser à dévoiler toutes ses cartes avant de brandir mon joker du nom de Gouverneur Fire.

Celui-ci est trop précieux et dangereux pour être confié à n'importe qui.

Mais qu'il veuille venir avec nous à la ville ? Je ne suis même pas surpris... après tout, un manipulateur comme lui serait aux anges et bien accueilli. Mais il en est hors de question.

Gwen ne sait pas quoi répondre. Je la vois ouvrir et fermer la bouche, puis se tourner vers moi, les yeux écarquillés de stupeur.

— Pas possible. Nous ne pouvons pas rentrer comme ça. Cécile est une native. Vous êtes un nouvel arrivant. Il y a des papiers à remplir au préalable. Aller vous renseigner aux postes d'avant-garde, nous ne sommes pas votre garde personnel.

Il me fixe, avec un visage qu'il veut neutre, mais qui me livre sa contrariété. Il réfléchit à un moyen de me faire plier. Son coup d'œil rapide en direction de Gwen m'irrite le poil.

— Vous êtes un gardien, de toute évidence, pour accompagner une jeune femme dans le but de retrouver sa mère.

Il essaye de se faufiler entre les mailles du filet.

— Non. Je suis juste un gars qui accompagne sa copine à l'extérieur.

Gwen se crispe intégralement contre mon flan. Nous n'avons pas mis de mot sur ce qui s'est passé dans la supérette. Et pour être honnête, nous n'en avons pas eu le temps car une fois sur la route et remise de ses émotions, elle s'est complètement refermée. Le fait qu'elle se soit mise à sangloter dans mes bras après que je l'ai fait jouir est aussi sur ma liste de conversation à avoir avec elle.

Mais quand je vois l'éclair victorieux traverser ses traits, je me rends compte immédiatement de ma connerie.

Putain !

— Il n'y a pas une loi qui interdit le rapprochement entre homme et femme de quelque manière que ce soit ? À moins que cela ait changé...

Il sait très bien que non ce connard.

Si la méthode douce ne fonctionne pas, il aura la manière forte. Hors de question de prendre le risque de mettre Gwen en danger pour une merde comme lui.

Je me lève tranquillement de la place, et lui tends la main en signe d'accord tacite. J'attrape sa paume moite entre mes doigts et serre fort pour le maintenir en place. Je lui tords le bras et le bloque dans son dos, puis enroule mon autre avant-bras autour de son cou pour faire pression sur sa trachée. Et j'attends, j'attends... jusqu'à ce que ses muscles se détendent et qu'il s'affaisse contre mon torse.

Je le lâche et il s'effondre au sol.

Le cri d'épouvante de Cécile me ramène à l'instant présent.

— Vous avez deux minutes montre en main pour ramasser vos affaires et partir.

Bouche ouverte, elle me regarde, alarmée.

Je frappe fort dans mes mains pour la sortir de sa léthargie.

— Tout de suite !

Gwen, dont les pommettes sont rouges, attrape le bras de sa mère et l'entraine dans la seule autre pièce de cette maisonnette : la chambre.

— Et n'oubliez pas la clef USB !

Moi, pendant ce temps, je vais ficeler ce cher révérend comme un cochon. 

La FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant