Chapitre 11 - Confidence pour confidence.

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Gwen

Le reste de la nuit se passe relativement bien. Nous discutons tous les trois, même si Dax ne participe que très peu à la conversation. À vrai dire, c'est Gabriel qui la monopolise entre anecdotes et souvenirs. Je me suis surprise plus d'une fois à apprécier échanger avec lui. Pas au point d'organiser des pyjamas party, mais assez pour se voir de temps en temps autour d'un verre.

Quand vient l'heure pour Gabriel de rentrer, il me fait promettre de se revoir très vite, ce que j'accepte avec plaisir avant de reculer d'un pas quand il montre l'envie de m'étreindre avant de partir.

Quant à Dax, il reste pour finir son verre sans parler, à se faire aguicher par une Maeve qui a trop forcé sur l'alcool.

Elle est aussi douce sobre qu'elle est une salope bourrée. Elle est fascinante et j'adore ça chez elle : son côté prude au premier abord puis quand on la connait, on ne peut plus se passer d'elle. Elle a une confiance en elle de dingue et sait que son corps voluptueux et sa crinière de feu font sensation auprès de la gent masculine. Entre les sessions, elle ne cherche pas le besoin de féconder, mais juste le plaisir de la chair.

Et ce soir, elle compte repartir avec Dax.

Je ne peux pas lui en vouloir. C'est bien la première fois que l'on a des hommes ici. Alors le fait qu'il transpire le charisme et la puissance brute ne laisse aucune femme présente indifférente.

Oui, au bout de quatre verres, je me compte parmi elles...

J'aurais presque envie de rire de la situation si je n'avais pas un pincement au cœur pour celle qui se fait éconduire depuis le début de la soirée. Il reste courtois dans ses paroles, mais je sens qu'il commence à saturer. Ses épaules sont crispées, sa mâchoire tressaute et ses doigts autour de son verre, bientôt vide, blanchissent.

Maeve se penche pour la énième fois à son oreille.

— Toi et moi, dans l'arrière-cour, beau gardien.

Elle essaye de chuchoter, mais c'est loin d'être une réussite. Ses yeux sont luisants par son taux d'alcool et légèrement rougis. Cependant, ses mains qui caressent le t-shirt noir de Dax sont assurées. Ses doigts glissent entre les sillons de ses abdos bien dessinés que l'on aperçoit à travers le fin tissu.

Il termine son verre d'une gorgée et lui attrape le poignet calmement, avant de se tourner vers elle. Son regard la scrute attentivement pendant quelques secondes, avant de la relâcher. Il se lève du tabouret et sa haute stature éclipse totalement Maeve qui est aussi petite que moi.

C'est à ça que nous ressemblons côte à côte ? Mais je dois avoir l'air d'une Lilliputienne !

Il lui passe son pouce sur sa lèvre inférieure avant de remonter son doigt le long de sa joue.

— Ma jolie, sache qu'avec moi c'est pendant les règles ou par le cul. Je ne suis pas un tendre, je ne fais pas dans les mots doux et encore moins dans la douceur.

N'ayant plus aucun moyen de contraception disponible sur le marché, je peux comprendre son envie de ne pas féconder par inadvertance sa partenaire.

Il lui replace une mèche derrière l'oreille, ce qui nous donne un frisson à toutes les deux. Ses mèches brunes retombent sur ses yeux, mais je sens l'intensité depuis mon tabouret, comme si c'était moi qui étais la cible de son regard.

— Mais de toute façon cela n'arrivera pas. Tu as bu.

Il recule d'un pas et pose plusieurs billets sur le bar. Assez pour payer toutes les consos de la soirée.

Putain, c'est bien payé, gardien du Gouverneur !

— Et pour finir, je suis un homme qui ne joue pas sur plusieurs tableaux. Quand j'ai une cible, je ne la lâche pas avant de l'avoir faite mienne.

Il lui tourne le dos et se dirige vers la sortie. Mais quand il passe à côté de mon tabouret, il s'arrête et tourne son regard perçant vers moi.

— Il se trouve que j'en ai une dans le viseur depuis peu.

***

Ne me demandez pas comment j'arrive à rentrer chez moi sans incident car je ne le sais pas moi-même.

Entre l'alcool qui m'embrume le cerveau et les dernières paroles de Dax qui tournent en boucle dans ma tête, il est difficile de se concentrer plus de cinq secondes. Allongée sur mon canapé — Nana étant dans mon lit — je fixe le plafond qui tangue. C'est donc que, d'une manière ou d'une autre, j'ai réussi à trouver mon chemin.

Cette fin de soirée m'a fait du bien.

Voilà. C'est dit.

Je me cache les yeux, comme si mes pensées avaient pu être lu par une tierce personne. Honteuse de ressentir tout ce maelstrom d'émotions.

Qu'est-ce que je ressens d'ailleurs ?

Mon cœur est meurtri par les derniers événements, même si l'alcool m'aide à faire passer cette sensation au second plan.

Je lutte toujours contre cette envie d'aller me laver encore une fois, car je sais que la crasse dont je veux me nettoyer n'est pas sur ma peau, mais sur mon âme.

Ce qui me perturbe le plus, allongée sur les coussins défraîchis de mon deux-places, c'est l'émotion du ravissement d'avoir passé du bon temps avec Gabriel.

Et Dax, mais passons.

Je découvre que j'aimerais, que j'ai envie même, de remettre ça une prochaine fois.

C'est l'alcool qui parle. Je ne vois pas d'autre possibilité.

Néanmoins, je m'endors avec une seule image en tête : des yeux vairons qui fouillent mes pensées et dont une voix grave en fond me murmure à l'oreille de courir aussi vite et loin que possible pour échapper au loup qui me traque. 

La FaucheuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant