La Faucheuse

Chapitre 43 - Moteur... ça tourne !

Dax

C'est une putain de mauvaise idée.

Voilà ce que je me répète depuis deux jours. Deux jours où la bombe anarchiste m'a explosé en pleine gueule.

Putain de Gouverneur.

Je me frotte le visage à deux mains, un poids aussi lourd que le Capitole au fond de l'estomac. La culpabilité tiraille mes entrailles, comme un foutu parasite qui se nourrirait de cette émotion beaucoup trop familière, depuis que j'ai décidé de me lancer à corps perdu dans mes sentiments pour une petite blonde au caractère farouche.

Que restera-t-il de nos possibilités d'avenir si jamais elle apprenait toute la vérité ?

Aucune chance qu'elle ne me le pardonne.

Sa confiance si durement acquise se volatilisera en fumée aussi sûrement que le ciel est aussi bleu que ses yeux.

Je ne l'ai pas vu depuis que nous avons quitté le repère main dans la main et que je l'ai embrassé devant la grimace de dégoût de son frère. Frère qui s'est rependu en excuse dès que Gwen a foulé le sol du bar. Nina, un sourire contrit sur les lèvres, l'a prise dans ses bras pour lui murmurer des paroles d'explications pleines de regrets.

Comme depuis leur rencontre, mon petit ange ne sait pas lui tenir rancune. J'aime voir ses barrières si durement bâties, fondre comme neige au soleil devant cette petite rousse.

Assis sur le parvis du Capitol, j'expulse la fumée âcre de ma cigarette dans l'air chaud de cette journée ensoleillée. J'observe d'un œil distrait les citoyens de Washington vaquer à leurs occupations sans savoir ce qui va bientôt leur tomber sur le coin de la tronche.

C'est une révolte qui s'annonce. Une guerre civile approche.

Comme un sixième sens, mon corps m'avertit de l'arrivée de Gwen avant que ma vision ne tombe sur son déhanché ensorcelant.

Elle est d'une beauté pure et, aussi étonnant que cela puisse paraitre, elle ne semble pas se rendre compte des œillades de convoitises, des hommes comme des femmes, qu'elle attire sur son passage. Et savoir que son sourire éblouissant n'est seulement destiné à moi me rend fière.

— Dax, me salue-t-elle, une moue séductrice sur ses lèvres que je rêve de pouvoir dévorer aux yeux de tous.

Je me redresse et la surplombe de toute ma hauteur. Elle parait si petite et si fragile face à moi qu'une envie folle de la protéger me prend subitement.

Ce que nous allons faire dans deux minutes doit sûrement en être la cause.

Je me penche légèrement vers elle. Assez pour envahir son espace vital, mais pas tout à fait pour attirer les regards sur nous.

— Petit ange, je lui fredonne à l'oreille en replaçant une mèche de cheveux qui s'est échappée de son chignon.

La jolie teinte de rose qui parsème ses joues m'arrache un imperceptible sourire que je camoufle rapidement derrière un visage neutre.

Ne pas oublier que les murs ont des yeux et des oreilles est primordiale aussi proche du Capitole. Dieu sait ce que pourrait faire le Gouverneur s'il apprenait mon rapprochement avec ces jolis yeux azur.