Lazuli - Cycle deux

8

« Lazuli, pourrais-tu m'aider à porter ces documents ?
- Bien sûr, j'arrive, Pulcinella ! »
La jeune femme s'empressa de rejoindre l'Exécuteur alors qu'il prenait une pile de documents sur la table. Il lui en remit une partie qu'elle reçut avec précautions. Il lui sourit avec bienveillance avant de remarquer :
« Merci, c'est assez compliqué à porter seul.
- De rien, c'est un plaisir de vous aider. De qui s'agit-il ?
- Ce sont les préparatifs pour le prochain discours officiel.
- Il y a tout ça ? » s'exclama-t-elle, fortement impressionnée.
Il hocha simplement la tête en réponse. Elle venait de l'aider pendant de longs quarts d'heure à tout trier, et avait vu passer de nombreux documents très divers relatifs à la gestion du pays, à l'agriculture ou encore aux sciences pionnières. Elle comprenait enfin à quoi servaient tous ces comptes-rendus, ces doléances, ces rapports sur la situation politique ou géographique. Le travail que fournissait Pulcinella pour les affaires de l'État l'impressionnait, elle le voyait généralement comme un gentil grand-père, mais elle savait qu'en tant qu'Exécuteur il était également à redouter.
« Et vous allez parler de l'intégralité de ces sujets lors de votre allocution ?
- Un bon discours se doit de prendre en compte tous les soucis de la population. Je ferai une synthèse de l'ensemble de ces questions, pour mentionner chacune, cela est nécessaire pour montrer au peuple que nous l'écoutons.
- C'est admirable.
- Je fais simplement mon travail, pour ce pays et pour la Tsarine. »
Lazuli le considérait désormais avec respect, tandis qu'il affichait un air naturel. Elle était bien placée pour savoir les efforts que requérait le statut d'Exécuteur, mais il lui arrivait encore à certaines occasions de le réaliser ainsi à nouveau. Sans plus paraître affecté, Pulcinella ajouta :
« Allons transporter ceci, maintenant.
- Je vous suis. »
Ils se dirigèrent vers la porte de la salle et la jeune femme ajouta :
« Je ne pensais pas que cela demandait tant d'ouvrage.
- C'est ainsi que se fait chaque préparation, mais c'est normal. »
Alors qu'ils arrivaient à la porte, celle-ci s'ouvrit et révéla un homme à la haute stature et aux cheveux blancs.
« Tu viens chercher des documents, Pierro ? le salua Pulcinella.
- Je dois organiser la prochaine réunion occasion publique.
- La Tsarine y fera-t-elle une apparition ?
- Je ne pense pas, sa présence n'est pas indispensable, et nous irons plus vite ainsi. »
Il posa son regard bleu froid sur Lazuli, qui inconsciemment s'était tenue plus droite. À chaque fois qu'elle le voyait, un pressentiment la poussait à se faire discrète, il en imposait et elle craignait toujours ce qu'il pouvait faire. L'air aussi sérieux que d'ordinaire, il lui dit de sa voix grave :
« Je voudrais que tu surveilles l'Impératrice, pendant cet événement. Il s'agit d'une mission de protection, et non d'espionnage, quelqu'un pourrait essayer de l'approcher en profitant du fait que tout l'attention est tournée ailleurs. Elle sera au courant qu'un personne la garde, mais tu n'auras pas à l'approcher. Je vais demander à Pantalone de te rattacher à ce service le temps que tu l'accomplisses.
- C'est un honneur, Monsieur ! »
Lazuli s'était encore redressée, les joues légèrement rouges, impressionnée par la mission que lui confiait le chef des Exécuteurs. Il avait déjà fait appel à elle quelques fois par le passé, ainsi que les autres Exécuteurs, mais ce n'était pas pour des tâches d'une telle importance. Elle sentait une énergie proche de l'adrénaline monter en elle à cette idée, et aurait à cœur de s'acquitter de celle-ci à la perfection. Sans changement d'expression, Pierro déclara :
« Je compte sur toi. »
Sur ce, il entra dans la pièce sans plus se préoccuper d'eux. Pulcinella sortit suivi de la jeune femme, qui faisait de son mieux pour contrôler l'émotion qui l'animait. Elle avait un sentiment d'exceptionnel.