Lazuli - Cycle deux

57

Elle traversait l’une des grandes salles du palais, des documents en main. Une ambiance affairée régnait, des courtisans et des gens de l’extérieur se croisaient, l’atmosphère bruissait des froissements de tissus, des pas et des échanges. Elle parvint à l’une des extrémités, remit ce qu’elle avait apporté à un serviteur et confirma quelques instructions. Alors qu’elle s’en retournait, elle se retrouva face à un visage familier. Tous deux s’arrêtèrent, surpris, et se considérèrent sans mots un instant.
« Silvio ! le salua-t-elle. Comment vas-tu ? »
Il sourit en constatant qu’elle s’était rappelé son nom. Sans hésitation, il répondit :
« Très bien, et toi, Lazuli ?
- Fort bien aussi. Je ne m’attendais pas à te voir ici, mais c’est vrai que Flavia m’avait dit que tu étais déjà venu au palais.
- Oui, en fait je travaille en tant que garde ici. »
Ce n’est qu’à ce moment qu’elle remarqua qu’il portait une tenue semblable à celle des sentinelles, mais en plus simple.
« Aujourd’hui, je suis venu seulement pour un rapport, expliqua-t-il, d’où l’uniforme légèrement différent.
- Je vois. »
D’un commun accord, ils décidèrent de se rendre dans un endroit plus calme. Ils quittèrent la salle, montèrent des escaliers, et sortirent dans un couloir moins fréquenté. Les côtés ouverts sur la moitié supérieure donnaient une jolie vue sur la capitale, l’air frais entrait et restait entre les parois de pierre. Ils allèrent s’accouder au rebord et elle reprit :
« Ta petite sœur et ton petit frère vont bien ?
- Oui, ils sont en forme comme toujours. Flavia nous parle de princesses, et Lucio même s’il est plus silencieux n’est pas en reste pour être actif. »
Lazuli sourit, attendrie, avant de demander :
« Le livre que je leur ai donné leur a plus ?
- Çà, oui, ils nous demandent tout le temps des histoires, à moi ou à nos parents, et nous sommes presque arrivés jusqu’au bout.
- J’espère que votre mère ne m’en veut plus trop d’être venue.
- Ne t’en fais pas, elle ne t’en veut pas. Elle s’est seulement inquiétée car c’était un événement un peu particulier. Mais elle voit bien que tu n’as pas de mauvaises intentions, et que les deux autres sont contents et attendent ta prochaine visite. De son côté mon père pense que c’est une chose positive qu’ils aient été remarqués par quelqu’un du palais, même s’il faut faire attention car tu as des liens avec les Fatui, mais il ne se méfie pas car tu as la réputation d’être quelqu’un de doux et de gentil.
- Merci de me faire suffisamment confiance pour me raconter ça. » répondit-elle avec un léger rougissement.
Il lui sourit pour lui dire que c’était normal, et qu’elle ne posait aucun problème. Un temps passa, puis il s’enquit pour reprendre la conversation :
« Tu travailles, aujourd’hui ?
- Un peu, et j’en profite pour me balader.
- Tu aimes te promener ? s’amusa-t-il.
- Oui, ça me permet de profiter de ce qui m’entoure et de découvrir de nouveaux endroits.
- Je comprends, personnellement je préfère me poser pour observer. »
Il laissa passer un temps puis ajouta pour plaisanter :
« … Comme un hibou. »
Elle eut un rire léger avant de commenter :
« Je préfère les chouettes. »
Il lui jeta un regard amusé et répondit :
« C’est vrai, moi aussi. Tu préfères lesquelles ?
- Celles qui ont des plumes claires, blanches et beiges.
- Je vois. Moi, ce sont les foncées, c’est peut-être pour ça que je préfère encore les oiseaux de proie.
- Je comprends, ils sont impressionnants. À moi, ils me font un peu peur, je ne sais pas trop pourquoi.
- Ils ont un côté implacable, énonça-t-il, ils fondent sur leur proie et la gardent entre leurs serres. Mais je pense qu’ils sont très nobles aussi.
- Tu as raison. »
Un silence passa, et il reprit finalement :
« Alors, quand est-ce que tu reviens ?
- Tu es sûr que ça ne dérangerait pas ?
- Ne t’en fais pas, je me charge de demander. Je te dirai, et cette fois tu pourras peut-être même voir la maison. »
Touchée, elle fit un sourire radieux et accepta :
« Avec plaisir, dans ce cas. »