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« Dottore, où est Lazuli ? »
Pantalone venait de rejoindre son collègue dans l’un des couloirs du palais. Celui-ci le considéra d’un air étonné et sourit :
« Je ne sais pas. Pourquoi cette question ?
- Cela fait trois jours qu’elle a disparu. Je l’ai envoyée en mission et je n’ai plus de nouvelles d’elle depuis, je me disais que tu savais peut-être quelque chose. »
Le scientifique comprit et son air amusé se renforça :
« Je vois. Et c’est à moi que tu es allé demander en premier.
- De tous ceux présents au palais, tu es la personne la plus susceptible de lui faire du mal.
- Mais non, voyons ! Je suis épris d’elle, jamais je ne le ferai. Tu blesserais pour une quelconque raison celle que tu aimes ? »
Pantalone passa une main sur son visage avec un soupir.
« Je l’ai déjà fait. Et je le regrette. »
Le Dottore fit un pas en arrière et rit en un bref éclat.
« Ha ! Au moins tu l’admets. »
L’autre Exécuteur lui jeta un regard noir. L’urgence de la situation le pressait, il n’avait pas le temps pour ses facéties. C’était le matin, tôt, et les rayons de lumière se déversaient sur le côté du passage. Par les grandes ouvertures les flocons entraient et venaient danser doucement jusqu’à eux. De loin, la vue de ces deux silhouettes vêtues de longs manteaux blancs pouvait sembler calme et légèrement inquiétante, mais l’ambiance étrange qui les entourait contrastait avec cet aperçu. D’un côté l’un des Exécuteurs avait l’esprit libre de tout souci et paraissait prendre l’incident à la légère, et de l’autre son confrère avait toutes les préoccupations du programme chargé de cette journée et l’incertitude de cette disparition soudaine. Il insista :
« Tu es sûr que tu ne sais rien ?
- Je t’en fais le serment, se défendit le Dottore, quel intérêt aurais-je à te la cacher ? »
Il fit une pause et prit un air de réflexion avant de reconnaître :
« Quoique, j’en aurais beaucoup en fait.
- Dottore, menaça Regrator avec une colère sombre, je te préviens que si tu lui fais quoi que ce soit tu ne t’en remettras pas. Je m’en assurerai personnellement.
- Ne t’en fais pas, ne t’en fais pas, je respecte ta demoiselle. Tiens, je vais demander à mes clones de faire attention, s’ils découvrent quoi que ce soit je te le dirai. Et puis je vais envoyer quinze ans en balade, comme elle l’appelle, cela fait longtemps que je ne l’ai pas fait sortir, et il sera ravi de la trouver. »
Son collègue le fixa un instant d’un air indéchirable avant de soupirer à nouveau.
« J’imagine que je te dois des remerciements.
- C’est naturel, nous devons nous entraider tous les deux pour la rechercher. Et j’espère que nous retrouverons vite cette pauvre enfant, je me fais du souci pour elle. »
Pantalone parut vouloir dire quelque chose, mais se ravisa. Son ami pouvait encore lire dans son regard son agacement quant à ses plaisanteries, et il ajouta :
« Inutile de m’en vouloir, je ne suis coupable de rien.
- Je sais. »
Le Neuvième Exécuteur hocha brièvement la tête avant de se détourner. Tout en s’éloignant il déclara :
« J’ai une réunion qui m’attend, tu as intérêt à demeurer tout aussi innocent jusqu’à ce que je l’aie retrouvée. »
Le Deuxième le suivit du regard, puis esquissa un sourie moqueur.
« Voilà qui est intéressant. »

Lazuli - Cycle deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant