15

14 2 2
                                    

Ils marchaient tous les deux dans les couloirs du palais, avançant d'un pas vif. Elle le suivait, vêtue de sa tenue d'agent, attentive tandis qu'il lui donnait ses instructions.
« Je voudrais que tu ailles à la banque pour moi, inspecter les factions qui y sont présentes. L'agitation a repris en récemment et avec cette réunion je ne peux pas m'assurer de la situation en ce moment.
- Bien, Regrator.
- Il faudrait aussi que tu étudies les derniers mouvements et leurs transactions. Je me chargerai de vérifier leurs comptes. »
Elle inclina la tête et il remarqua :
« Ah, nous arrivons. »
Ils tournèrent à l'angle du corridor et se retrouvèrent non loin d'une porte imposante en bois sculpté noir. Le Dottore attendait devant, ils le rejoignirent et Pantalone s'enquit :
« Alors, où en sont-ils ?
- Ça va faire deux heures qu'ils sont là-dedans, répondit son ami, les choses m'ont l'air d'avancer.
- Je vois. »
Il se tourna vers la jeune femme et ajouta :
« Avant d'y aller, peux-tu l'accompagner ? Il a besoin de consulter des documents relatifs aux dépenses de son laboratoire, et toi et moi sommes les seuls à y avoir accès.
- Entendu. acquiesça-t-elle sans montrer d'émotion particulière.
- Bien. Il est temps pour moi d'y aller. »
Le Neuvième Exécuteur s'accorda tout de même un dernier regard pour son agent avant d'ouvrir le haut battant sombre et d'entrer dans la salle. Restés seuls, les deux autres gardèrent le silence un temps. Puis le Deuxième prit la parole d'un air enjoué :
« Finalement, j'avais raison. Tu es devenue son amante. »
Lazuli fut sans réponse un moment, puis poussa un long soupir :
« Dottore, on se passera de vos commentaires.
- Mais j'avais vu juste, non ?
- Vous passez votre temps à raconter des absurdités, vous devriez cesser de dire tout ce qui vous passe par la tête.
- Je suis pourtant le plus clairvoyant de nous tous, ici. Seulement, personne n'écoute le fou à la cour, et c'est pour cela qu'il est le seul qui survit. »
Elle le considéra, déconcertée, avant de se reprendre. Elle se contenta de déclarer :
« Allons chercher ces documents. »
Ils commencèrent à marcher à une allure hâtive dans le palais, lui quelques pas en retrait d'elle. Tout en avançant il reprit :
« En tout cas, c'est toujours un plaisir de te revoir, Lazuli. Tu es également belle en robes ou en uniforme, et ton air est immanquablement ravissant.
- Je vous saurais gré d'arrêter de me présenter vos avances, Dottore, d'autant que vous savez qu'elles n'ont pas lieu d'être.
- À qui cela pose-t-il problème que je te fasse des compliments ?
- Vous le savez très bien. Et j'en ai assez de les entendre.
- Quel mal y a-t-il à louer tes charmes ?
- C'est inconvenant. »
Elle s'arrêta pour lui faire face et le regarda directement pour bien lui faire comprendre à quel point il l'agaçait. Il esquissa un sourire espiègle et elle reprit son avancée.
« Je n'y peux rien, continua-t-il, quand je vois ta beauté il est normal que je lui rende témoignage.
- Je vais finir par croire que vous cherchez à me blesser. »
Elle cessa de nouveau sa marche, cette fois-ci l'air extrêmement lassé et une ombre de tristesse au fond des yeux. Il parut un instant peiné de la voir ainsi et déclara :
« J'ai peut-être été un peu trop insistant cette fois, excuse-moi, Lazuli. Mais tu m'as envoûté, et je ne peux faire autrement que te l'exprimer. Comprends-moi, je t'en prie.
- Mon cœur ne vous appartient pas, Dottore. Et vous ne pouvez que l'affliger en agissant ainsi. »
Elle se détourna vivement, comme pour cacher son émotion. Il la considéra, la tête légèrement penchée sur le côté, silhouette solitaire vêtue de sombre dans ce palais de pierre ; il la comprenait, mais la situation était ce qu'elle était. Alors qu'elle s'éloignait, il murmura songeusement :
« Pourtant, ton baiser m'est resté sur les lèvres. »
Il reprit lui aussi sa marche pour la rejoindre.

Lazuli - Cycle deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant