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« Qui aurait cru que tu danserais aussi bien ?
- Je te retourne le compliment, Tartaglia. Mais es-tu vraiment surpris ?
- Non, en effet, Lazuli. Je te taquine.
- Dans ce cas, permets-moi de faire de même. »
Ils échangèrent un sourire. Tous deux étaient en train de valser avec éclat, au milieu d’une salle de bal illuminée. La musique s’élevait, vive et riche, et emplissait l’espace d’une atmosphère solennelle. Les ors scintillaient, comme d’habitude, les courtisans allaient et venaient, les plus beaux atours se montraient, les propos s’échangeaient de toutes sortes. C’était un bal important, et la Tsarine et tous les Exécuteurs étaient présents.
« Alors, reprit-elle, qu’as-tu pensé de tes récents voyages ?
- Je les ai trouvés fort intéressants. Je me suis bien amusé, aussi. La dernière fois, j’ai accompagné la Signora jusqu’à Liyue, et j’ai pu entretenir mes lames en chemin, j’ai apprécié.
- Cela ne m’étonne pas de toi, sourit-elle, ça doit être plaisant de pouvoir découvrir de nouvelles destinations.
- Oui, et avoir des annexes de la Banque du Nord dans plusieurs pays est bien pratique. Ça peut servir de base d’opérations, et bien évidemment de sources de fonds toujours profitables.
- Je devrais demander à Pantalone de m’envoyer à l’étranger par leur biais, ça pourrait marcher. »
Il la fit tournoyer avant de l’attirer à nouveau à lui et lui lança un coup d’œil amusé.
« Nous savons tous les deux qu’il ne te laissera pas partir, répondit-il, ou pas si facilement.
- C’est vrai, reconnut-elle en détournant légèrement le regard, je devrais revenir avec mes arguments. Mais je sais qu’il finira par accepter, il m’a dit qu’il me le promettait.
- Je peux essayer de t’aider, si tu veux. Alors, demoiselle, quel plan d’évasion pourrions-nous établir ensemble ? »
Elle eut un rire léger et observa :
« Ce serait impossible, à l’instant où il s’en rendrait compte il partirait à notre recherche et nous abattrait sur le champ.
- En effet, mais je pourrais te déguiser en membre de mon escorte et t’emmener avec moi. J’aimerais bien voir, si je te cachais comme ça, combien de temps il mettrait à te trouver.
- Probablement pas très longtemps. Remarque, ça m’amuserait moi aussi. Mais ce serait trop risqué, et je devrais me sacrifier pour sauver ta tête.
- Que de dévouement, je serais sauvé par une demoiselle en détresse. Serais-tu prête à abandonner ta liberté de quitter le pays pour un temps pour préserver ma vie ?
- Oui, je te revaudrais bien ton aide pour m’échapper en douce. Et puis ce serait dommage que ce jeune combattant talentueux soit supprimé de la surface de la terre.
- Je suis touché par tes égards. » rit-il à son tour.
La danse se termina peu après et tous deux se saluèrent puis se séparèrent. Alors que la jeune femme parcourait la salle, quelqu’un l’appela.
« Lazuli ! »
Surprise, elle se retourna et accueillit le nouvel arrivant avec un sourire.
« Comte Esrael ! Cela faisait longtemps.
- C’est vrai, vous êtes ravissante ce soir.
- Merci, votre costume vous donne de l’allure aussi. »
Elle avait revêtu une longue robe indigo et bleue aux tissus satinés qui renvoyaient des éclats sous les lustres. Ses cheveux étaient arrangés en un chignon bas mis en valeur par ses pendants d’oreilles violets, accordés au reste de ses bijoux. Il portait une tenue blanche et bleu roi, aux ornements argentés qui rehaussaient l’ensemble discrètement.
« Cela me fait plaisir de vous revoir, reprit-il, comment allez-vous depuis la dernière fois ?
- Plutôt bien, tout se passe sans encombre et je peux me consacrer tranquillement à mes occupations. Et vous ?
- De même, je n’ai pas rencontré de souci important récemment, la gestion du domaine m’a juste demandé un peu plus d’attention mais j’ai pu tout arranger.
- C’est vrai que vous avez votre domaine à administrer, tout s’y passe bien ?
- Oui, ce n’est pas très compliqué, il y a bien quelques problèmes entre les vassaux par moment, mais j’arrive toujours à les régler.
- Et vous préférez être à la capitale ?
- Oui, c’est plus intéressant. La vie à la Cour est celle qui me convient le mieux, il s’y passe toujours quelque chose. »
Elle acquiesça et lui fit un sourire de connivence. Il en parut flatté et ne parvint pas à le cacher, ce qu’elle trouva attendrissant. Tous deux continuèrent à discuter en bonne entente jusqu’à ce qu’il remarque :
« J’aperçois le Duc Tairev là-bas, je vais aller échanger avec lui. J’imagine que vous préférez ne pas m’accompagner. ajouta-t-il avec un éclat complice dans le regard.
- En effet, s’amusa-t-elle, je vais m’abstenir.
- Je vous quitte, alors.
- Je vous en prie, au plaisir de vous revoir. »
Elle lui fit une révérence et il s’inclina, avant de se détourner pour rejoindre le noble un peu plus loin. À nouveau, la jeune femme erra quelques instants à travers la foule. Elle passa devant le trône de l’Impératrice et leva les yeux vers elle, et celle-ci lui fit un signe de la main. Son cœur se réchauffa et elle monta les marches pour la rejoindre.
« Bonsoir, Lazuli, tu profites de la soirée ?
- Oui, et vous, Votre Majesté ?
- Également, l’ambiance est fort agréable et j’apprécie les occasions où je peux voir mes sujets. »
La jeune femme acquiesça avant de la complimenter :
« Vous êtes magnifique, dans cette tenue.
- Merci, toi aussi tu es très belle. »
La Tsarine était vêtue d’une robe à la jupe bouffante faite d’un tissu bleu ciel parsemé de scintillements argentés. Ses bijoux en métal fin en relevaient l’éclat discrètement, elle incarnait l’élégance. Avec un léger sourire elle reprit :
« Alors, comment se passent tes missions récemment ?
- Plutôt bien, elles sont un peu plus ardues mais je les réussis toujours. Et vos devoirs au palais ?
- Je t’avouerais être un peu fatiguée en ce moment, mais tout se déroule bien dans l’ensemble. Cette pause est la bienvenue pour nous deux, donc, même si je suis toujours en représentation, c’est plus simple ici.
- J’espère que ce n’est pas trop difficile pour vous. s’inquiéta Lazuli.
- Ne t’en fais pas, la rassura l’Impératrice, et ta sollicitude me touche. Mais ne parlons pas de ces sujets attristants, l’heure est aux réjouissances. Et si tu me racontais ce qu’ont donné tes balades dans la capitale ?
- Eh bien, je me suis fait un ami dernièrement.
- Oh, vraiment ?
- Oui, c’est totalement dû au hasard, mais j’en suis heureuse. »
Elle lui raconta comment elle avait rencontré Lucio, puis Flavia, et les visites qu’elle leur rendait régulièrement, et le temps qu’elle passait avec leur grand frère. Ils avaient davantage lié connaissance au fur et à mesure de leurs rencontres et partageaient une bonne entente.
« Il s’appelle Silvio Raven, et il est garde au palais, nous nous sommes déjà croisés ici aussi.
- Je vois, je veillerai à ce que qu’il soit bien traité, ainsi que sa famille.
- Oh, merci, Votre Majesté !
- Ce n’est rien, cela me fait plaisir d’aider les connaissances de ceux qui me sont proches, et cela me permet de faire une action désintéressée.
- Je vous admire, Votre Majesté.
- Nul besoin, dit-elle alors que ses joues rougissaient, tu es toujours si douce avec moi, j’ai l’occasion de faire quelque chose pour toi. À l’occasion, pourrais-tu me le faire rencontrer ?
- Bien sûr ! »
À ce moment, une des dames de compagnie de l’Impératrice vint la trouver pour lui dire qu’elle avait un message à lui transmettre. Sur une révérence, Lazuli se retira après avoir échangé un sourire. Quand elle retourna dans l’assemblée, elle rencontra Pantalone, le Dottore et Capitano. Un air lumineux sur ses traits, elle s’adressa au premier :
« Tu es enfin arrivé ! Nous allons pouvoir danser ensemble.
- Oui, approuva-t-il, nous pouvons y aller dès maintenant.
- Je voulais aussi t’inviter. signala le Dottore.
- Après, répondit-elle, d’abord je profite de la compagnie de Regrator.
- Je compte bien utiliser mon privilège de ses premières danses. ajouta celui-ci.
- D’accord, je vois. dit le scientifique en mimant une expression déçue.
- Moi aussi je comptais te demander, déclara Capitano en s’adressant à la jeune femme, mais après.
- Eh bien, s’amusa Pantalone, tu es celle qui danse avec les Exécuteurs. Tu es bien la seule, probablement. »
Ses joues se colorèrent légèrement, et elle rit, avant de prendre son bras pour qu’il l’emmène sur la piste.

Lazuli - Cycle deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant