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« La situation est devenue inacceptable ! »

La protestation avait résonné avec force dans la vaste salle. Le Congrès s'était à nouveau réuni, la plupart des Exécuteurs était présents, mais la Tsarine n'y assistait pas. Lazuli se tenait debout à côté de Pantalone, qui observait le cours de la séance avec attention depuis sa place. La jeune femme avait revêtu une tenue d'agent claire et sobre, elle passait presque inaperçue dans l'entourage de son maître qui portait le manteau blanc reconnaissable. Dans l'assistance, un homme s'était levé dans le camp des Tisserands et présentait leurs revendications.

« Personne n'ignore que certains de nos membres ont été éliminé sans explications, et leur nombre a augmenté de plus en plus dernièrement. Nous menons l'enquête avec toute notre énergie mais aucun résultat ne vient et ce malgré le fait que ce soient les forces impériales qui soient en charge des recherches. Ce pourquoi nous demandons plus de moyens pour retrouver l'auteur de ces meurtres, et nous requérons la peine de mort contre lui. »

Un tumulte bruyant fit suite à son réquisitoire. Une rumeur approbatrice parcourait ses rangs, tandis que la faction des Conservateurs les jaugeait et que les autres partis cherchaient quelle attitude adopter. À l'étage du haut, Pantalone et Lazuli échangèrent un regard embarrassé et amusé. Tous deux savaient pertinemment qui était derrière ces assassinats, puisque c'était le Neuvième Exécuteur qui avait envoyé l'Usurier Blanc.

« Qu'est-ce qu'on leur dit ? demanda Lazuli, un peu moins assurée que son partenaire.

- Ne t'en fais pas, lui sourit-il, j'ai la situation sous contrôle. Je vais les contenter avec des illusions, rien de plus simple. »

L'agitation gagnait en contrebas, il était temps pour lui d'intervenir. Il se leva, ce qui eut pour effet de ramener le calme, et abaissa son regard sombre vers l'assemblée de sujets. Prenant la parole d'une voix posée où se ressentait l'autorité, il affirma :

« Nous avons bien compris la nature de votre problème, et je vous assure que nous ne voulons pas laisser le peuple de sa Majesté souffrir sans agir. Je vous accorde dès maintenant une part de budget supplémentaire pour continuer votre investigation, et j'y ajoute un groupe d'agents spécialisés dont je vérifierai personnellement le travail ainsi que l'engagement, pour lequel je me porte d'ores et déjà garant. »

Il se tut et apprécia le silence craintif qui suivait sa déclaration. Seul l'homme politique était resté debout et le défiait du regard, conscient que ses promesses n'étaient qu'un cadeau piégé et ne pourraient apporter rien de bon pour eux. La confrontation dura quelques instants, il lui transmettait toute sa méfiance et sa détermination, auxquelles l'Exécuteur répondait par une expression froide et peu impressionnée. Un éclat menaçant passa sur ses lunettes et le Tisserand finit par s'assoir. Un peu en retrait, Lazuli considérait son compagnon avec admiration. Il avait réussi à leur proposer ce qu'ils voulaient, mais pourrait contrôler l'entièreté de l'enquête, et venant d'un Exécuteur ils ne pouvaient refuser. C'était l'offre parfaite, et elle espérait désormais sans craintes que la situation se règlerait bientôt sans troubles pour elle. Elle se dit que s'ils savaient que celle qui avait tué leurs membres se tenait devant eux, leur réaction serait plus énergique. Elle réprima un soupir amusé tandis que son maître reprenait place.

L'assemblée continua sans perturbations jusqu'à ce que les discussions arrivent à leur terme. Puis, on annonça la clôture et les participants se retirèrent, en commençant par la foule dans la partie d'en bas qui se vida progressivement. Alors que les Exécuteurs dans les loges en face partaient, toujours assis Pantalone leur lança un regard entendu. Ils l'avaient laissé gérer le problème, puisque c'était lui qui avait commandé ces assassinats, comme une façon de lui dire d'assumer ses missions. Tout le monde finit par être sorti et il ne resta plus que l'Exécuteur et son agent. Quand il se leva pour se préparer à s'en aller, la jeune femme lui dit :

« Merci de m'avoir défendue. Je dois dire que la perspective d'une décapitation ne m'attirait pas vraiment. »

Il se rapprocha d'elle et, un éclat amusé dans le regard plaisanta :

« Personne n'aura ton cou de cygne. Tu n'as rien à craindre, je te défends. Et ce n'est pas comme s'ils pouvaient tenter quoi que ce soit contre nous. »

Elle eut un léger rougissement et essaya de cacher son embarras en soupirant :

« Comme si c'était le moment de s'en divertir. »

Pour toute réponse, il lui sourit avec malice.

« Je ne les laisserai pas prendre ta vie, mon Ange. »

Touchée, elle lui prit la main. Il déposa un baiser sur ses doigts, puis tous deux sortirent à leur tour.

Lazuli - Cycle deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant