17. Balançoire

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Aïna
???, ???

Un jour je vous le jure je vous expliquerai comment j'ai réussi à obtenir ce carnet et ce stylo, mais pour le moment je n'étais pas prête à vous partager le prix qu'ils m'avaient couté, malgré ça je me doute que cela vous intéresse peu face à ce que j'écris à l'intérieur.

J'avais pensé, pensé et repensé au ressenti de Rayan lorsqu'il écrivait, je m'étais demandée si cela lui était libérateur, si son esprit était trop torturé et qu'il avait besoin de coucher ses pensées pour les faire taire.

J'avais donc pris la décision de faire la même chose.

Quand j'étais petite je rêvais d'un journal intime, je savais bien que je n'allais pas l'utiliser mais les enfants autour de moi parlaient sans cesse que leur journal était leur meilleur ami, moi aussi je voulais avoir un confident en qui je pouvais accorder toute ma confiance.

Le cuir sous mes doigts était doux, enfin je supposais que mon esprit prenait ce carnet comme sa bouée de sauvetage, il devait forcément le trouver parfait.

Mon stylo coincé entre mes doigts je n'arrivais pas à trouver ce que je devais écrire, la seule personne que je voyais souvent écrire parlait des atrocités qu'il avait pu commettre, mais de ma vie je n'avais commis qu'une atrocité, je ne pouvais remplir un carnet avec si peu.

L'ampoule qui m'éclairait émettait une faible lumière jaunâtre, elle m'avait effrayée mais ce n'était plus le cas, elle me permettait de discernait les pages vierges, elle m'aidait en soit.

Je pris une grande inspiration et fermais les yeux, m'autorisant pour la première fois à repenser à mon enfance, je n'en parlais pas, je faisais tout pour ne jamais y penser, la seule fois où ces images s'imposaient dans mon esprit c'était durant mes cauchemars, il était peut-être temps.

« Cher journal, c'est comme ça qu'on doit commencer un carnet n'est-ce pas ?

Je m'en excuse mais je ne compte pas le faire, c'est trop poétique pour moi, mais je vais quand même faire l'effort d'écrire dans un ordre chronologique, après tout peut-être qu'un jour après ma mort quelqu'un lira mes mots, ça lui facilitera la tâche.

Je ne me souviens que de très peu de choses s'étant passées durant mon enfance, cela arrive à tout le monde d'oublier, enfin j'espère que j'ai oublié les moments les plus heureux, parce que je ne me souviens que du malheur.

On m'a raconté qu'à ma naissance les sages femmes ont été étonnées avant d'avoir peur, d'après elles mes parents avaient refusé de me porter, enfaite ils s'en foutaient totalement de donner la vie à une gamine, en revanche ils étaient plus qu'heureux de ma naissance, étrange n'est-ce pas ?

Pour eux leur relation était devenue plus forte grâce à ça, ils avaient passé un cap mais c'était tout, ils ne comptaient pas s'occuper de l'enfant, moi, leur amour comptait bien plus que n'importe quoi.

On m'a expliqué que je pleurais beaucoup, enfin plus qu'un bébé normal, c'était pour ça que mes parents ont commencé la drogue parce que même en fermant la porte ils m'entendaient.

Bizarrement ils faisaient tout pour que les services sociaux ne m'emportent pas, ils avaient dû lire un truc qui racontait que cela allait briser leur couple, et pour rien au monde ils n'auraient risqué ça.

Je me souviens des assistants sociaux, quand il venaient j'étais vraiment heureuse, la maison changeait elle sentait le propre, mes parents cuisinaient et me faisaient des câlins, ils m'achetaient même plein de jouets c'est pour dire, jusqu'à ce qu'ils partent.

Mes parents sortaient toujours la même excuse quant à mon sous-poids, je vomissais après avoir mangé, et vous savez quoi même lorsque j'étais trop jeune pour me forcer à vomir quand les assistants sociaux étaient là je vomissais après les repas.

Love is fucking shitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant