31. Arc-en-ciel

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« Sa peau si blanche devenue un arc-en-ciel sombre »




Rayan
Villa, 10h25

Elle me regardait, de ses yeux verts s'écoulaient de nombreuses larmes que je devinais glacées, ses jambes tressautaient au rythme de sa respiration erratique, sa première main posée sur sa poitrine pour tenter de calmer son cœur s'emballant, la deuxième frottant sa cuisse bleutée.

Aïna Elhonn, je crois bien que je me souviendrai de la première photo qu'on m'avait montré d'elle pour le reste de mon existence, ce grand sourire orné de ses dents blanches, ses joues rosées par un léger coup de soleil, ses cheveux tressés, sa peau blanche comme de la neige, le meilleur l'innocence qui brillait dans ses iris.

Elle avait changé, j'avais réussi, elle était à présent entièrement mienne et elle souhaitait le rester, malgré le fait que ses dents blanches soient en ce moment-même recouvertes de sang, que sur ses joues soit imprimée l'empreinte de mes doigts, que ses cheveux soient en bataille après que j'ai pu les tirer, que sa peau soit devenue un arc-en-ciel sombre, que l'innocence ait disparu de ses iris pour laisser place au désespoir.

Je ne m'étais jamais autant énervé de ma vie en si peu de temps, du moins je ne l'avais jamais autant simulé, l'avais-je déjà simulé avant de commencer à manipuler Aïna ? Je ne le savais plus, du moins je jouais un rôle constant et je me plaisais terriblement dans cette colère créée de toutes pièces.

Je m'étais attendu à me lasser d'elle, vraiment j'avais pensé que cela ne durerait que quelques mois tout au plus mais ces « quelques mois » étaient dépassés et cela ne s'arrêtait pas, pas du tout.

Je découvrais chaque jour une nouvelle sensation avec elle, je n'éprouvais pas de plaisir en la frappant cette période était dépassée en revanche j'éprouvais un plaisir intense en la voyant ramper à mes pieds, personne ne pouvait s'imaginer ce sentiment de puissance lorsque l'on sait que nous sommes le fautif mais qu'on prend notre entière défense.

La frapper me dérangeait étrangement de plus en plus mais je me convainquais de continuer à le faire, justement de plus en plus fort, tout était devenu un prétexte pour la violenter parce que bordel quand elle pleurait car « tout est de sa faute » ça valait tout l'or du monde.

Il ne me manquait qu'une seule et unique étape de mon plan, j'avais accepté le fait que même après ça elle resterait avec moi mais je n'attendais que de finir ça, coucher avec elle et la briser une bonne fois pour toutes, j'y pensais de plus en plus souvent et cela me rendait dingue.

Le problème était que je ne pouvais pas coucher avec elle tant qu'elle était blessée, et il fallait donc que je la laisse guérir de ses blessures, donc que je laisse de côté ce sentiment de puissance infini.

-Je suis désolée, s'excusait-elle sans arrêter de pleurer.

Je sentais mon corps entier de tendre lorsque je passais mes doigts sur sa joue pour ranger une mèche de ses cheveux derrière et qu'elle se crispait, la douleur déformant ses trais si harmonieux, je n'aimais plus la faire souffrir, je n'aimais plus qu'elle souffre.

Je n'aimais plus la couleur de sa peau recouverte de bleus.
Je voulais retrouver le blanc de sa peau.

Je ne savais même pas de quoi elle s'excusait, elle le faisait si souvent pour des raisons si risibles que cela en devenait ridicule, j'avais presque envie de la secouer, de lui hurler qu'elle ne devait pas se laisser faire de cette manière mais j'en étais incapable.

Le cercle vicieux dans lequel je l'avais faite tomber j'y étais tombé et aussi, j'aimais juste qu'elle m'idolâtre le problème était que la douleur qu'elle ressentait ne durait pas aussi longtemps, je n'aimais pas la frapper, je n'aimais pas ses hurlements, je n'aimais pas ses pleurs.

Love is fucking shitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant