6. Pierres précieuses

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Aïna
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Je m'étais parfois demandée comment j'allais mourir, Nathan m'avait assurée qu'en étant aussi casanière il pariait que j'allais mourir de vieillesse, Ilona riait que je mourrai d'un cancer du poumon suite à mon addiction au tabac.

Pas une seule seconde nous nous étions doutés que j'allais mourir de cette manière.

La mort ne m'avait jamais effrayée, elle me paraissait si loin qu'en vérité je ne m'en étais jamais préoccupée, mais à présent je regrettais de n'y avoir fais plus attention.

Le temps passait lentement, peut-être rapidement ? Je n'en savais rien, je ne savais pas où je me trouvais, je ne savais pas ce que je faisais là ni ce que j'avais mérité pour me retrouver ici.

Je ne pleurais plus, peut-être ? Enfin je sentais que mes joues étaient trempées de liquide, sûrement des larmes, mais je ne me sentais pas pleurer.

Enfaite je ne sentais plus rien, à part le poids de ma peine, mes doigts comme mes orteils étaient gelés, si froids que je n'avais plus aucune sensation, mon corps fourmillait tant que ma peau n'était plus que cela, des multiples fourmis.

Je n'avais même pas fini mes études, la seule chose qui me permettait de tenir debout durant mon existence fut mes perspectives d'avenir en tant qu'infirmière.

Il n'y avait plus d'avenir pour moi.

Je me souvenais de mon dernier stage, en hôpital dans un service pédiatrique, une adolescente internée pour tentative de suicide s'était attachée à moi et m'avait promis qu'un jour lorsque je travaillerai en tant qu'infirmière dans cet hôpital elle reviendrait me voir.

Et elle serait heureuse.
Je ne pourrai donc jamais la voir heureuse.

Je me souvenais de tous les moments passés avec Nathan, étant le fils de la directrice et du directeur de mon orphelinat il était souvent présent, j'avais toujours fais des cauchemars, en particulier durant ces trois ans et lui, Nathan, mon meilleur ami, mon frère, venait dormir avec moi.

Combien de larmes avait-il séché sur mes joues ? Nous ne pourrions même pas les compter.

Je me souvenais de tous les moments passés avec Ilona, lorsque j'étais arrivée dans la ville j'avais été inscrite dans une nouvelle école, malheureusement les enfants étaient méchants et voir une petite fille qui ne parlait pas mais qui en plus n'avait pas de véritable parent c'était une bonne raison pour se moquer d'elle.

Et Ilona, elle, était la seule à m'avoir tendue la main.

Ce qui me hantait le plus n'était même pas ma situation que je savais catastrophique c'était bien le fait que je n'ai pas pu leur dire une dernière fois que je les aimais, ni même à ma famille adoptive.

J'avais fini par comprendre que ma vie n'avait pas de valeur à mes yeux, leurs existences comptaient bien plus pour moi.

On dit qu'il faut s'aimer soit avant d'aimer autrui, je me remerciais de n'avoir jamais éprouvé le moindre sentiment amoureux car je ne souhaitais même pas imaginer la relation que j'aurai pu avoir avec ma si faible estime de moi-même.

La saleté me recouvrait mais mon hygiène corporelle ne m'importait pas, ma gorge m'hurlait ma déshydratation tant elle était sèche. J'aurais aimé pouvoir voir l'état de mon corps mais je ne pouvais le faire, et pourquoi ? Car j'étais plongée dans le noir complet.

La pierre recouvrait le sol et les murs de cette pièce, du moins celui auquel j'étais adossé, je ne m'étais pas risquée à explorer cet endroit ayant bien trop peur de ce que j'allais y trouver.

Love is fucking shitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant