36. Enchaînée

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Aïna
Villa, 22h59

Rayan travaillait sur son ordinateur tandis que moi j'étais assise dans mon fauteuil, cela paraissait être comme avant pourtant tout était différent, l'amertume que j'avais ressenti ne cessait d'augmenter et j'étais en combat mental, souhaitant sortir de cette pièce pour commencer, m'éloigner de lui mais une fois encore rien ne fonctionnait.

Mon corps semblait être enchaîné à ce siège, pourtant je savais que ce n'était pas ce stupide fauteuil le problème non, celui auquel j'étais enchaînée était Rayan.

Enchaînée.

Je sentis son regard curieux sur moi alors que je raturais une énième fois la page de mon carnet, cette fois-ci je n'utilisais pas celui que j'avais obtenu en Russie, j'avais entre mes mains celui que m'avait achetée Rayan afin que je puisse spécialement y écrire des chansons.

J'avais envie et besoin d'exprimer mes pensées, quoi de mieux que de les coucher sur du papier, et puis de cette manière cela paraissait moins réel, de plus j'écrivais en anglais, comme si cela permettait à mes écrits de s'éloigner de moi.

Je relisais les mots que j'avais écris un peu au hasard, ils ne formaient pas de chanson du moins pas pour l'instant mais c'était ce qui m'était venu en premier, sûrement un jour allais-je imaginer la mélodie qui en suivait et allais la chantonner.

To accept to dive is to accept to drown :

-Hematomas covered in make-up, only we knew about them. (Des hématomes maquillés, dont nous étions les seuls à connaître l'existence.)

-My body and my heart branded with a hot iron. (Mon corps et mon cœur marqués au fer rouge.)

-I'd rather have drowned in this icy water than in your abyss. (J'aurais préféré me noyer dans cette eau glacée que de me noyer dans tes abysses.)

-It's not your fault, it's mine. (Ce n'est pas de ta faute, c'est de la mienne.)

Je sentais mon cœur se serrer à ces écris, je me sentais impuissante, complètement éprise de cet homme violent je ne pouvais m'en séparer, il était devenu mon univers, je n'avais plus rien à part lui.

Oui vous allez me dire que j'ai Nathan et Ilona, c'est vrai, mais ils ne me connaissaient même plus et c'était sûrement l'une des choses qui inconsciemment m'empêchaient de partir, si eux ne me connaissaient pas qui allait pouvoir me connaître ?

La seule personne qui me connaissait était Rayan, car c'était lui qui m'avait façonnée.

Je n'avais personne d'autre que lui.

-Si tu me frappes à nouveau Rayan je m'en irai sans jamais me retourner, dis-je d'une voix plate, sans même lever les yeux dans sa direction.

-Tu ne peux t'en aller Aïna, que je te frappe ou pas, affirmait-il sans pour autant détacher son regard de son ordinateur.

La colère monta en moi tel un volcan entrant en éruption, cela avait beau ne pas être le cas plus tôt j'étais certaine qu'à présent j'allais réussir à m'enfuir s'il dépassait à nouveau les bornes, je me relevais et me précipitais vers son bureau que je frappais de mes deux paumes, il me lança un regard mauvais.

-Je peux m'en aller si je le veux, tu n'es pas maître du monde, criais-je presque en sentant mes muscles se tendre.

-Tu dis ça pour te convaincre toi ou me convaincre moi, me demandait-il d'une voix plate, comme si ce que je faisais était parfaitement ridicule.

Love is fucking shitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant