Chapitre 64 : L'infirmerie

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Mardi 29 octobre 1996 – 02 :26 Am

Infirmerie , Camie

La pièce dans laquelle je me trouve ressemble étrangement à un placard à balais. Les murs sont étroits, et une odeur de poussière et de moisissure emplit l'air. Il fait sombre, et l'unique source de lumière provient d'une fente dans la porte, laissant filtrer un faible rayon de lumière. Une seconde personne se trouve à mes côtés, mais son visage est masqué par une cape munie d'une capuche. Son silence est oppressant.

– Je te pardonne ! cria soudain la petite fille, sa voix résonnant étrangement dans l'espace exigu. Elle laissa tomber son bras le long de son corps, désespérée.

Une lumière verte emplit brusquement la pièce, aveuglante et terrifiante. Le corps sans vie de la jeune Gryffondor git sur le sol, ses yeux ouverts, figés dans une expression de peur. Je reste figé, le cœur battant, ne comprenant pas ce que je vois. C'est seulement lorsque la capuche de l'inconnu tombe que la réalité me frappe de plein fouet.

Je me réveille en sursaut, étourdi et désorienté. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, et une sueur froide coule le long de ma colonne vertébrale. Ces rêves horribles, mettant en scène le meurtre de ma sœur, deviennent de plus en plus fréquents et réalistes. Avant que je ne puisse reprendre mes esprits, Dumbledore pénètre dans la salle à reculons. Il est vêtu d'une longue robe de chambre et coiffé d'un bonnet de nuit, une image surprenante pour un moment aussi grave. Il porte l'extrémité d'un objet long et rigide, qui semble être une statue.

Le professeur McGonagall apparaît à son tour, portant l'autre bout de la statue qu'ils déposent sur un lit à côté de moi. À cet instant, je comprends que je me trouve dans l'infirmerie du château.

– Allez chercher Madame Pomfresh, murmure Dumbledore.

Le professeur McGonagall passe devant mon lit et disparaît rapidement. Mon corps reste immobile, feignant le sommeil. Des voix lointaines parviennent à mes oreilles, et la vieille dame revient dans la salle, suivie de Madame Pomfresh qui enfile un cardigan sur sa chemise de nuit.

– Que s'est-il passé ? chuchote l'infirmière en se penchant sur son patient.

– Une nouvelle agression, répond Dumbledore. Minerva l'a trouvée dans l'escalier.

Mon estomac se contracte douloureusement. La lueur d'un rayon de lune me permet d'apercevoir la couleur de la robe de la victime.

– Oui, acquiesce le professeur McGonagall, mais... je frissonne rien que d'y penser... Si Albus n'était pas descendu à ce moment-là, nous l'aurions perdue.

Tous trois observent longuement la victime. Puis des pas se rapprochent de mon lit.

– Et pour Miss Johns, que faisons-nous ? demande Madame Pomfresh.

– Il faut que nous prévenions ses parents, Albus. Ne le voyez-vous pas, ça commence ! prononce une voix semblable à celle du professeur de métamorphose.

– Pour l'instant, nous devons vérifier nos dires. Il se peut que la malédiction n'ait pas encore débuté.

– Cette enfant est perdue et si tout ce que disent les prophéties s'avère vrai, vous ne pourrez pas la sauver... Elle finira par faire du mal à sa sœur et à toutes les personnes qui l'entourent. Il ne peut y avoir qu'une survivante...

– Minerva, je n'ai pas l'habitude de laisser un de mes élèves en proie à ses démons !

– Je ne souhaite pas abandonner Miss Johns, mais ne pensez-vous pas que son père ait avancé dans ses recherches ?

– Le professeur Trelawney m'a affirmé qu'elle se pencherait sur cette prophétie dès que les étoiles le permettront...

La voix du professeur McGonagall résonne continuellement dans ma tête. De quoi parle-t-elle ? Je ne ferais jamais de mal à ma sœur, ni à quiconque... Le monde s'écroule autour de moi. Je suis l'objet des recherches de mon père. Ma tête va exploser. J'ai l'impression que ma vie n'est qu'un mensonge. Qui suis-je ?

En quelques secondes, mon esprit divague, un voile blanc apparaît et je sombre dans un long sommeil.

Lorsque je me réveille le dimanche matin, la salle de l'infirmerie est baignée d'un soleil d'hiver étincelant. Ma tête continue de me faire mal. Je me redresse et jette un coup d'œil en direction du corps arrivé dans la nuit, mais un rideau tendu autour du lit m'empêche de voir quoi que ce soit. Voyant que je suis réveillée, Madame Pomfresh entre avec un plateau de petit déjeuner sur lequel est également posé un verre rempli d'une étrange mixture.

– Tout est en ordre, me dit-elle. Quand vous aurez fini de manger, Miss Johns, vous pourrez y aller.

– Attendez ! Comment suis-je arrivée ici ?

– Monsieur Malefoy vous a trouvée dans un couloir, évanouie. Vous ne vous souvenez de rien ?

Sans répondre, je bouge la tête de droite à gauche. Après avoir englouti une partie du plateau, je m'habille le plus vite possible et pars en direction de la volière. Il faut que je parle à mes parents immédiatement. Ma tête ressasse sans cesse les paroles entendues dans la nuit. De quoi parlaient-ils ? Je traverse le château silencieux et j'arrive finalement à la volière, située au sommet de la tour ouest.

La pièce est circulaire, aux murs de pierre, plutôt froide et traversée de courants d'air, car aucune de ses fenêtres n'a de carreaux. Le sol est entièrement recouvert de paille, de fientes de hibou et de squelettes de souris ou de campagnol régurgités. Des centaines de hiboux et de chouettes de toutes espèces se tiennent sur des perchoirs qui s'élèvent jusqu'au sommet de la tour. Tous sont endormis, mais parfois, un œil rond, couleur d'ambre, me lance un regard courroucé.

En passant le pas de la porte, je trébuche maladroitement et tombe sur le sol de la pièce.

– Tu ne peux pas faire attention !

Le blond se tient devant moi, droit comme un piquet.

– Je... je suis désolé...

Sans pouvoir finir ma phrase, je m'empresse de le contourner pour éviter qu'il remarque ma panique. Mais au même instant, une main agrippe mon poignet et me contraint à me retourner.

– Tout va bien ?

Il me regarde profondément et essaye de lire dans mes yeux. Sans que je ne puisse me contrôler, j'enfonce mon visage contre sa veste. Ses bras se referment maladroitement sur mon dos. Je n'arrive pas à calmer mes pleurs. Son visage vient se coller contre mon front et son étreinte devient de plus en plus puissante. Nous ne disons pas un mot. Je n'entends que les battements de son cœur à travers ses vêtements.

Sans m'en rendre compte, mon corps perd peu à peu de ses forces, mon esprit divague de nouveau et le voile blanc refait son apparition.

Pour toujours et à jamais ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant