500 ans avant notre ère.
Les habitants de Shapinsay l'avaient toujours surnommée la « Cursed Island », même si personne n'y avait habité depuis de nombreuses années. L'île, nichée au fond de la baie, arborait une forme triangulaire et était étonnamment plate pour un environnement si rocailleux. À sa pointe sud, seule une modeste habitation subsistait, le phare solitaire. En réalité, plus aucune trace de vie n'avait été détectée depuis plus de dix ans. Les raisons en étaient évidentes : les rochers et les récifs la rendaient inaccessible à tout amarrage, tandis qu'un épais brouillard avait enveloppé l'archipel depuis des années, ne faisant que renforcer les légendes et récits effrayants qui circulaient à son sujet.
Un jour de juillet 1493, à l'heure du marché, un homme encapuchonné fit son apparition dans le village côtier. Vêtu de noir et portant un bâton orné d'un nœud à son sommet, il suscita l'interrogation des villageois qui n'avaient pas vu d'étrangers depuis des années. Frederick Balfour, le fils du duc possédant ces terres, s'avança pour se présenter et dissiper la curiosité grandissante parmi les villageois.
- Bonjour, étranger, en quoi pouvons-nous vous être utiles ?
L'homme resta impassible, ne prononçant aucun mot.
- Pardonnez-moi, je m'appelle Frederick Balfour, fils du duc de Balfour et neveu du roi, ajouta-t-il en imitant une révérence maladroite. Et vous, quel est votre nom ?
L'interlocuteur ne laissa échapper aucun son. Plusieurs chuchotements s'élevèrent parmi la foule, qui était surprise par le comportement de cet étranger.
- Ne possédez-vous pas de langue, cher ami ? lança le jeune homme, agacé. L'ensemble de la population environnante éclata de rire, sous le regard amusé du jeune duc.
Puis, soudainement, l'inconnu vêtu de noir fit volte-face et se dirigea vers le port du village.
- Ce village est sous mon autorité, et personne n'entre ou ne sort sans ma permission ! s'exclama Balfour en direction de l'arrivant mystérieux.
L'étranger se retourna, cracha au sol, puis poursuivit son chemin.
- GARDE ! ARRÊTEZ-LE ! Nous l'emmènerons au château pour vérifier s'il a perdu la parole !
En un instant, plusieurs hommes armés s'avancèrent vers l'accusé. Celui-ci abaissa sa capuche et se retourna pour faire face à son adversaire. À la vue de son visage, la foule fit un pas en arrière. Une chevelure d'un blanc immaculé tombait jusqu'au milieu de son dos. Son visage était marqué de nombreuses cicatrices, mettant en lumière des yeux d'un bleu saphir. Sa bouche s'ouvrit largement, immobilisant tous ses assaillants.
- Octopulco, murmura-t-il en frappant son bâton au sol. Tous les gardes autour de lui furent soulevés comme s'ils étaient retenus par des mains invisibles. Le village tout entier prit feu, et les habitants, témoins de la scène, prirent la fuite. Le fils du duc, quant à lui, resta figé sur place, immobilisé par une force inconnue.
- Que voulez-vous ? gémit-il dans un dernier souffle.
- Tu vas me conduire sur cette île ! Si tu ne m'y escortes pas, je tuerai tous les habitants de ce village ! La voix de l'étranger était grave. Il leva le bras en direction de son otage, l'avançant immédiatement de quelques mètres devant lui.
- Cette île est maudite ! Nous ne pouvons l'aborder, les courants sont bien trop forts ! Nous périrons noyés !
L'inconnu tourna la main, resserrant une nouvelle fois le cou du duc.
- D'accord, d'accord, je le ferai ! Mais relâchez mes gardes ! parvint-il à dire dans un dernier soupir.
Le visage de l'assaillant s'étira en un sourire narquois. Après avoir lâché prise sur le jeune homme, il se retourna et lui ordonna de le suivre.
- Et mes hommes ? hurla de nouveau le duc.
D'un geste de la main, le cou de chacun des prisonniers se brisa, laissant derrière eux leurs cadavres jonchant la place désormais silencieuse. Une chaîne et un bâillon s'enroulèrent autour de lui, le menant maintenant vers une aventure inconnue.
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Pour toujours et à jamais ...
Hayran KurguJe n'ai jamais beaucoup réfléchi à la manière dont je pourrais mourir même si, ces derniers mois, j'aurai eu toutes les raisons d'y penser. Mais je pense que de toute les façon possible et imaginable, celle-ci ne serait que la meilleure. Haletante j...